Longtemps considéré comme un excellent outil pour quantifier l’intensité à l’entraînement comme en compétition le cardiofréquencemètre a progressivement laissé place au capteur de puissance.
En parallèle on a progressivement pris conscience que la fiabilité de la fréquence cardiaque pouvait rapidement être remise en question.
Une question de théorie avant tout
Pour quantifier l’intensité de l’effort il faut avant toute chose la rapporter à la Fréquence Cardiaque Maximale (FCM). Or on se heurte déjà à la difficulté de la mesurer avec précision. Il faut savoir que l’on atteint très rarement notre véritable FCM (tout au plus quelques fois dans une saison).
En « lecture seule » la FC n’a aucune valeur : « je suis à 140bpm » n’a pas le même sens selon que votre FCMax est à 170bpm ou à 200bpm. D’un côté vous êtes à 82%, de l’autre à 70%
Il en est de même pour la Fréquence Cardiaque de Réserve (FCM – FC au repos). En effet, quelle FC au repos prend t-on en compte ? Celle mesurée assis dans la journée, ou celle mesurée la nuit pendant le sommeil ?
En tout état de cause il faut définitivement oublier la formule FCM = 220 – votre âge. Si cette formule se vérifie pour vous, c’est presque un hasard mathématique. On ne compte plus les professionnels qui stagnent à 170/175bpm dans la trentaine quand des cyclistes de 60 ans peuvent dépasser 180 voire 185bpm.
Une question de pratique également
Le seul moyen d’obtenir des données précises, sans devoir calculer vos zones d’entrainement à l’aide de pourcentages hasardeux, reste le test à l’effort. Si vous parvenez à déterminer avec précision votre FCMax, et donc à déterminer vos zones d’entraînement, tout n’est pas réglé pour autant.
En effet, il est clairement établi aujourd’hui que la FC à l’effort est influencée par des différents facteurs.
1. En premier lieu la température est un élément dont il faut tenir compte. La chaleur fait augmenter artificiellement la FC, jusqu’à obtenir 10bpm de « trop ». Le froid peut également influer sur la FC car l’organisme produit davantage d’efforts pour maintenir sa température corporelle
2. La digestion peut également faire dévier votre FC à la hausse, puisque l’organisme fait face à un surcroit de travail.
3. La déshydratation elle aussi engendre une augmentation de la FC à l’effort, ce phénomène pouvant se produire en dehors d’un épisode de chaleur.
4. Un épisode de « stress » (au sens large) engendre une augmentation de la production des hormones du stress (cortisol, adrénaline, noradrénaline). Or ces hormones ont pour effet d’augmenter le rythme cardiaque. Un timing serré, quelques préoccupations personnelles ou professionnelles peuvent influer sur votre FC à l’effort
5. Le sommeil, et plus particulièrement le manque de sommeil, influe également sur la FC à l’effort, ce qui peut donc fausser vos zones d’entraînement.
6. Enfin l’organisme va réagir différemment sur le plan cardiaque si vous roulez plusieurs jours consécutifs. En outre l’évolution de votre état de forme engendre des modifications de votre FC à l’effort.
La réalité du terrain
Pour toutes ces raisons (et la liste n’est pas tout à fait exhaustive) la FC n’est pas un bon indicateur pour quantifier l’intensité de l’effort fourni.
De plus la FC est également un facteur qui varie selon les sportifs :
chez certaines personnes une FC très basse est un signe de forme et une FC élevée un signe de surentraînement
chez d’autres personnes (la majorité) une FC très basse constitue un signe de forme et une FC élevée un signe de méforme.
Tout dépend si c’est le système nerveux sympathique ou parasympathique qui est dominant, et seule l’expérience du terrain et un travail d’analyse peuvent vous donner la réponse.
A propos du terrain, soulignons encore que la mesure de la FC au poignet n’est pas fiable. Seule la ceinture thoracique et les brassards portés au biceps, qui viennent de faire leur apparition sur le marché, sont fiables. Ce qui ne répond pas aux limites soulignés dans cet article …
Benoit VALQUE