L'équipe Caja Rural, qui évolue en ProTeam, est ancrée dans le paysage cycliste ibérique. Invitée sur la Vuelta depuis 2012, elle avait obtenu cette année là sa seule victoire d'étape sur l'épreuve, avec Juan Antonio Piedra aux Lacs de Covadonga. En 2020 l'équipe a remporté une étape au Tour d'Andalousie (Gonzalo Serrano), au Tour de Hongrie (Jon Aberasturi), à la Belgrade-Banja Luka (Xavier Cañellas) et au Tour du Portugal (Oier Lazkano).
Trois néo-professionnels prometteurs intègrent l'équipe pour 2021. Deux issus de l'équipe réserve amateur maison (Murguialday et Etxeberria) et le meilleur amateur basque cette année (Barrenetxea), vainqueur entre autres, du fameux Memorial Valenciaga et auteur en Espagne d'une remarquable saison.
Nous faisons ici le point avec Xabier Muriel, directeur sportif et entraîneur au sein de l'équipe Caja Rural depuis un an.
Avec ce calendrier chamboulé, les équipes ProTeam n'ont pas été forcément été gâté en nombre de jours de courses. Quel bilan tirez-vous malgré tout de cette saison si particulière ?
En fin de compte nous sommes quand même contents. D'abord on a quand même pu avoir du cyclisme. Ensuite c'est vrai que le calendrier a été bouleversé et comprimé. Dans notre cas, cela a représenté environ 40% de courses en moins. Et de plus, souvent avec des équipes World-Tour. Ce n'était pas évident d'obtenir des résultats dans ces conditions. Malgré un contexte particulier, nous pouvons quand même être satisfaits de nos coureurs.
Cette année aussi vous étiez présents sur la Vuelta et il a semblé difficile d'être performant pour une équipe comme la votre. Comment analysez-vous le niveau de cette course ?
Je pense que le cyclisme est en train d'évoluer. On l'a vu ces derniers mois, avec un peloton qui roule très fort du départ à l'arrivée et la difficulté pour les échappées de prendre assez d'avance et espérer réellement croire en leurs chances. A une époque, elles prenaient 8, 9 ou 10 minutes, mais aujourd'hui avoir plus de 4 ou 5 minutes d'avance est déjà très difficile. Cela veut dire que pour des équipes comme la nôtre sur la Vuelta, avec ce cyclisme là, cela devient plus compliqué. Sur ce Tour d'Espagne, on a vu des coureurs vraiment de haut niveau dans les échappées. Vous savez les échappées des équipes invitées, même sur le Tour, ce n'est plus comme avant. Les minutes de télévision sont importantes, tout a changé.
La Vuelta partira de Burgos en 2021 et donc en principe l'équipe Burgos BH est à l'abri pour l'an prochain. Tandis qu'entre Caja Rural, Euskaltel et Kern Paharma, le match s'annonce serré pour obtenir une invitation, on évoque la possibilité qu'il y ait justement une alternance dans ces invitations ? Craigniez-vous ne pas en être en 2021 ?
Même s'il n'y a encore rien d'officiel, on peut penser comme vous le dites que Burgos BH devrait y être. En effet on évoque aussi cette alternance, mais en restant sur des critères sportifs, notre objectif est d'essayer d'être la première équipe ProTeam en Espagne, comme cette année. Pour le reste cela ne dépend pas de nous.
Caja Rural a l'habitude de participer à la Vuelta. En être privé pendant un an ne serait pas sans conséquences ?
Comme le rappelle notre sponsor, le moment où la visibilité est la plus importante pour l'équipe durant l'année est le Tour d'Espagne. Je ne sais pas ce qui se passerait avec une année d'absence, mais si c'était plusieurs années ce serait évidement dramatique, pour nous comme pour n'importe qu'elle autre équipe ProTeam.
Venons-en à l'effectif pour 2021. Trois jeunes coureurs basques vont intégrer l'équipe professionnelle cet hiver. Il y a d'abord Jokin Murguialday et Josu Etxeberria, issus de votre réserve amateur. La formation reste une priorité dans l'équipe ?
En effet, notre philosophie est de travailler avec les jeunes et de ce côté les choses changent, les coureurs passent de plus en plus jeunes professionnels, y compris dans le World Tour et cela joue sur nous également. Dans notre équipe amateur, nous avions ces très bon Espoirs 2 que sont Murguialday et Etxebarria. Nous devons poursuivre dans cette voie, .
Il y a ensuite Jon Barrenetxea, le meilleur coureur basque chez les amateurs cette année, convoité bien entendu également par d'autres d'équipes. Que signifie le fait qu'il passe justement professionnel chez vous ?
C'était aussi le cas l'an dernier avec Oier Lazkano et Barrenetxea a fait également ce choix. Ils voient le travail que nous faisons avec les jeunes, tout en prenant le temps nécessaire pour chacun d'entre eux. Je pense qu'ils ont conscience de tout cela.
Pouvez-nous rapidement brosser le portrait des ces trois jeunes prometteurs ?
Josu Etxeberria, on peut dire que c'est un grimpeur qui excelle dans les bosses autour de 10 minutes, qui aime les classiques dures, longues, avec du dénivelé. Jokin Murguialday est un grimpeur, à l'aise dans les cols longs, qui a de l'endurance. Barrenetxea est très fort dans les bosses dures et courtes, de 1 a 2km, et il est très bon dans les sprints avec des groupes d'une vingtaine de coureurs.
Vu de l'extérieur, lorsqu'on évoque le Pays Basque on pense souvent à Euskaltel. Vous aviez 6 coureurs basques cette année, 9 l'année prochaine, cela veut dire que vous pesez dans le cyclisme professionnel basque.
En effet, Caja Rural est une banque avec un très fort ancrage local à Pampelune et en Navarre. Elle souhaite avoir des coureurs locaux et moi-même étant basque, cela me correspond car nous avons de très bons coureurs au Pays Basque et historiquement cela a toujours été une terre de vélo. Nous allons continuer à nous appuyer sur ces coureurs, comme de coureurs venant d'ailleurs dans la péninsule.
L'effectif est par ailleurs bouclé ?
Oui nous serons donc 20, avec les trois jeunes incorporés, les renouvellements effectués et les départs de Cristián Rodriguez chez Total Direct Energie, de Gonzalo Serrano chez Movistar et Matteo Malucelli qui rentre en Italie chez Androni.
Xabier vous êtes directeur sportif, mais poursuivez une activité d’entraîneur. Vous parvenez à concilier les deux facilement ?
Oui je m'occupe d’entraînement et de performance, mais je ne peux pas avoir en charge tous les coureurs directement, simplement huit de l'équipe, et je suis bien sûr en lien avec les autres entraîneurs pour le reste. Je suis aussi directeur sportif mais là aussi nous nous partageons les tâches et je ne peux pas être sur toutes les courses évidement avec cette double casquette.
Avant d’être avec Caja Rural, vous avez participé à l'aventure Murias-Euskadi. Quel souvenir en gardez-vous ?
Je crois qu'avec le temps, on prendra encore d'avantage conscience de ce que fut Murias. J'en garde un très bon souvenir. C'était une très petite équipe au départ, mais pleine d'espoirs, avec l'envie de grandir, et à force de travail qui a réalisé des choses incroyables. J'y ai beaucoup appris et c'est regrettable bien sûr, car c'était un très beau projet, mais au final les résultats sportifs n'ont pas suffi.
Ximun Larre (Crédit Photo : Caja Rural)