Vainqueur cette saison du Danilith Nokere Koerse, Vélo-Club.net est allé à la rencontre du coureur brabançon, Ludovic Robeet, de la formation Bingoal Pauwels Sauces WB.
Cette année, tu as remporté le Danilith Nokere Koerse après une très longue échappée. Une belle surprise, non ?
Oui mais, pour être honnête, ce fut une première victoire un peu inattendue. En effet, en principe, j’ai un rôle d'équipier au sein de l’équipe étant donné que je ne possède pas la meilleure des pointes de vitesse et que je ne suis pas non plus l’un des meilleurs grimpeurs. Sur Nokere, le scénario de base était normalement une arrivée au sprint. Ce qui a changé la donne, ce sont les conditions climatiques difficiles ce jour-là. Le peloton a souffert comme nous durant toute la course et n’a finalement pu rentrer sur notre groupe d’échappés ce qui m’a permis au final de pouvoir m’imposer en solitaire.
Après une 2ème place au Circuit de Wallonie en 2017, tu as pu décrocher ton premier succès chez les pros en 2019 lors de la 4ème étape de la Semaine Internationale Coppi & Bartali. Tu l’as vécue comment cette victoire. Comme un soulagement ou comme une progression dans ta carrière ?
Cette première victoire chez les pros m’a surtout permis de prendre de la confiance mais aussi de prouver que j’avais parfaitement ma place au sein du peloton professionnel.
Seulement 2 succès pour cette première partie de saison pour ta formation, est-ce une petite déception ou cela répond aux attentes fixées par Christophe Brandt (General Manager) ?
Nous n’avons peut-être que 2 victoires au compteur de l’équipe mais nous sommes actifs sur toutes les courses et nous faisons des Top 10 sur presque toutes les courses auxquelles nous participons. Pour une équipe qui possède un ‘petit’ budget, je trouve que ce n’est pas mal du tout. Et surtout, chaque année, l’équipe progresse au niveau des résultats.
J’ai l’impression que tu te sens bien au sein de la formation Bingoal, je me trompe ?
Non, tu as raison. C’est une équipe au sein de laquelle je me sens super bien. D'ailleurs, cela fait presque 10 ans que j’y suis après y avoir fait 4 années chez les ‘Espoirs’ où j’ai pu, étape par étape, y apprendre le métier de coureur tout en partant de quasi zéro.
Il s’agit de ta 9ème saison chez les pros au sein uniquement d’équipes belges (4 chez Color Code et 5 chez Wallonie Bruxelles). N’es-tu pas tenté par une expérience au sein d’une équipe étrangère et as-tu eu des propositions concrètes en provenance d’autres équipes ?
Ce sont des choses qui doivent se discuter mais pour le moment, je ne vois pas vraiment où je pourrais aller. Chez Bingoal Pauwels Sauces WB, j’ai trouvé ma place et surtout j’ai la confiance de toute l’équipe tant au niveau des coureurs que du staff. Pour moi, c’est super important de me sentir bien dans ma peau et d’être là où je dois être.
Beaucoup de coureurs ont tenté l’expérience au sein d’équipes du WorldTour avant de devoir redescendre de division, comme par exemple Enzo Wouters, Maxime Vantomme ou Rémy Mertz (coéquipier de Ludovic cette saison mais qui était déjà avec lui au sein de la formation Color Code de 2014 à 2016). Est-ce qu’une telle aventure t’aurait également tentée ou aurais-tu vécu cela comme un échec ?
Difficile de répondre à cette question. En effet, je n’ai pas connu cette opportunité de rejoindre une équipe du WorldTour. Par contre, une chose est sûre, c’est que je ne regrette aucun de mes choix et que j’assume parfaitement mon parcours actuel. Je crois que j’ai fait les bons choix et ma victoire cette année à Nokere le prouve. De même, je me sens chaque année un peu plus fort.
Y-a-t-il une course qui te fait rêver et que tu aimerais remporter ?
Pas vraiment. De plus, je ne suis pas un rêveur et vu mon profil de coureur, je suis déjà bien content avec mes 2 victoires chez les pros. Disons que je prends ce qui vient. Il n’y a pas vraiment de courses où avant le départ je me dis : ‘Aujourd’hui, je peux jouer la gagne’. Ce sont surtout les scénarios de la course qui peuvent, ou non, jouer en ma faveur.
Une idole lorsque tu étais gamin et qui t’a fait aimer le vélo ?
Non, aucune idole. J’ai toujours été sur un vélo depuis que je suis gamin mais sans vraiment regarder les courses cyclistes. Disons que c’est venu au fur et à mesure de la pratique.
Ton papa, Patrick Robeet, n’a jamais remporté de succès chez les pros mais il a participé à 2 Tour de France et à 2 Vuelta, sans parler de ton oncle, Michel Dernies, qui a couru 3 Giro et 9 Tour de France. Est-ce qu’une participation dans un grand tour est l’un de tes souhaits pour les prochaines années ?
Je vais te répondre franchement. Si un jour, on me demande d'aller sur un ‘Grand Tour’ pour y jouer un rôle précis, je réponds oui avec plaisir. Par contre, si c’est juste pour pouvoir dire qu’on a participé à une grande course par étapes, je te réponds non parce que ce ne sont pas ces courses-là qui me font particulièrement rêver. Evidemment, sur un palmarès cela fait bien de pouvoir le mentionner mais à part ça, ce n’est pas dans mes priorités.
Ton cousin, Tom Dernies, est également coureur professionnel et ton grand-père, Fernand Dernies, est un homme connu mais aussi reconnu dans le milieu du cyclotourisme. Le vélo, c’est vraiment dans les gènes de la famille….
Oui, avec Tom quand on était plus jeune, on allait tout le temps rouler ensemble en VTT mais c’était vraiment plus pour s'amuser qu’autre chose…et puis un jour, alors que lui faisait déjà de la compétition sur route, on a décidé de monter et de mettre au point un vélo de route qu’il possédait dans son garage. Ensuite, j’ai commencé à faire mes premiers kilomètres sur un vélo de route avec lui.
Et mon grand-père, même amputé d’une jambe et roulant avec une prothèse, cela ne l’a pas empêché de faire les plus grandes randonnées cyclotouristes dans les cols français mais aussi plein d’autres trucs de fou, ahahah. D’ailleurs, encore maintenant, et ce à 80 ans passé et se battant contre le cancer, il est encore actif sur son vélo.
Est-ce que ton papa, voire ton oncle, te conseille encore dans tes choix de carrière ?
Non pas vraiment. Je fais mes propres choix et ils me laissent faire.
Quel est ton programme pour cette deuxième partie de saison ?
Malheureusement, je ne connais pas mon programme de fin de saison. En effet, j’ai été victime d’une chute à l’entraînement où je me suis cassé un os de la main. J’ai donc été écarté des compétitions depuis un long moment. Maintenant, peut-être que ce repos forcé va me donner un peu plus de fraicheur que d’autres pour la fin de saison.
Que peut-on te souhaiter pour la fin de saison mais également pour les prochaines années ?
Encore des victoires mais surtout de continuer à apprendre, à progresser et surtout à prendre du plaisir.
Interview réalisée par Christian Hiernaut
Credit Photo : Website Bingoal