De retour chez lui dans la Manche pour les fêtes de fin d'année, Quentin Valognes a pris le temps de répondre aux questions de Velo-Club.net. Pour nous, il revient notamment sur sa première saison chez les pros, ainsi que sur ses objectifs pour la nouvelle année qui débute.
Quel retiendras-tu de ta première saison au plus haut niveau ?
Ça tient en une phrase, c’est dur le vélo (rires). On voit que tout le travail qu’on fait, chaque sacrifice que l’on fait paye, et c’est ça qui est vraiment intéressant. A force de travailler, étape par étape on finit par y arriver. Si je devais retenir quelque chose de l’année, ça serait vraiment ça.
Tu as commencé par « du lourd » en plus, puisque juste après Dubaï, tu as enchaîné avec une World-Tour, le Tour d’Abu Dhabi.
Oui, j’ai fait Dubaï, et juste après Abu Dhabi. C’était dur, mais ce sont des courses qui me conviennent, en tout cas plus que le Tour d’Azerbaïdjan, où il y a pas mal de montagne. Donc oui, c’était du lourd, mais c’était vraiment agréable de courir ce type de courses pour apprendre. D’autant plus que je n’étais pas le seul sprinter de l’équipe, et j’ai pu profiter de la présence de Martin Verschoor pour progresser, surtout au niveau du placement.
Est-ce que tu as eu une petite pointe de déception néanmoins, de ne pas avoir pu finir à Abu Dhabi ?
Oui, il doit pleuvoir seulement quelques jours par an à Abu Dhabi, et manque de chance, c’est tombé lors de la dernière étape. On était sur le circuit automobile, et j’avais un peu peur, mais bon ça arrive parfois.
Puisque tu évoques l’appréhension, sur un autre sujet, en avais-tu une petite par rapport au fait de rencontrer les plus grandes équipes et les plus grands coureurs pour la première fois ?
Plus de l’adrénaline que de l’appréhension, car au final ce sont des mecs comme Cavendish qui m’ont donné envie de faire du vélo. Donc ouais, vraiment l’adrénaline, et l’envie d’y aller à fond et de me mesurer à eux pour voir ce que je pouvais donner. L’envie de voir aussi l’écart qui me séparait d’eux, car bien sûr, je ne suis pas à leur niveau aujourd’hui, mais l’objectif c’est d’y être un jour, et c’était important de voir tout le travail qu’il me reste à faire.
On ne t’a pas revu ensuite sur le circuit World-Tour, une petite déception, ou tu te dis que tu as encore le temps ?
Les autres épreuves World-Tour que proposait l’équipe, c’était des courses comme Milan-San Remo, ou encore Tirreno-Adriatico, et ce sont des « gros chantiers » pour un néo-pro. C’était donc un peu compliqué, et je pense qu’ils ont aussi fait le choix de ne pas me cramer, et à mon avis, c’était un bon choix.
Ensuite, durant la saison, il me semble que tu as eu une période un peu plus compliquée, notamment au Canada, lors de l’enchaînement Grand Prix de Saguenay – Tour de Beauce.
Un peu plus compliquée c’est vrai, c’est le moins que l’on puisse dire. J’ai analysé les erreurs que j’ai commises, que ce soit avec mon entraîneur, ou avec mon directeur sportif Lionel Marie. On a pris le temps de poser les choses, pour savoir ce qu’il fallait continuer à faire, et ce qu’il fallait modifier, et ensuite, ça a été un peu mieux, notamment lors du Tour de Chine.
Pour rentrer un peu dans le détail, qu’est-ce que tu as changé justement ?
En fait on a surtout changé la manière dont j’abordais les montées. J’avais tendance à me placer à l’avant du peloton en me mettant à bloc jusqu’à ce que je pète. J’ai complètement modifié ça, et j’ai fait plus attention à mes sensations, mais aussi à mes Watts, et du coup, je lâchais peut-être un petit peu avant, mais j’étais capable de revenir sur le peloton après les bosses.
Ne pas se mettre dans le rouge donc ?
Oui voila, et accepter la difficulté, et le fait qu’il y a des moments où l’on est moins bien.
Pour faire la transition avec la saison prochaine qui va bientôt débuter, comment se passe la préparation hivernale, es-tu content de ta forme ?
Je pense que je suis un peu mieux que la saison passée à la même époque, je l’espère en tout cas. On va voir tout ça très vite, car je vais en stage dans le sud de la France du 4 au 11 janvier, et ensuite on enchaîne avec un second stage avec l’équipe Novo Nordisk en Espagne du 16 au 30.
En terme de prep’, on sait qu’il y a deux écoles, ceux qui font du vélo à 100 %, et ceux qui aiment varier, ou va ta préférence à ce niveau ?
J’alterne beaucoup, je pense que la muscu et la natation peuvent apporter des choses en plus.
Tu évoquais les stages, et la saison va vite débuter ensuite, quels seront tes objectifs en 2018 ?
De travailler encore plus en osmose avec l’équipe, de prendre encore plus confiance en moi, et d’obtenir plus de résultats.
Y a t-il des courses que tu as déjà ciblées, et où tu aimerais briller ?
Oui, l’idée, ce sera vraiment de saisir toutes les opportunités et de briller sur toutes les courses qui arrivent au sprint.
As-tu une idée de ton calendrier de début de saison ?
On ne sait pas trop encore, car le programme de l’équipe Novo Nordisk dépend également des invitations que nous allons recevoir en provenance des organisateurs. J’aimerais bien néanmoins retrouver quelques épreuves auxquelles j’ai participé l’an passé, afin de profiter de l’expérience acquise en 2017.
Tout à l’heure, tu parlais de progression, est-ce qu’il y a justement des secteurs dans lesquels tu sens qu’il faut plus progresser ?
Il faudra être plus puissant, plus fort notamment sur le vélo. Je le vois bien, quand on arrive à deux bornes de la ligne, moi c’est mon arrivée. Moi je suis à bloc, et les autres sprinters ont encore la patate pour se disputer la victoire.
Cette progression est d’autant plus importante que vous avez un objectif à long terme par rapport au Tour de France, peux-tu nous en parler ?
L’objectif de l’équipe Novo Nordisk, c’est de participer au Tour de France 2021, car on fêtera cette année le centenaire de la découverte de l’insuline, et pour une formation où 100 % des coureurs sont atteints de diabète, ça serait vraiment un beau message.
On sent que c’est un message qui te tient vraiment à coeur.
Les « coureurs lambda » font juste du vélo, et nous on est en plus dans un rôle d’éducation par rapport au diabète, nous sommes là également pour inspirer les diabétiques, mais aussi pour les encourager. Du coup, c’est vraiment un autre boulot à part entière. Être présent sur chaque course pour tout ça, c’est vraiment quelque chose qui nous tient tous à cœur dans l’équipe. Maintenant, il faut que l’on performe aussi sur le vélo pour que le message soit encore plus fort, et que l’on inspire encore plus de monde. C’est vraiment énorme de voir ce qu’on peut faire autour de nous. L’an passé par exemple, j’ai reçu une lettre d’un enfant qui avait 8 ans, et il me disait qu’il était fier d’être lui aussi diabétique. C’est incroyable de voir qu’on peut recevoir des messages comme cela, et de s’apercevoir à quel point on peut toucher les gens atteints de diabète. Il y a 100 ans, avant l’invention de l’insuline, les gens mourraient du diabète, et c’est génial de voir où on en est maintenant.
Tu as aussi écrit un livre l’an passé sur le diabète, comment est-ce que cette idée a germé ?
Je voulais faire passer un message positif, qui pouvait toucher le plus de monde possible, et je pense que comparé à ce qu’on peut dire à l’oral, un livre reste, et cela permet d’inspirer les gens qui souhaitent connaître mon histoire.
Propos recueillis par Charles Marsault (photos :©TeamNovoNordisk/©Poby.)