Jeune footballeur de talent, Remco Evenepoel a quitté les terrains l'an passé pour se consacrer au cyclisme, non pas sans réussite, puisque depuis ses débuts, le jeune coureur belge de 18 ans a bluffé les observateurs, et déjà signé un contrat au sein de la prestigieuse structure Hagens Berman Axeon en vue de la saison 2019.
Bonjour Remco, peux-tu tout d’abord te présenter à nos lecteurs ?
Bonjour à tous, je m’appelle Remco Evenepoel, j’ai 18 ans, et je vis en Belgique à Bruxelles.
Tu as débuté le sport très jeune par le football, en passant notamment par Anderlecht et le PSV Eindhoven, que peux-tu nous dire de cette période ?
J’ai débuté le foot lorsque j’avais 4 ans. Au début je jouais en tant que gardien, puis je suis devenu joueur de champ. J’ai commencé à Anderlecht, puis je suis allé au PSV pour 3 saisons, et ensuite je suis revenu au RSCA car ma mère est tombé malade. C'est pourquoi je suis revenu en Belgique, car je ne la voyais quasiment jamais, et cela à donc été un choix facile à effectuer.
Après avoir vécu quelques problèmes avec Anderlecht, tu as décidé d’arrêter le foot et de passer au vélo, comme s’est fait ce choix ?
J’ai toujours aimé le vélo. Je regardais toujours à la télévision les grandes courses par étapes et les classiques. Je connaissais donc pas mal le cyclisme, même si je n’étais jamais vraiment beaucoup monté sur un vélo avant de commencer ce nouveau sport. Mon père a été également un cycliste pro pendant 4 ans, et il a gagné 6 courses dont le Grand Prix de Wallonie, du coup après mon problème dans le foot, c’était un sport facile à choisir.
Quelques mois seulement après avoir débuté, tu as remporté ta première grande course (Aubel-Thimister-La Gleize), est-ce que cela a représenté une grosse surprise pour toi ?
A vrai dire, ma première grande victoire est intervenue un peu plus tôt, en juillet dernier, lors du Tour du Pays Basque. j’ai gagné l’étape reine qui terminait à 2 000 mètres d’altitude, tout en finissant également second du général, et en remportant le classement par points. C’est à ce moment-là que j’ai su que je pouvais faire quelque chose de spécial dans le vélo. Ensuite, je suis allé à Aubel – Thimister – La Gleize, mais mon premier jour a été merdique. La veille de la course, j’ai chuté, et mon dos était complètement bloqué, ce qui fait que le docteur a du s’occuper de le soigner. Lors de la seconde journée, j’ai réussi à remporter l’étape après avoir effectué 15 kilomètres en solitaire, donc la forme était vraiment bonne, et sans cette mauvaise première journée, je pense que j’aurais gagné le classement général, car j’ai également fini 3ème de la 3ème étape, et gagné le classement par points.
Tu as également ensuite gagné la Philippe Gilbert Classique, lequel de ces succès est le plus beau pour toi ?
Je pense que la Philippe Gilbert Classique a été la plus belle et la plus spéciale des victoires pour moi, lors de ma première saison en tant que cycliste. Je voulais vraiment gagner, et tout s’est déroulé comme ce que j’avais dit à mon père avant la course. J’avais dit que j’attaquerai à tel endroit et tel endroit, et je l’ai fait tout en remportant la course, tout comme je l’avais dit à mes parents une semaine avant, vraiment fou!
Tout est allé ensuite très vite, puisque Axel Merckx t’a offert un contrat dès début septembre chez Axeon (en vue de 2019), est-ce que tu y as cru quand il t’a contacté ?
J’étais vraiment sous le choc quand Monsieur Merckx m’a appelé. C’est vraiment un honneur pour moi de pouvoir courir pour une grande équipe comme Axeon. J’attends maintenant avec impatience ma première course avec eux, et même de m’entraîner avec ce maillot sur les épaules. Je veux prouver que je mérite la chance qu’ils m’ont offert. C’est aussi d’ailleurs le slogan de l’équipe #proveit (prouve-le)
Cette saison a débuté encore plus forte que la précédente, puisque tu as remporté ta première course en partant après 1 kilomètre et en finissant avec 3 minutes d’avance sur le second. Est-ce quelque chose que tu aimes vraiment, être offensif?
Je suis un coureur offensif. Ma plus grande force, c’est ma capacité à récupérer. Je peux passer à l’offensive 5 fois en 5 minutes tout en récupérant très vite après avoir produit un effort. Pour moi, plus longues et plus dures sont les courses, et plus fort je suis à la fin.
Tu l’as d’ailleurs encore prouvé à Kuurne, en sortant à 60 bornes de l’arrivée. Tu y as cru à ce moment-là ?
En fait, je voulais faire quelque chose à quoi personne ne s’attendrait à Kuurne. Je voulais rendre la course dure, en montant chaque bosse à 85%, et j’ai vraiment fait mal aux autres en courant de cette façon. Dans la Hotond, j’ai décidé d’y aller à 100%, c’était la montée avant le Vieux-Quaremont, et je savais que tout le monde attendrait cette ascension, mais pas moi, je ne suis pas comme les autres coureurs! Au sommet du Quaremont, j’avais déjà 1 minute d’avance sur le peloton, et j’ai été capable de tenir jusqu’à l’arrivée. Au panneau des deux derniers kilomètres, j’avais toujours 1’20” d’avance, et j’ai eu en plus le temps de célébrer ma victoire de manière un peu spéciale en passant la ligne.
Quand tu vois tes perfs depuis l’an passé, tu regrettes de ne pas avoir débuté lé vélo plus tôt ?
Non, je n’ai pas de regrets par rapport à ma carrière dans le foot. Je suis heureux en ce moment, donc pourquoi regarder en arrière ? La meilleure manière de réussir est de regarder vers l’avant sans penser aux erreurs et aux mauvais souvenirs.
Quels vont être tes objectifs cette année, as-tu déjà ciblé des courses ?
Les championnats du monde, sur route et contre-la-montre sont les grands objectifs de l’année. J’aimerais avoir 10 succès au compteur cette saison (j’en compte 3 pour l’instant). Je voudrais aussi gagner quelques courses par étapes, comme la Course de la Paix, le GP Patton, ou bien Aubel-Thimister-La Gleize.
Quand on regarde tes succès, on a l’impression que tu es plus taillé pour les classiques, est-ce également ton opinion ?
Personnellement je pense être plus taillé pour les courses par étapes, car comme je l’évoquais précédemment, j’ai une très bonne récupération, ce qui compte énormément lors d’une épreuve par étapes. Je grimpe bien, je suis bon sur l’exercice chronométré, ce qui fait que je me vois plus comme un coureur de courses par étapes. J’aime aussi les Ardennaises, car les ascensions sont plus longues que sur les Flandriennes, où je n’aime pas trop les pavés et les montées courtes et explosives. Au final, c’est mieux de me filer une montée de 20 bornes, et on s’amusera beaucoup plus!
Pour conclure, on demande toujours aux jeunes coureurs quelle course ils aimeraient gagner, si ils pouvaient n’en remporter qu’une?
Une course que j’aimerais vraiment beaucoup gagner, c’est la Vuelta. Les montagnes en Espagne sont tellement belles, et ça serait un super rêve à réaliser. En fait pour être honnête (si je passe pro bien sûr), je voudrais gagner les 3 Grands Tours, la Vuelta, le Tour de France et le Giro. Pour plus tard, j’aimerais aussi que tout le monde connaisse mon nom comme on connaît celui de Monsieur Eddy Merckx, je veux devenir le meilleur.
Propos recueillis par Charles Marsault (crédit photo : Acrog- Pauwelssauzen - Balen BC)