Avant de passer au bilan de l’année de Direct Energie, un mot sur le retraite de Thomas Voeckler, comment cela pèse t-il autant sportivement qu’en terme de leadership au sein de Direct Energie ?
Le retrait de Thomas était programmé depuis un moment, et la transition s’est faite gentiment, notamment avec Bryan et Lilian. C’est une page qui se tourne, et Thomas a porté énormément l’équipe, mais Lilian est sur la bonne voie pour lui succéder.
L’année a par ailleurs, si on peut le dire comme cela, été mouvementée puisque le départ de Bryan Coquard ne s’est pas fait dans les meilleurs termes, comment as-tu vécu cet épisode ?
Bryan a décidé de quitter l’équipe pour un nouveau projet. Personnellement, j’ai passé de belles années avec Bryan Coquard, et c’est son choix de ne pas avoir voulu prolonger l’aventure avec Direct Energie. Ce n’est pas dramatique, mais c’est pour cela que l’on ne l’a pas mis sur le Tour de France sachant qu’il nous quittait. On a donc décidé de toustmiser sur les baroudeurs, notamment autour de Lilian, et ça nous a bien réussi.
Quand on voit qu’il a été empêché de courir en fin d’année, est-ce que en dehors de son cas, on ne se dit pas que finalement les transferts ont lieu trop tôt dans la saison, et que lorsqu’un gros départ se passe mal, ça paralyse pas mal la vie d’un groupe ?
On ne l’a pas empêché de courir en fin de saison, simplement le problème que l’on a eu, c’est que nous n’avons pas été retenus pour la Vuelta. Par conséquent, c’était très dur de faire courir nos 23 coureurs au mois de septembre, donc on a juste privilégié ceux qui restaient dans l’équipe en 2018, et c’est pour cela que Bryan a stoppé sa saison début septembre.
Revenons au sportif si tu le souhaites, la révélation de l’année, c’est Lilian Calmejane, impressionnant tout au long de l’année, et victorieux d’une très belle étape sur le tour. Le voyais-tu capable d’afficher un si bon niveau, capable déjà de remporter de belles courses par étapes ?
Il s’est déjà très vite adapté lors de sa première année, et il me fait penser à Thomas dans son esprit en course. C’est un attaquant qui ne va pas calculer ses efforts, et n’hésitera pas à attaquer de loin. De plus il a été présent toute l’année, de Bessèges au Lombardie, et on voit qu’il n’y a pas que le Tour de France qui compte pour lui. Franchement, il a réalisé une superbe saison, avec des succès lors de courses par étapes, mais aussi la victoire au Tour de France.
On a encore du mal à le situer en terme de profil, quel serait-il selon toi ?
Je pense qu’il devrait déjà avoir un plus gros palmarès que Thomas Voeckler, en tout cas je lui souhaite. L’avantage qu’il a, c’est qu’il roule bien, qu’il se débrouille au sprint, et qu’il est encore loin d’avoir atteint sa limite en montagne, même si il a déjà remporté une belle étape lors de la Vuelta 2016, devant de bons grimpeurs comme Pierre Rolland.
L’an prochain, il sera le leader de votre équipe, quelles seront les ambitions le concernant ?
Si il fait une aussi belle saison que cette année, ce sera déjà bien pour l’équipe. Il a pris une autre dimension au sein de Direct Energie, et il sera notre leader l’an prochain, même si tout ne tournera pas autour de lui en 2018, car on a aussi une belle équipe, capable de gagner sur tous les terrains.
Puisque l’on évoque la saison prochaine, l’équipe a recruté Rein Taaramae, peux-tu nous expliquer ce qui vous a conduit à vous porter sur lui ? Quel sera son rôle au sein de l’équipe ?
C’est un coureur d’expérience qui a connu de nombreuses formations World-Tour. Revenir en Conti-Pro peut le relancer, et je pense qu’il va surprendre et se faire plaisir chez nous. De notre côté on l’attend dès que la route s’élève, et ce sera un gros renfort pour l’équipe à ce niveau-là, que ce soit pour jouer sa carte ou pour épauler Lilian.
Vous allez aussi retrouver Damien Gaudin, qu’est-ce qui vous a convaincu de lui redonner sa chance ?
Je pense que Damien a réalisé une super année 2017, et qu’il mérite largement de revenir en Conti-Pro. Il a un gros potentiel, et nous sommes heureux de le retrouver. C’est un bon baroudeur, un des meilleurs spécialistes mondial du prologue, franchement c’est une belle recrue, et on est content qu’il revienne.
Cet été, vous avez aussi intégré à l’équipe l’un des plus grands espoirs français, Mathieu Burgaudeau, comment s’est passé son stage ?
Il a fait quelques courses avec nous en tant que stagiaire, et il ne s’est pas trop mal débrouillé, notamment sur le Tour de l’Ain où je l’ai côtoyé. Il faut lui laisser le temps de progresser, et on le reverra vite dans les pelotons.
Quand on voit l’exemple de Pavel Sivakov qui rejoint Sky, n’est-ce pas également un risque de le voir partir ailleurs en 2019 ?
Non, je ne pense pas, car tous les coureurs du Vendée U passent naturellement avec Jean-René chez les pros. Il n’y a eu qu’une seule exception à cela, c’est Pierre-Henri Lecuisinier qui était parti à la FDJ. On n’a pas trop de soucis à se faire à ce niveau-là.
Cette question nous amène à un sujet qui fait débat en ce moment, et qui vous concerne également avec le Vendée U, les indemnités de formation pour les clubs qui façonnent de jeunes talents, quel est ton avis sur le sujet ?
Il faudrait faire comme au foot (rires). C’est dommage que des clubs forment des coureurs, de très bons coureurs, et qu’au dernier moment, ils se les fassent piquer, et je serais donc pour une indemnité de ce genre. Je ne suis pas juriste, mais pourquoi pas faire signer un pré-contrat, par exemple.
Propos recueillis par Mylène Terme