En stage à Calpe (Espagne) avec sa formation Deceuninck-Quick Step, Rémi Cavagna a eu l'occasion de tirer les grandes lignes d'une saison 2020 qui le verra débuter au Tour de Valence avant d’enchaîner avec le Tour de Provence jusqu'à Paris-Nice son premier objectif de la saison. Il sera alors temps de penser à la suite et notamment au Tour de France qui tient très à cœur au clermontois puisque la grande boucle fera justement étape à Clermont-Ferrand.
Quel bilan faites-vous de cette saison 2019 ?
C'est encore une année ou j'ai progressé. J'ai commencé doucement pour finir bien. Ça fait plaisir et il faut continuer comme ça. Je sens d'ailleurs que cette année qui vient je vais encore monter d'un cran. Je suis resté plus d'un mois et une semaine sans faire de sport. Puis j'ai repris. Même si la reprise fut difficile, je suis très content du niveau de forme que j'ai eu sur ce deuxième stage. Je me sens mieux que l'an dernier, donc je suis confiant.
Peut-on avoir une idée de votre programme pour 2020 ?
Je vais débuter sur le Tour de Valence, puis j'enchaînerai avec le Tour de Provence avant de faire les Classiques Drôme et Ardèche. Puis Paris-Nice normalement.
Un grand Tour est-il au programme ?
J'aimerais bien faire le Tour de France. Je suis dans la présélection, il faut désormais attendre la décision finale.
Vous avez impressionné l'an dernier sur vos deux victoires d'étapes à la Vuelta et au Tour de Californie. Laquelle est la plus belle ?
Si on regarde la façon dont j'ai gagné sur le Tour de Californie (il était parti seul à plus de cent kilomètres de l'arrivée), on peut dire que c'est la plus belle. Mais je dirais plutôt la Vuelta car tout cycliste rêve de gagner un jour une étape sur un Grand Tour. Ça me tenait à cœur.
Une course vous laisse des regrets ?
Le Championnat de France de CLM où j'ai fait 5ème et mon absence aux Championnats du Monde CLM. J'aurais aimé y participer. Après, j'ai un rôle où je roule beaucoup pour l'équipe, donc je ne suis pas libre à cent pour cent. Quand j'ai un peu ma chance je la saisis et c'est bien. J'espère avoir encore plus de chances cette année pour gagner plus.
Un mot justement sur cette effectif Deceuninck-Quick Step 2020 qui a quelque peu changé. Comme chaque année, des coureurs importants comme Elia Viviani ou Philippe Gilbert sont partis. Cela n'a pas semblé trop poser problème ces dernières saisons. Ce sera encore le cas cette année ?
Je pense que ce sera un peu différent. Il y a eu beaucoup de changement, encore plus que d'habitude. Il y a beaucoup de jeunes coureurs qui vont devoir s'adapter. Je pense qu'il faudra s'attendre à beaucoup moins de victoires. Après, on va gagner quand-même. On est une équipe soudée qui a faim de victoires donc forcément on va gagner. Mais de là à dire qu'on va être aussi performant, on verra. C'est l'avenir qui nous le dira. J'espère, mais ça me semble difficile.
Vous évoquiez ces jeunes coureurs qui vous ont rejoint. Certains vous ont tapé dans l'oeil ?
Ils sont tous très forts, après je ne les connais pas tous personnellement encore. Ce sont de bonnes recrues qui auront un rôle d'équipier au début et qui vont grandir petit à petit. Comme tout le monde : ce fut mon cas, même Julian (Alaphilippe) est passé par là.
Quels sont vos objectifs pour 2020 ?
Sur la première partie de la saison j'aimerais être en forme sur Paris-Nice. Après il y a l'enchaînement Dauphiné, Championnats de France qui me tient à cœur. Puis le Tour de France si j'y participe. Cette année c'est très important pour moi puisqu'il y a une étape qui part de chez moi à Clermont-Ferrand et une autre à côté où je connais les routes par cœur. Vraiment, c'est un beau Tour de France pour moi et j'aimerais vraiment y prendre part et gagner une étape.
Les JO à Tokyo. Trop compliqué ?
C'est vrai que la course est très difficile. Puis il n'y a que cinq sélectionnés si je ne me trompe pas et celui qui prend part au CLM doit faire aussi la course en ligne. Je ne sais pas ce que choisira le sélectionneur, peut-être que j'aurai une chance et ce serait bien. Mais ce n'est pas dans ma tête pour l'instant au contraire des Championnats du Monde CLM où j'aimerais bien performer.
Un mot sur votre coéquipier Remco Evenepoel qui a défrayé la chronique cette saison. Avez-vous été surpris par son adaptation ?
Il est impressionnant. C'est un coureur très sérieux qui a des objectifs et qui « en veut » comme on dit. Il s'entraîne énormément et il ne doit ses résultats qu'à son travail. J'espère pour lui qu'il va continuer à gagner de la sorte. C'est un super coureur déjà maintenant, il faut voir désormais son évolution sans lui mettre trop de pression.
Un autre coureur a impressionné en 2019 c'est Julian Alaphilippe...
C'est un coureur offensif et ça plait au public. C'est un champion, mais quelqu'un de très simple et qui ne change pas. C'est beau de voir que malgré tous ces succès il reste le même. Chaque année il passe un palier et ce n'est pas fini car je pense qu'il va gagner encore de belles courses.
Il a prolongé cette automne chez Deceuninck-Quick Step pour deux années supplémentaires. Tout comme vous. Vous vous y sentez-bien ?
Oui, je vois que chaque année je passe des gros paliers donc je continue. Changer d'équipe ce serait changer de vélo, de directeur sportif, d'effectif ce serait difficile. Il faudrait un temps d’adaptation. Peut-être que ça marcherait, mais peut-être que non. Je joue pour l'instant la sécurité, je suis bien. Je m'entends super bien avec tout le monde donc il n'y a pas de raison de changer. Peut-être que dans trois ou quatre ans je penserai différemment et que j'aurais envie d'aller voir ailleurs. Je ne sais pas.
Peut-on justement un jour vous voir évoluer au sein d'une équipe française ?
Oui, c'est possible. Mais pour l'instant ce n'est pas à l'ordre du jour.
Propos recueillis par Alexandre Paillou