Interview : Juanjo Oroz " L'idée n'est pas d'aller acheter un champion, mais d'essayer de le façonner par nous même"

Interview : Juanjo Oroz " L'idée n'est pas d'aller acheter un champion, mais d'essayer de le façonner par nous même"

C'est l'équipe qui monte, de l'autre côté des Pyrénées. Après une année en Continentale, l'équipe Kern Pharma sera en ProTeam l'année prochaine. Portée par l'association Galibier et avec à sa tête le tandem Manolo Azcona-Juanjo Oroz, Kern Pharma s'appuie sur le vivier maison de l'équipe amateur navarraise Lizarte , qui a déjà vu défiler nombre de futurs coureurs professionnels, parmi lesquels, Joseba Beloki, Andrey Amador, Marc Soler ou Richard Carapaz.

L'équipe est sur le point de boucler son effectif 2021, avec un recrutement fidèle à sa philosophie, basée sur la jeunesse et la formation. Ont ainsi déjà signé : Diego Lopez Fuentes (en provenance d'Euskaltel-Euskadi) et les néo-professionnels Jordi Lopez (Lizarte) vainqueur de la Coupe d'Espagne sub23, Raúl García Pierna (Lizarte) et son frère Carlos (Caja Rural-Seguros RGA), ainsi que le tchèque Vojtěch Řepa, médaillé de bronze sur les Championnats d'Europe Espoir, dont la route vient de croiser celle de Kern Pharma en Serbie, lors de la Belgrade-Banjaluka (Europe Tour, 2-1). C'est d'ailleurs là que Enrique Sanz a inauguré le palmarès de l'équipe, avec une victoire lors de la 3e et avant-dernière étape.

Juanjo Oroz, l'ancien coureur d'Euskaltel-Euskadi et désormais manager général de Kern Pharma, nous confie ici ses espoirs et ses ambitions pour les années à venir.

L'équipe vient d'accéder comme prévu à la ProTeam, on vous imagine satisfait ?

C'était notre première année en Continentale, nous avons fait de bonnes choses, et en compagnie de nos jeunes coureurs nous franchissons une étape importante avec ce passage en ProTeam. C'est bien sûr un grand changement pour l'équipe, avec un effectif désormais plus important, un nouveau calendrier, et notre ambition ainsi que nos espoirs restent intacts, comme au premier jour.

La prochaine étape est de participer à un grand Tour, la Vuelta en l’occurrence. Avec un grand départ à domicile favorable à Burgos-BH, le match entre Caja Rural, Euskaltel et Kern Pharma s'annonce déjà serré pour aller chercher cette deuxième invitation.

La réponse est entre nos mains, nous devons montrer que nous méritons cette invitation. L'organisateur a le dernier mot bien sûr, mais nous devons faire notre travail au mieux, montrer ce nous valons sur la route, donner une bonne image de nous même. Tout cela dépend de nous. Si cela est serré avec d'autres équipes, c'est une autre histoire. Nous resterons fidèles a nos idées, à nos valeurs. Dès le début de l'année prochaine nous donnerons le meilleur de nous même, avec cette envie de vouloir y participer.

L'effectif va donc passer de 14 à 20 coureurs en ProTeam. Il n'est pas encore tout à fait boucler à ce jour (interview réalisé le 05/11/20), mais vous continuez de privilégier les jeunes.

Oui nous continuons de travailler dans la continuité de l'esprit Lizarte, ou en faisant venir de jeunes éléments de l'extérieur, comme le tchèque Vojtěch Řepa, un très bon coureur, médaillé aux Championnats d'Europe Espoirs. Nous gardons cette philosophie qui est de travailler avec un effectif jeune et de qualité. Pour l'instant nous sommes tout à fait satisfait et nous n'allons pas tarder à communiquer sur l'effectif complet.

On peut imaginer qu'un autre profil semblable à Vojtěch Řepa en fasse partie ?

C'est intéressant de découvrir aussi le cyclisme sur des courses ou dans des horizons différents du notre. Nous avons bien sûr ici une culture cycliste très riche, mais si des coureurs viennent d'autres pays, comme Vojtěch Řepa, nous allons aussi apprendre avec eux. Cela nous enrichi aussi quelque part et ce peut être une bonne chose pour nous.

Vous avez avancé des objectifs très ambitieux dans les années à venir, à savoir commencer par monter sur le podium de la Vuelta et même remporter par la suite un Grand Tour. Votre projet est donc basé sur la formation, mais pour parvenir à réaliser ces objectifs, ne faudra-t-il pas aller chercher des coureurs en World Tour ?

Notre but est de faire en sorte d'arriver à ces objectifs avec nos coureurs. Nous croyons beaucoup dans notre travail et dans nos jeunes. Si nous travaillons bien et que ces derniers continuent de progresser dans les années à venir, pourquoi ne pas se hisser avec eux parmi les meilleurs ? Avec de la patience, énormément de travail et bien sûr de l'ambition, nous pouvons nous élever avec nos coureurs dans les prochaines années. L'idée n'est pas d'aller acheter un champion, mais d'essayer de le façonner par nous même. C'est ça notre but.

Jusqu'à se hisser peut-être un jour en World Tour ?

Je crois qu'il faut être prudent et ne pas brûler les étapes. Nous avançons pas à pas et allons déjà franchir un cap en étant en ProTeam. Si l'on travaille comme il faut, nous verrons bien dans trois ans ce que cela peut nous apporter.

Votre projet repose sur deux piliers, la formation donc, et aussi un sponsor solide. Dans le contexte économique actuel, c'est loin d'être négligeable ?

Nous sommes très heureux d'avoir Kern Pharma à nos côtés, avec des personnes qui comprennent parfaitement notre philosophie. C'est un appui solide de la part d'un grand sponsor, comme de la part de nos autres partenaires et nous espérons bien sûr que nous allons poursuivre cette aventure ensemble.

Dans un précédent entretien, Francis Lafargue (en charge des relations publiques), nous confiait qu'il retrouvait à vos côtés l'esprit de l'équipe Reynolds à ses débuts.

Francis Lafargue est une très belle personne et nous sommes très heureux de travailler avec lui. Il a vécu là bas une autre histoire, que nous avons connu et suivi dès l'enfance, ici en Navarre, et qui nous a bien sûr beaucoup appris. Pour l'instant nous ne connaissons pas la suite, nous savons juste que nous sommes Kern Pharma, une autre équipe, mais avec beaucoup d'espoir.

Propos recueilli par Ximun Larre. Crédit photo : Kern Pharma (tandem Manolo Azcona-Juanjo Oroz)

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