Interview : Lionel Marie "Faire partie des deux premières équipes Conti-Pro en 2019"

Bonjour Lionel, un mot tout d’abord sur Ahmet Orken, on sait que tu es très proche du coureur, comment as-tu vécu l’épisode de sa non-signature ?

Bonjour à tous, Oui j'avais un rapport particulier avec Ahmet nous avions passé une année 2015 ensemble chez Torku et je suis persuadé qu'il aurait pu s'exprimer avec Israel Cycling Academy. Hélas la pression de son entourage faisant l'amalgame avec certains décisions de politique internationale et le sport, a fait qu'il a démissionné très tot malgré l'appui de l'équipe et des ambassades concernées. C'est une déception mais c'est aussi un choix de sa part .

Pour revenir au sportif quel bilan global tires-tu de la saison 2018 ?

La saison fut bonne avec 15 victoires et de nombreuses places d'honneur, une participation à de grandes et belles épreuves tout au long de la saison. Une belle 7ème place au Circuit Continental pro et si on met tous les classements ( Asie / Usa / Europe ) dans un même calcul (comme cela sera le cas en 2019 cela nous place dans le top 5. C'est le fruit d'un gros travail de Kjell et Ran qui ont fait progresser la structure en 1 an. 

Tu étais aux premières loges lors du Giro en Israël, que peux-tu nous dire de l’engouement populaire sur place, et de la manière dont les locaux ont perçu l’événement ?

Ce fut extraordinaire, le vivre de l'intérieur avec nos amis israéliens, juste très émouvant. Pour eux il s'agissait d'une communion qui allait au delà du sport. Un vrai partage de sourires dans un élan national autour du sport. Imaginez que 3 mois avant le départ du Giro en Israël, celui-ci n'avait pas de sens pour certains et que sur ces 4 jours avec un gros travail de communication le CYCLISME a réuni plus de 4 millions de spectateurs dans une frénésie extraordinaire, et une fierté nationale.

On sent que l’équipe est orientée principalement vers les sprinters, pourquoi ce choix ?

En effet mais pas seulement nous avons a coeur de garder l'ADN du Team ICA avec de nombreuses échappées. Mais oui le sprint est important car sur de nombreuses épreuves les équipes de sprinters contrôlent le peloton afin de favoriser leur sprinter. De plus l'évolution des règlements fait qu'une bataille pour avoir cette invitation sur les Grands TOURS va être de plus en plus féroce. Il est donc vital de tendre vers ce domaine lorsque les coureurs pour un classement général restent hors de prix pour notre budget.

Vous allez d’ailleurs vous renforcer dans ce domaine l’an prochain, avec les arrivées de Minali, Cimolai et Barbier, qu’est-ce qui vous a convaincu de tenter de les relancer ?

Ce sont des coureurs qui ont travaillé pour de grands sprinters comme Arnaud Demare ou qui ont évolué dans des équipes plus orientées vers les classements généraux de Grands Tours, donc qui mettent en place des stratégies qui ne donnaient pas forcément à ces garçons l'occasion de jouer leur propre carte avec le soutien nécessaire. Ils auront donc l'opportunité d'être les sprinters et d'avoir un noyau autour d'eux pour les aider à performer. A eux de confirmer et nous serons encore une fois sur beaucoup de courses donc les opportunités ils les auront.

Quelles seront les ambitions la saison prochaine ?

Nous tenons déjà à remercier tous ceux qui nous ont invité l'an dernier, cette année nous pouvons compter sur un effectif de 30 coureurs et nous avons le soutien de beaucoup d'organisateurs dont un certain nombre en France. Nous serons présents pour gagner et coller au plus prêt aux nouvelles règles UCI. Ce n'est pas une surprise de vous dire que faire partie des 2 premières équipes Conti-Pro qui se verront offrir une invitation directe sur les grands TOURS en 2020 est un objectif pour tous ceux qui seront dans cette division, c'est notre cas. Nous ne perdrons pas pour autant notre ADN, qui consiste à être présents dans les échappées.

Et à moyen terme, est-ce le but de participer au Tour de France ?

Qui ne souhaite pas aller au Tour de France ? Nous n'échappons pas a cette quête du Graal. Le Tour, c'est magique et si nous pouvons faire en sorte que Israel Cycling Academy puisse goûter à ce rêve, nous en serions très honorés.

Pour conclure, un mot sur Quentin Valognes, qui stoppe sa carrière, et plus généralement sur Novo Nordisk, quel regard portes-tu sur le projet avec un an de recul ? Est-ce la fin du rêve de disputer le TDF 2021 ?

Quentin est un garçon plein de ressources. il a sûrement mesuré tous les tenants et aboutissants pour prendre sa décision. Il a fait le plein d'expérience et d'énergie, et il a fait beaucoup de progrès. Il donne aussi des conférences pour Novo Nordisk, où il évoque son expérience de la pratique du sport avec du diabète.

J'ai découvert le diabète a travers lui et l'équipe je ne savais pas combien c'était impliquant, je peux vous dire que l'on ne parle pas d'un simple rhume, mais bien d'un mode de vie avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Ils sont incroyablement forts mentalement pour arriver à performer à ce niveau, croyez-moi. Franchement Respect!

Faire le tour avec 100/100 de coureurs diabétiques me semble difficile mais avoir un team mixte avece la participation de coureurs comme Charles Planet cela serait un beau message (Dominique Garde l'ayant déjà prouvé par le passé) et communiquer autour permettrait de donner confiance aux diabétiques du monde entier. 

Propos recueillis par Mylène Terme