Hier soir avait lieu à Igls la conférence de presse de l’équipe de France. L’occasion pour velo-club.net de faire le point avec Tony Gallopin au sujet de la course en ligne des Championnats du Monde qui se déroulera ce dimanche à Innsbruck.
Tony. Tu remportes une étape sur la Vuelta tout en terminant 11ème du général final. Comment s’est passée ta récupération et n’as-tu pas dû trop puiser dans tes réserves ?
Après cette Vuelta, il y avait quand même pas mal de fatigue. Autant j’ai l’habitude de gérer pour aller à la Clasica San Sebastian une semaine après le Tour de France, autant là, maintenir la forme sur 15 jours après ce Tour d’Espagne, c’est toujours un peu spécial. Je me suis bien reposé et j’ai remis en route fin de la semaine dernière pour reprendre une préparation normale. Beaucoup de fatigue bien sûr mais la forme est bien revenue.
Avant de parler de la course Elite de ce dimanche. Tu es monté deux fois sur le podium des Championnats du Monde Juniors, quelle impression t’a laissée le Belge Remco Evenepoel ?
C’est un phénomène ce garçon. On n’a jamais connu cela ces dernières années. Maintenant, il faut rester prudent et attendre de voir son évolution lors des prochaines années. Mais avec le niveau qu’il a actuellement, il est déjà capable de gagner des courses chez les pros l’année prochaine. Laissons-lui le temps de grandir avant de déjà parler de consécration.
Ce Championnat du Monde va être très usant, sans parler en plus de la dernière difficulté, «The Höll», où les pentes atteignent par endroit les 28 %. Que peut-on attendre d’une telle course ?
C’est vrai que les pourcentages sont incroyables. Mais après tout ce qu’on a vécu sur la dernière Vuelta, cela parait quand même moins dur que ce que j’ai dû endurer lors de ces 3 semaines de course, même si je dois bien reconnaître que cette dernière bosse est terrible. Maintenant, c’est difficilement comparable. Ici, à Innsbruck, c’est une course d’un jour. Déjà faire une montée («Patsch») de 8km plusieurs fois, c’est rare mais en plus de devoir faire cette dernière montée («The Höll») après 250 km de course avec des passages à 28 %, c’est vraiment exceptionnel. Avec un tel dénivelé, ce sera un Championnat du Monde hors norme.
Au sommet, il restera une descente sinueuse avant les 3 derniers km de plat pour l’arrivée finale. Cela ressemble un peu à une arrivée comme à Milan SanRemo lorsqu’on se trouve au sommet du Poggio, non?
Je ne pense pas parce que Milan SanRemo est une course beaucoup plus tactique et qu’il y a encore au sommet du Poggio parfois 40 coureurs pour la gagne. Là, ce ne sera pas le cas. Après les 10-15 premiers au sommet de la bosse, il y aura déjà certainement de beaux écarts avec les poursuivants.
Avec 15 à 20 secondes au sommet, un coureur peut-il aller s’imposer en solitaire ?
Oui, je crois. Pour moi, une fois au sommet, la hiérarchie sera quasi connue et avec une descente sinueuse et technique, cela sera très difficile de revenir sur le ou les échappés.
La France possède, un peu comme les Pays-Bas, un groupe très homogène où quasi 5 coureurs, dont toi, sont capables de s’imposer. Quelle sera la tactique de course ? Mettre un homme devant systématiquement pour fatiguer les autres nations au fil des tours ou essayer de garder un maximum d’hommes autour des leaders à l’entame du dernier tour ?
C’est une bonne question et pour tout te dire, on doit encore voir tout cet aspect-là lors du briefing. Sur papier, c’est vrai, on a une très belle équipe mais ce sera à nous d’en faire un bon usage. On a plusieurs cartes à jouer et évidemment, c’est un réel avantage. Maintenant, ce n’est pas parce qu’on a une belle équipe en théorie que cela va être facile dans la pratique. Il ne faut pas se voir trop beau non plus….
Si Julian Alaphilippe arrive avec les meilleurs au pied de la dernière difficulté et en connaissant ses capacités de puncheur, qui peut encore le battre ?
Il y en a beaucoup qui peuvent rivaliser. Julian est très costaud et est l’un des favoris mais on ne doit certainement pas partir dans cette optique là parce qu’il y a pas mal de coureurs capables de faire de même, ne fut-ce que les frères Yates, Roglic, voire les Colombiens.
Quel sera le braquet utilisé ?
Pas de braquet spécial. Chacun a mis un peu ce qu’il voulait. Pour ma part, j’ai gardé les mêmes braquets que lors de la Vuelta, à savoir un 39-32 au lieu du 28 que j’utilise très souvent tout au long de la saison.
Ton planning de fin de saison ?
Il reste à mon programme 2 courses en Italie. Les 3 Vallées Varésines et le Tour de Lombardie. Après, c’est les vacances...
Envoyé spécial à Innsbruck – Christian Hiernaut