Peux-tu tout d’abord te présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Magnus Sheffield, j’ai 17 ans et je suis originaire de Pittsford, dans l’état de New York. J’ai commencé le sport en pratiquant le ski alpin, et j’ai débuté le Cyclo-Cross et le VTT lorsque j’avais 13 ans. A vrai dire, c’était surtout un moyen de garder la forme durant l’intersaison. Concernant la route, je n’ai commencé que l’an passé, et mon intérêt pour la discipline ne cesse de grandir depuis le moment où j’ai débuté.
2019 a été ta première saison chez les juniors, quel regard portes-tu sur tes performances cette année ?
Je suis très heureux de la manière dont la saison s’est déroulée. J’ai engrangé une expérience précieuse en courant avec beaucoup de très bons mecs, et dans des conditions très variées, et j’attends désormais avec impatience de mettre tout ça à profit l’an prochain. Il y a eu beaucoup de hauts et de bas, mais je sens que cela m’a aidé à rester motivé, et que cette saison m’a permis d’en apprendre beaucoup sur moi, que ce soit sur ou en dehors du vélo. Je pense aussi que j’ai montré via ces performances que j’avais ce qu’il fallait pour concourir au niveau mondial.
Tu as été particulièrement impressionnant lors des mondiaux, et on a même senti que tu pouvais peut-être suivre Quinn Simmons si tu le souhaitais, était-ce le cas ?
Quinn et moi sommes assez similaires dans notre manière de courir mais aussi en terme de force physique. En allant aux mondiaux, le plan était de tout mettre en oeuvre pour lui permettre de remporter le titre. Je me suis donc concentré la-dessus, et à la fin ça a parfaitement fonctionné.
Quel est ton meilleur souvenir cette saison ?
Mon meilleur souvenir, c’est vraiment les mondiaux en Angleterre. Courir devant autant de monde au Yorkshire, sans oublier la manière dont nous avons couru en équipe, restera gravé dans ma mémoire pour toujours. C’était aussi très spécial pour moi de voir tout le soutien de mes amis et de ma famille qui regardaient la course sur place ou à la télévision.
Pour conclure sur ta saison, est-ce que tu t’attendais sincèrement à afficher ce niveau ?
En débutant la saison, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Je veux dire, je savais que j’étais costaud sur les courses disputées sur le territoire US, mais je ne savais pas vraiment ce que je pouvais faire face à une concurrence internationale. En début d’année, il y avait donc comme je te le disais une incertitude sur mon niveau, mais au fur et à mesure que la saison avançait, j’ai pris de plus en plus confiance en mes capacités.
De l’extérieur, on a l’impression d’assister à l’éclosion d’une très forte génération de coureurs US, avec toi donc, mais aussi grâce à des jeunes talents comme Quinn Simmons, Eli Husted, Matthew Ricitello, Michael Garrison ou Lucas Bourgoyne. Quelle est la clé selon toi justement pour que vous parveniez à performer en Europe lorsque vous passerez pro ?
J’ajouterais aussi Luke Lamperti à ta liste. Comme tu l’as dit il y a un groupe solide de coureurs capable de très bien figurer face à une concurrence internationale, et je pense que pour être en mesure de performer à ce niveau, ils doivent passer plus de temps à vivre et à courir ensemble en Europe.
Est-ce que quelque chose a changé justement à ce niveau, dans la manière où les instances appréhendent les choses ?
Le financement pour le programme de développement a été coupé cette année, ce qui a fondamentalement changé la manière dont celui-ci a été géré. Cela voulait par exemple dire que les USA n’étaient plus présents à chaque épreuve de Coupe des Nations, mais que nous avions à en sélectionner quelques unes, et que sur les autres, aucun d’entre nous n’était au départ. L’apport du temps que j’ai passé en Europe cette année est inestimable en terme de développement. Cela a aussi permis de créer une forte et cohérente relation au sein de l’équipe nationale, qui a porté ses fruits comme vous avez pu le voir pendant les championnats du monde.
Qu’as tu appris durant cette période ?
J’ai appris beaucoup de choses, dont une en particulier, elle concerne l’importance du placement sur les petites routes étroites et pavées européennes.
Et au niveau de l’éloignement, des proches et de la famille, comment as-tu vécu les choses durant cette période ?
Cela peut être difficile pour beaucoup d’entre nous, surtout si c’est leur première fois loin de la maison. Pour ma part, j’ai passé beaucoup de temps à voyager depuis que je suis petit, car ma mère est originaire de Norvège, et nous avons donc passé beaucoup de temps en famille la-bas. Lorsque je faisais du ski, je partais également souvent loin pendant les mois d’été pour l’entraînement, donc au final, vivre en Europe ne m’a paru si étranger que ça.
Pour passer à un autre sujet, tu seras toujours junior l’an prochain, quels seront les objectifs ?
Mes attentes l’an prochain seront identiques à cette année, et je prendrai le départ de chaque course pour gagner. Je veux continuer à progresser, mais aussi continuer à prendre du plaisir sur le vélo.
Passeras-tu encore un certain temps en Europe ?
Oui, mon calendrier pour la saison prochaine sera plus ou moins similaire à celui de cette année.
Quid de cet hiver, y’aura t-il quelques cyclo-cross au programme ?
Je viens juste de débuter la saison sur les courses UCI du calendrier US, mais mon entraînement sera essentiellement dirigé vers mes objectifs sur la route. Je ferai donc des cyclo-cross surtout dans l’idée de prendre du plaisir.
En parlant de ça, où va ta préférence entre les deux disciplines ?
On me pose souvent cette question, et malheureusement, je ne peux pas te donner une réponse définitive. J’aime beaucoup ces deux disciplines pour des raisons différentes, et je veux continuer à les pratiquer aussi longtemps que je peux.
Pour conclure, on pose cette question à tous les jeunes coureurs interviewés, si tu ne pouvais gagner qu’une course dans ta carrière, laquelle choisirais-tu et pourquoi ?
Si je ne pouvais gagner qu’une seule course, je choisirais les championnats du monde Elites, car il n’y a qu’une seule personne qui gagne ensuite le droit de porter le maillot arc-en-ciel pendant un an.
Propos recueillis par Charles Marsault (crédit photo : Eric Vereecken)