Bonjour Julien, sans trop rentrer dans le détail, quel bilan global tires-tu de la saison 2021 d’Ag2r-Citroen ?
Un bilan plutôt favorable, on a réalisé une bonne saison, et notamment quelque chose qui nous tenait à coeur, c’est à dire remporter une étape sur les 3 Grands Tours, il y a aussi la 4ème place de Ben O’Connor sur le Tour de France, on avait forcément un peu d’appréhension après le départ de Romain, et on a réalisé une Grande Boucle au-delà de nos espérances. On connaît l’importance du Tour dans les bilans, et si l’on rajoute la belle progression de Benoit Cosnefroy qui remporte sa première course World-Tour, sans oublier Stan Dewulf qui conclut bien l’année, mais aussi Dorian Godon, qui remporte la Coupe de France, c'est un très bon bilan. Je rajouterai aussi ce beau podium obtenu par Greg Van Avermaet lors du Tour des Flandres. Notre classement UCI, reflète aussi cette belle saison et montre notre régularité tout au long de l’année.
La grande satisfaction, c’est forcément Ben O’Connor est-ce que tu t’attendais sincèrement à le voir afficher ce niveau ?
Non, pour être honnête avec toi on avait plus la prétention de terminer avec lui entre 8 et 12 au classement général. On savait que c’était un très bon grimpeur comme il l’a prouvé notamment l’an passé sur les routes du Giro, il avait également été très satisfaisant en début de saison, et ce sur pas mal d’épreuves, et c’est pour cela qu’on partait avec des ambitions sur le Tour de France, mais moins forcément que par le passé avec Romain Bardet. En plus, et comme d’autres coureurs, il a subit une grosse chute lors de la première étape, mais il n’a rien lâché et quand on voit trois semaines plus tard sa 4ème place au général, on se dit qu’il a bien fait de rester concentré malgré la douleur.
Quelle est la plus belle satisfaction cette année ? La 1ère de Cosnefroy en World-Tour, le top 5 d’O’Connor sur le Tour de France ou bien les succès obtenus sur les 3 Grands Tours ?
La victoire sur les 3 Grands Tours, on l’avait vécu avec l’équipe en 2006 donc ça date, et pour moi c’était par conséquent une première. On s’est rapidement pris au jeu après la victoire d’Andrea Vendrame lors du Giro, et forcément, suite au succès de Ben sur le Tour, je suis arrivé au départ de la Vuelta en mettant un peu cet objectif dans la tête du staff et des coureurs. On sait qu’il n’y a pas beaucoup d’équipes qui réalisent cette performance, surtout comme nous qui n’avons pas vraiment de sprinter, c’est ce qui donne encore un peu plus de saveur je trouve, car c’est un peu plus simple avec un grand sprinter, et c’est donc ce que je retiens en priorité, ce succès d’étape lors des 3 Grands Tours.
Sur le papier, le groupe des flandriens était très costaud, mais ça ne s’est pas forcément vérifié sur le terrain, quel regard portes-tu sur leurs performances ?
Oui, avec Vincent Lavenu on a construit depuis plusieurs années un groupe de flandriens en essayant d’ajouter saison après saison les bons éléments. Cela a plutôt bien fonctionné d’ailleurs ces dernières années. Je trouve qu’on a fait des classiques plutôt intéressantes jusqu’au Tour des Flandres, où Greg termine 3ème, et on sait à quel point c’est difficile d’aller chercher un podium sur cette course. Mais c’est clair aussi que dans l’ensemble on attendait peut-être un petit peu mieux. A cause du Covid, et comme toutes les équipes, nous n’avons pas pu faire de stage de cohésion en fin de saison dernière, où il n’y a eu aucun rassemblement avant janvier, et comme vous le savez, nous avons beaucoup recruté à l’intersaison, il y avait beaucoup de nouveaux, et à la sortie des classiques, on s’est dit qu’il n’y avait peut-être pas encore cette osmose, c’est important dans la vie d’un groupe, et sur les classiques, il faut avoir une véritable cohésion de groupe, et je pense que cette absence de moments partagés à l’intersaison a joué, ce pourquoi on part beaucoup plus confiants également pour 2022.
Côté déception, on notera forcément Bob Jungels, n’était-ce que lié à des pépins physiques ou y a t-il aussi un souci dans la manière d’approcher les compétitions ?
Je pense que c’est uniquement lié à des problèmes de santé, il a quand même subit une double intervention au niveau de l’artère iliaque au mois de juin, c’est un gros problème pour les cyclistes, et Bob traînait tout ça depuis plusieurs mois, ce qui explique ses performances. Je pense que ces problèmes sont derrière lui maintenant, et ça m’a fait plaisir de le voir actif dans le final de Paris-Tours où il a fait un très bon boulot pour Stan. Je suis persuadé qu’il fera une belle saison en 2022, il a un sens du collectif très prononcé et il s’est très bien intégré.
Pour finir sur le bilan, la rédaction de Velo-Club a mis 14.8 à la saison d’Ag2r, est-ce que cela te paraît correct, quelle note aurais-tu mis ?
Oui, ça me semble réaliste, j’aurais mis entre 15 et 16 mais je suis un peu chauvin et je défends l’équipe c’est logique. On aurait aimé un peu plus de victoires mais si Velo-Club nous met quasiment 15, c’est quand même une excellente note et je pense que l’ensemble des fans et des médias ont vu que l’équipe Ag2r-Citroen avait réalisé une très belle saison, complète du début à la fin, et comme je le disais, cette note autour de 15 est tout à fait logique.
Qui dit fin de saison dit forcément mercato, après Paleni l’an passé, l’équipe a perdu Romain Grégoire cette année, comment expliquer cela ?
Je pense que ce sont deux situations différentes. Romain habite à Besançon et son club est très attaché à la Groupama – FDJ, je ne peux pas forcément vous en dire beaucoup plus car ce n’est pas moi qui ait la responsabilité du recrutement des jeunes coureurs U19, j’agis plus au niveau des pros, mais c’est vrai qu’il y avait de la déception malgré tout de ne pas récupérer Romain Grégoire, même si on ne sait pas de quoi l’avenir sera fait, et peut-être qu’un jour à l’avenir on le retrouvera dans les rangs de la formation Ag2r-Citroen.
Clément Berthet a rejoint l’effectif en août, comment juges-tu ses premiers pas avec l’équipe, et quelle évolution vois-tu pour lui pour 2022 ?
C’est un coureur très intéressant, qui n’a vraiment aucune expérience de la route. On le connaissait un peu grâce à ses résultats en VTT, et notamment Jean-Baptiste Quiclet qui habite pas très loin de chez lui. On voit que c’est un garçon qui a un niveau physique élevé, on sent qu’il a un énorme moteur, et on a vu par le passé que des VTTistes comme lui pouvaient très bien se comporter sur la route avec l’exemple de Jean-Christophe Péraud notamment. Il a forcément beaucoup à apprendre mais on sent qu’il en a envie, et qu’il est très à l’écoute des conseils du staff, et c’est très intéressant de travailler avec lui. Je suis donc plutôt optimiste sur sa progression et sa capacité à réaliser une belle carrière sur la route.
Pour conclure, un mot sur l’arrivée de Felix Gall, qu’est-ce qui vous a séduit chez l’ancien champion du monde juniors ?
Ses qualités de grimpeur, on sait que c’est important dans une équipe et l’an passé on a basé notre recrutement plus sur des profils de flandriens notamment. En 2022, on cherchait donc plus des grimpeurs, comme Clément Berthet, Valentin Paret-Peintre et aussi Felix Gall donc. Il se sentait un peu à l’étroit chez DSM avec très peu de jours de courses, et il sait que les équipes françaises ont un calendrier très dense. C’est un garçon très jeune qui a la capacité de briller sur des courses par étapes, et en 2022 il va découvrir un peu le niveau World-Tour, car pour l’instant il n’a pas forcément beaucoup eu l’opportunité de courir à ce niveau. Il a les aptitudes pour briller sur des courses difficiles, et on sait que c’est un peu l’ADN de l’équipe, ces épreuves difficiles, même si il faut bien entendu trouver un bon équilibre.
Propos recueillis par Mylène Terme