[Fiche Conseil] : Plus de plaisir ? Choisissez une bonne position !
Le plus souvent, dans le choix de leur matériel, les cyclistes en général se montrent extrêmement pointus pour choisir leur cadre, leurs roues ou encore leurs périphériques. Ils montent ensuite sur leur machine et partent pédaler. Parfois, ils ont pris la peine de reporter la hauteur de selle qu’ils se connaissent… Mais est-ce la meilleure pour eux ? Les autres mesures ne sont-elles pas aussi importantes ?
Pourquoi passer à côté de réglages qui peuvent apporter efficacité et confort tout en évitant les pathologies ?
Prenons l’exemple de 2 cyclistes mesurant 1m75, l’un étant professionnel et l’autre possédant une surcharge pondérale importante tout en avouant 5000km/an. Vont-ils se placer de la même façon ? La réponse est bien évidemment non. Bien sûr certains calculs empiriques peuvent donner la hauteur de selle en fonction de l’entrejambe. Mais quid des autres paramètres ?
Des erreurs fréquentes
En suivant certaines conversations de peloton, on peut régulièrement entendre qu’un cycliste qui se trouve trop allongé aurait intérêt à avancer sa selle sur le chariot, jusqu’à plusieurs centimètres ! Or, il ne faut surtout pas oublier que dans ces conditions c’est surtout le recul de selle qui serait totalement modifié… Par conséquent, toute la chaîne musculaire intervenant dans la phase de poussée sur la pédale s’en trouverait changée. Imaginez alors que pour ce changement, anodin pour certains, c’est toute la technique de pédalage qu’il faudrait revoir. Alors qu’il est nécessaire de travailler de longues heures à l’entraînement pour améliorer son coup de pédale, tous ces efforts peuvent être réduits ou ramenés à néant par cette nouvelle position. En effet, l’organisme aurait besoin d’un temps d’adaptation pour « s'accoutumer », sans oublier que cette nouvelle façon de pédaler pourrait bien se révéler à terme moins efficace !
Bref, n’oubliez pas que la position à vélo est un ensemble et que toute modification en entraîne une autre et doit par conséquent être particulièrement réfléchie.
En réalité, il s’agit donc d’adapter le vélo au cycliste et non l’inverse ! Si cette phrase paraît évidente, dans les faits elle l’est beaucoup moins et nombre de cyclistes modifient leur position en se disant « je m’y ferai bien… ». Certains ont même intégré la douleur sur un vélo, prétendant que « c’est normal ».
Les cotes du vélo
De nombreux cyclistes ont tendance à parler des cotes de leur vélo en donnant seulement la hauteur de leur cadre et sa longueur.
Pourtant la hauteur d’un cadre est devenue complètement obsolète depuis l’apparition des cadres sloping, tandis que connaître la longueur d’un cadre est notoirement insuffisant dans la mesure où l’on ne connaît pas son recul !
En effet, entre 2 cadres de 565mm de long mais offrant des angles de selle de 72,5 et 74°, l’allongement réel pour celui qui a besoin d’un cadre à 73,5° sera très différent. Dans un cas il devra choisir une tige de selle avec recul et dans l’autre une tige de selle droite sera certainement nécessaire. L’allongement du cycliste sera en conséquence notablement différent. Pour retrouver le même dans les 2 cas, il faudra adopter des potences différentes, avec peut-être 1 voire 2cm d’écart !
Pour résumer, pour deux cadres de même longueur il faut parfois changer de potence pour retrouver sa position !
Et pour toutes ces raisons, certains cadres de marque peuvent ne pas convenir, tout simplement parce qu’ils vous obligeraient - pour vous positionner correctement - à installer sur votre vélo une potence démesurément longue ou une tige de selle hors normes.
Ainsi, pour déterminer sa position dans sa globalité, le cycliste doit prendre en compte 6 mesures principales, à savoir :
-longueur des manivelles
-hauteur de selle
-recul de selle
-distance à l’horizontale selle-cintre
-écart de hauteur selle-cintre
-largeur du cintre
Sans oublier le réglage des cales sous les chaussures, qu’il ne faut pas négliger.
« Vos cotes »
Encore une fois, alors que l’entrejambe est bien souvent la seule mesure effectuée, d’autres longueurs vont influencer votre placement sur le vélo, telles que la longueur du haut de la jambe (jusqu’au genou), du bas de la jambe (depuis le genou), le tronc, les bras ou encore la largeur d’épaule. Ainsi, positionner un cycliste est plus complexe qu’il n’y paraît…
Pourquoi ?
La recherche d’une bonne position sur le vélo est impliquée dans de multiples aspects de la pratique cycliste.
Il s’agira pour certains d’obtenir la meilleure performance possible. Une plus grande puissance développée passe par une augmentation du couple Force * Vélocité. Ces 2 paramètres seront optimisés seulement si le cycliste est posé de façon à être capable de tourner les jambes aussi bien à 120tr/min qu’à 50, et ce avec la même fluidité. De même, une bonne position est génératrice d’aérodynamisme. Précisons ici que ce n’est pas toujours en abaissant le poste de pilotage au maximum que la pénétration dans l’air sera meilleure : si le cycliste n’est pas capable de mettre les mains en bas du guidon la résistance au vent sera augmentée. Au contraire, avec un cintre à la bonne hauteur, la position « mains en bas » sera facilement tolérée, ce qui améliorera l’effet aérodynamique. En restant dans le domaine dynamique, sachez que le comportement en descente et/ou en virages sera impeccable si la répartition des masses est correcte : si vous êtes obligé d’adopter une potence très longue ou une tige de selle à fort recul pour « rattraper » de mauvaises cotes sur le cadre, il y a fort à parier que vous ne soyez pas à l’aise pour négocier les pentes négatives…
Sur le plan du confort, ce qui intéresse particulièrement les cyclosportifs (plus que les « coursiers ») qui, par essence, passent de nombreuses heures sur la selle, le choix d’une bonne position est crucial. Si vous terminez une épreuve sans souffrir de douleurs autres que musculaires au niveau des jambes, vous saurez que rien n’est venu contrarier votre performance. C’est ici que se rejoignent efficacité et confort… car sans le 2ème, sur les longues distances, le 1er paramètre diminue franchement.
Enfin, au delà de la notion de confort, si vous pédalez avec des contraintes musculaires ou tendineuses, le risque de blessure plus ou moins grave est latent, ce qui vous obligerait à stopper votre activité préférée durant un laps de temps plus ou moins grand ! Parmi les blessures possibles citons les tendinites (rotulienne, du quadriceps, de la patte d’oie), des douleurs inhabituelles (quadriceps, mollets, cervicales, talon d’Achille…), des brûlures aux pieds au encore des indurations du périnée. Sachez que bien souvent, ces pathologies trouvent leur origine dans un choix de matériel ou de position inadéquats. Les causes sont également aussi multiples qu’une selle trop haute (ou trop basse), trop ou pas assez inclinée, des manivelles trop longues, des cales mal orientées ou trop engagées, un allongement trop important, un cintre trop large etc.
Finalement, et l’étude posturale ?
Après avoir détaillé l’ensemble des paramètres qui « font » une bonne position sur le vélo, la tentation est grande d’adopter un vélo sur mesure. Nec plus ultra pour certains, inutile pour d’autres, la méthode permet en tout cas d’avoir un vélo unique. Notre réponse serait plutôt de dire que si vous n’arrivez pas à trouver de cadre dont la géométrie ne vous convienne pas sans être obligé de passer par des périphériques (potence, tige de selle) ni par un empilement de bagues, le choix du sur mesure s’impose à coup sûr.
En ce qui concerne l’étude posturale, elle est certainement un gros atout dans la mesure où elle va tout d’abord « rassurer » ceux qui sont déjà bien posés. Pour tous les autres, efficacité, confort et santé seront bien souvent améliorés. Et tout cela, dans des proportions nettement plus importantes que le fait de passer d’un vélo de 7kg à celui de 6 !
Reste à choisir parmi l’offre disponible sur le marché. Si vous en avez la possibilité, nous ne saurions trop vous conseiller de faire 2 études. Si vous obtenez le même résultat, c’est certainement vers cette position qu’il faut tendre. Mais si les mesures sont plus éloignées, amorcez un dialogue avec les personnes qui ont pratiqué l’étude pour savoir si leurs cotes sont « figées » ou pas. De même, vous pouvez aussi évoquer vos anciennes mesures, celles qui concernent votre vélo précédent. Quoiqu’il en soit, les bénéfices escomptés valent bien un peu de réflexion sur votre pratique et votre position ! De même, que représente le coût d’une étude par rapport à une paire de roues à plusieurs centaines d’euros voire bien plus ? C’est aussi votre plaisir qui passe par là…