Après cinq années passées chez Cofidis, Mathias Le Turnier vient de rejoindre la formation Delko avec qui il est en stage dans le Var depuis le 9 janvier et jusqu'au 22 janvier 2021. Ses années passées chez Cofidis, son arrivée dans l'équipe de Philippe Lannes, ses attentes pour 2021. Le natif d'Audenge fait le point avec nous
Vous venez de quitter Cofidis après cinq années de collaboration. Comment se sont passés ses derniers mois avec l'équipe nordiste ?
J'ai discuté avec Cédric Vasseur durant le Giro. À ce moment-là, tout était encore ouvert pour une reconduction de contrat. Ce n'était pas fermé, mais pas assuré non plus. Puis une semaine après, il m'a dit qu'il ne souhaitait pas continuer avec moi.
Il vous a donné des explications ?
Avec la saison moyenne qu'a fait Cofidis, il avait des comptes à rendre. Forcément, il était dans l'obligation de changer des choses pour améliorer le niveau de l'équipe. Le groupe autour de Guillaume (Martin) a bien fonctionné donc il a gardé les mecs qui étaient avec lui. Puis après il a voulu renouveler.
Vous avez eu peur de ne rien trouver ?
Oui, mais je suis resté malgré tout déterminé. J'ai gardé espoir. J'ai repris les entraînements alors que je n'avais rien d'assuré. J'étais en contact avec une autre formation, mais c'était un peu plus compliqué.
Puis Delko est arrivé...
Je m'étais déjà renseigné sur l'équipe pendant le Giro, car je savais qu'elle se structurait assez vite. À ce moment là, ils étaient complets. Puis début décembre un des entraîneurs de l'équipe a contacté l'entraîneur de Cofidis pour avoir des infos. Au final, ils étaient intéressés, une place s'était libérée. Ils m'ont ensuite appelé et ça s'est fait.
Quel va être votre rôle là-bas ?
Il va être multiple. Sur certaines courses, j'aurai un rôle de leader. Et sur d'autres un rôle d'équipier pour épauler les meilleurs puncheurs de l'équipe. Je veux retrouver un niveau meilleur pour jouer les premiers rôles sur les courses.
Comment avez-vous vécu cette saison 2020 ?
Pour moi, elle fut particulière car j'avais déjà arrêté très tôt ma saison 2019 sur le Tour de Pologne au mois d'août. J'avais des soucis personnels, mon père est tombé malade et je suis parti m'occuper de lui. Il est décédé par la suite donc ça a été assez dur de reprendre les entraînements. J'ai débuté au Tour Down Under dès janvier, mais physiquement je n'étais pas là. Je n'étais pas au niveau. Puis dans la tête c'était dur aussi. Par la suite, j'étais au Tour d'Algarve en février. Là, pareil, je n'étais pas encore top. Est arrivé ensuite le premier confinement. J'ai mis pas mal de temps à me remettre dedans. Tout s'est enchaîné vite par la suite. J'ai repris au Mont Ventoux Dénivelé Challenge où je suis tombé et me suis blessé au dos. J'ai été absent pendant un mois. Ça m'a amené au Tour de Slovaquie puis au Giro.
Que retenez-vous, justement, de ce Tour d'Italie ?
Je l'ai très bien terminé. J'étais assez bien en dernière semaine. Sur les dernières étapes de montagne, j'étais dans les trente derniers à lâcher. J'étais pourtant arrivé là sans aucune préparation. Cette course m'a du coup convaincu que j'avais la possibilité de faire encore quelque chose. Si ça ne se faisait pas avec Cofidis, ça allait le faire avec une autre équipe.
Que retiendrez-vous de ces années passées chez Cofidis ?
Beaucoup de choses. C'est quand-même l'équipe qui m'a permis de passer professionnel et de découvrir énormément de courses. J'ai fait deux Grands Tours, deux fois le Tour de Californie. La flèche Wallone, le Tour de Lombardie, le Tour du Pays Basque. J'ai pu côtoyer de grands leaders avec Nacer (Bouhanni) et Elia Viviani. Il y a aussi des coureurs avec qui j'échange toujours, des assistants également. Je ne pars pas fâché, loin de là.
Quelles sont vos attentes pour cette saison 2021 qui va bientôt débuter ?
Je n'ai pas d'objectifs précis, je voudrais d’abord retrouver le niveau que j'avais il y a quelques saisons sur mes meilleures années chez Cofidis. Si possible être performant dès le début de saison sur des courses que j'affectionne comme le GP de la Marseillaise, Le Tour de Provence, le Haut-Var, Ardèche... Ce sont des épreuves où j'ai déjà pu accrocher des Top 5. J'aimerais donc performer sur ces courses là et on verra ensuite en fonction du calendrier vu la situation sanitaire.
Avez-vous une idée de votre programme pour le début d'année ?
On n'a pas encore tout fixé puisqu'on est dépendant des invitations. On en avait demandé une pour Paris-Nice, on ne l'a pas eu. On a d'autres courses en attente. On attend ça pour vraiment finaliser le programme de chacun.
Vous connaissiez déjà quelques coureurs de l'équipe ?
Pas vraiment. Je connaissais Rémy Rochas qui a fait lui le chemin inverse. Au niveau du staff et des entraîneurs, je ne les connaissais pas non plus. Mais le feeling passe très bien. L'équipe se structure assez vite. L'année dernière en début de saison il n'y avait aucun entraîneur. Maintenant, ils sont trois avec une cellule performance. L'ambiance est très bonne, c'est très détendu mais en même temps sérieux. Je pense que l'équipe a pas mal de potentiel.
Pour conclure, avez-vous dans le coin de votre tête une course que vous rêveriez de remporter ?
Bizarrement non. Il y a pas mal de courses que j'apprécie comme le Giro ou le Tour de Californie où on a plus l'impression d'être dans un show que sur une course de vélo comme on les connaît en Europe, mais il n'y en a pas une spécifique qui me fait rêver. Pour avoir découvert pas mal de grandes courses, je me suis rendu compte que ça restait avant tout une course de vélo.
Propos recueillis par Alexandre Paillou