Warren, tu as été sélectionné au dernier moment pour remplacer Pierre Rolland au sein de l’équipe de France. Cela n’a pas été trop compliqué au niveau de la concentration et de la préparation ?
Si quand même. Mercredi après ma course en Italie, il y avait beaucoup de déception de ne pas avoir été repris en équipe de France parce que c’était l’un de mes objectifs d’être ici au départ. C’est surtout dû aussi au fait que je ne suis pas trop satisfait de ma saison et que j’espérais vraiment pouvoir me rattraper lors de ces championnats du monde en aidant un maximum l’équipe. Évidemment, cela n’a pas été facile à digérer mais j’avais accepté totalement la décision de Cyrille Guimard. Et lorsque samedi, après le GP Pantani, mon directeur sportif m’appelle pour me dire que je pars pour les Mondiaux d’Innsbruck, j’étais un peu choqué. Au départ, j’ai même cru à une blague, c’est tout dire…Comme préparation, évidemment, ce n’est pas l’idéal puisqu’après le GP Pantani, et vu que je n’allais pas au Mondial, j’ai coupé un peu alors que j’aurais normalement dû prolonger. Mais je suis tellement content d’être dans ce groupe où on a 3 coureurs capables de remporter le titre mondial.
Trois ? Vous avez vraiment un groupe très homogène. Tony, ainsi que toi-même, vous avez les capacités pour aller vous imposer sur un tel parcours et vous pouvez parfaitement créer la surprise, non ?
Peut-être mais cela dépendra du scénario de course. Maintenant, il faut rester réaliste, et surtout au vu du final qui nous attend. On a 3 gars capables de ramener le maillot de champion du monde à la maison et on doit tout faire pour les amener dans les meilleures conditions possibles. Donc, même si je suis dans un groupe devant à 80 bornes de l’arrivée et que les gars sont au top derrière, je ne peux pas me permettre de tout donner et de ne penser qu’à moi. De toute façon, au vu de ma saison, je ne peux pas revendiquer un rôle de coureur protégé sur ce mondial. Le tout gros avantage qu’on a, c’est d’avoir pas mal de grimpeurs dans l’équipe et qu’on pourra ainsi ajuster plus facilement notre tactique de course, soit en la durcissant au fil des tours dans la bosse des 8 km, soit en ramenant nos leaders sur les échappés.
Tu la vois comment cette fin de course ?
L’arrivée est quasi au sommet pour moi. En effet, avec cette descente technique et le peu de plat restant entre le bas de la descente et l’arrivée, c’est quasi impossible de boucher un écart. Notre but, c’est d’amener nos leaders au pied de cette dernière bosse et après ce sera à eux de lâcher les watts pour atteindre le haut de la bosse dans les premiers. On espère avoir 2, voire 3 gars de l’équipe au sommet de ce mur «The Höll».
Combien de fois as-tu reconnu cette dernière bosse ?
Le raidard !, Une fois et cela m’a amplement suffi. J’ai vu que c’était très costaud, surtout lorsqu’on doit la grimper après 250 km d’une course qui aura déjà été épuisante au préalable avec les 7 ascensions de 8 km. Lorsqu’on la grimpe comme cela en reconnaissance, cela n’a pas l’air si compliqué mais après 250 bornes, cela sera beaucoup plus compliqué qu’on ne le pense….
Quel braquet utiliseras-tu ?
Là, j’ai changé. J’avais 39*30 ce matin mais je vais mettre un 39*32 au cas où je serais toujours là dans le dernier tour afin de pouvoir aider les gars éventuellement dans le raidillon final. Je pense que c’est mieux d’avoir un braquet assez souple.
Tu coupes après ce Mondial ?
Non, non. Je fais la fin de saison jusqu’au Tour de Lombardie. Je suis content justement d’être sur ce mondial pour rester motivé sur cette fin de saison. En tout cas, c’est un beau ‘challenge’ d’être là pour aider ce groupe France exceptionnel.
Envoyé spécial à Innsbruck – Christian Hiernaut
Credit Photo - Louis Vantuycom