Bonjour Dmitriy, peux-tu tout d’abord dresser un bilan global de la saison 2018 d’Astana ?
Bonjour, on va dire très bien, car la saison idéale ça n’existe pas. Légèrement raté avec Jakob sur le Tour. Pour le reste nous avons remporté 33 succès, même 34, car on ne comprend pas pourquoi la victoire de Moreno Moser au Laigueglia n’est pas comptabilisée (victoire sous le maillot de l'équipe italienne). Nous récoltons également 91 podiums, ce qui signifie que nous étions souvent présents pour la gagne, même si il y a des choses à travailler et à améliorer. On a gagné avec beaucoup de coureurs différents, et sur des belles courses. Les changements qui ont été effectués il y a deux-trois ans rapportent leur fruits. Lopez a confirmé avec deux podiums sur des Grands Tours. Bilbao a fait un excellent Giro. On a 7 victoires kazakhes également, ce qui est important pour l’équipe.
Parmi les satisfactions, on note Michael Valgren, impressionnant lors des courses d’un jour, on est par ailleurs surpris de le voir quitter l’équipe, comment expliquer ce départ dans une équipe moins forte que la votre ?
C’est toujours une question compliquée le renouvellement des contrats.Les finances, objectifs personnels, promesses, etc... On a effectué du très bon travail avec Valgren pendant deux ans, et il part en bon termes avec Astana. Peut-être qu’il reviendra un jour au sein de l’effectif, on ne sait jamais.
Il y a eu Landa, Aru et désormais Valgren, on a l’impression que tous les ans un coureur majeur quitte l’équipe, est-ce devenu trop compliqué de rivaliser financièrement face aux grosses équipes comme Sky ou UAE ?
Je ne peux pas vous dire que nous sommes une petite équipe, mais si un coureur demande 10 millions, ce n’est pas parce que tu les as dans les poches que tu vas les donner. Il faut être raisonnable, chacun à sa valeur, et on ne peut pas jeter l’argent par les fenêtres. Après ça dépend de la stratégie de chacun, certains sont prêts à mettre beaucoup sur un coureur pour enrayer une baisse des résultats sportifs. De notre côté, on fait plutôt le choix de miser sur les jeunes, de bien les former et de les faire progresser. On préfère cela à l’idée de se jeter à corps perdu dans la bataille et signer un coureur pour n’importe quel prix. Il faut aussi réfléchir à la cohésion d’équipe, on peut se payer tous les leaders du monde, mais seront-ils pour autant capable de travailler ensemble ? Au final, c’est ça le plus important. Une chose est sur, il faut travailler un système des transferts près d’UCI, pour arrêter la spéculation autour de cela.
Un mot sur le recrutement si tu le veux bien, qu’est-ce qui vous a amener à recruter les frères Izagirre, quel sera leur rôle l’an prochain au sein de l’équipe ?
On a remarqué qu’il nous manquait un peu de soutien pour Lopez et Fuglsang en montagne, et c’est une bonne chose de pouvoir recruter deux coureurs de leur classe, qui en plus peuvent briller sur des courses World-Tour d’une semaine. Ils sont capables de gagner aussi, Catalogne, Pays Basque ou même Paris-Nice, ils sont passés juste à côté cette année. Je pence que l'on pourra les aider à progresser et faire du bon travail ensemble.
Vous avez également recruté un très grand espoir italien, quelles sont les attentes l’an prochain pour Ballerini ?
Ballerini est un jeune sprinter, et un gars qui va vite, c’est toujours bien pour une équipe. On va essayer de le mettre dans de bonnes dispositions pour les classiques également, en soutien ou dans un rôle de co-leader avec Magnus Cort. Comme ce n’est pas un pur sprinter, il est également capable de donner un coup de à Cort Nielsen justement, ou encore à Lutsenko.
C'est comme cela que l'on voit les choses chez nous, donner souvent aux jeunes la chance de gagner en leur laissant un peu de liberté à certaines occasions.
Pour finir un mot sur les nouvelles règles en vigueur la saison prochaine, tout d’abord l’interdiction du tramadol et des corticoïdes, quelle est ton opinion sur le sujet ?
L’UCI a décidé de finalement valider ces décisions. Très bien, une organisation importante comme l'UCI, devrait donné les mêmes règles à tout le monde, comme çà c’est clair et net. Sans avoir différents groupes à droite ou à gauche. Concernant le tramadol, certains s’amusaient avec ça, mais cela dépend essentiellement de la politique de l’équipe. Nous chez Astana, on respecte cette décision et nos coureurs étaient toujours corrects par rapport à cela, les médecins de l’équipe font bien leur travail tout en respectant les règles.
On a également entendu Christian Prudhomme plaider pour la fin des SRM, qu’en penses-tu ?
Le vélo est un sport professionnel et non amateurs. Tout est calculé désormais et je ne pense pas que ça aille dans le sens du gros investissement des équipes, et je ne pense pas que beaucoup de formations soient d’accord avec l’idée de perdre une course, car certains paramètres n’ont pas pu être analysés. Ceci dit l’idée en elle-même me plaît, ça peut être intéressant mais c’est difficile à mettre en place, et il faut comprendre que notre sport est pro, ou alors à ce moment là, on met un boyau autour du cou des coureurs comme à une époque lointaine, et on part pour une belle aventure (rires). Plus sérieusement, comme je le disais, tout est calculé au millimètre, un peu comme en Formule 1 et c’est compliqué de revenir en arrière. C’est peut-être pas très beau à regarder parfois, et il faudrait certainement faire un effort dans la retransmission pour expliquer tous les détails qui se cachent derrière tout ça.
Propos recueillis par Mylène Terme