Interview : Guillaume Martin "Lever les bras en World-Tour"

Interview : Guillaume Martin "Lever les bras en World-Tour"

Interview. Guillaume Martin « Lever les bras en World Tour ! »

Avec Elia Viviani, il est la recrue phare d'une formation Cofidis qui retrouve le World Tour. À quelques jours de sa reprise au Tour de San Juan, Guillaume Martin revient avec nous sur sa belle saison 2019 et évoque ses objectifs pour 2020.

Comment se sont déroulées ces premières semaines au sein de la formation Cofidis ?

Le stage à Calpe a été productif et je suis assez content de la manière dont les choses se passent pour le moment. La dynamique est bonne.

Quitter Wanty-Groupe Gobert a été une décision difficile à prendre ?

Forcément. J'étais attaché à Wanty qui m'avait fait confiance en me faisant passer professionnel et qui m'a fait grandir. Après, je n'avais pas envie non plus de faire l'année de trop et je pense qu'à un moment c'est important de changer dans la vie afin de ne pas se trouver dans une certaine routine. Puis il y a eu ce projet de passage en World Tour avec Cofidis qui était motivant.

Le choix de rejoindre Cofidis a été rapide ?

J'ai eu plusieurs propositions, et de la même manière que je me suis posé la question de savoir si il fallait quitter Wanty j'ai fait le bilan entre les plus et les moins pour chaque formation. J'étais convaincu qu'il n'y avait pas d'équipe parfaite, mais je me suis dit qu'à ce moment de ma carrière Cofidis était l'équipe qui réunissait le plus d'éléments positifs.

Quelles étaient les autres formations concernées ?

Je ne préfère pas les nommer. Il y avait des équipes françaises, mais aussi des formations étrangères dont certaines parmi les plus belles du World Tour. Pour moi, revenir en France n'était pas un objectif à tout prix.

Un mot sur ce groupe Cofidis que vous découvrez...

L'effectif, tel qu'il était, était déjà de qualité. Pour le passage en WT, Cofidis remplissait déjà le critère sportif. Après, effectivement, il y a eu un recrutement de choix avec Elia (Viviani), Nathan Haas ou Julien Vermote qui sont des coureurs qui ont l'expérience des épreuves World Tour. Je pense qu'il y a moyen de faire quelque chose de très bien. Après, il ne faut pas non plus être prétentieux et dire qu'on va tout exploser (rires). Non, on ne va pas gagner le classement World Tour. C'est un projet à long terme. Cédric Vasseur a l'ambition de développer l'équipe d'année en année. Thierry Vittu l'a aussi rappelé à la présentation. Il faut qu'on franchisse les marches petit à petit et l'équipe a déjà franchi un grand pas cet hiver.

Comment qualifieriez-vous votre saison 2019 ?

Elle a été excellente. Après, il manque peut-être un petit quelque chose pour qu'elle soit exceptionnelle. Je termine tout de même deuxième coureur français au classement UCI. C'est quand-même le témoin de ma régularité tout au long de la saison et cela dès ma première course au Challenge de Majorque où j'ai terminé 2ème fin janvier jusqu'à fin octobre où j'ai porté le maillot de meilleur grimpeur sur le Tour de Guangxi. Au milieu de ça, il y a eu une victoire en Sicile. Une 12ème place au classement général du Tour, une 8ème place au Tour de Catalogne, puis pas mal de places d'honneur en fin de saison. Vraiment, j'ai été présent tout au long de la saison et sur 90 jours de courses il n'y en a pas eu beaucoup où je n'ai pas été en mesure de vraiment jouer quelque chose. Cette régularité est vraiment le signe des progrès que j'ai fait d'années en années.

Que vous inspire votre calendrier 2020 ?

L'idée est de changer de fusil d'épaule par rapport à ce que j'ai pu faire par le passé. La régularité, je sais que je sais faire. Mais pour viser encore plus haut il faut réussir à faire des croix sur certaines courses pour mieux cibler ses objectifs. Je courrais notamment un peu moins en début de saison, mais j'aurai à cœur sur chaque course d'être vraiment là pour jouer la gagne. Après, l'objectif majeur reste le Tour de France. Je ne veux pas dire que la première partie de saison est secondaire, ce n'est pas dans ma nature. Mais l'objectif de Cofidis est la Grande Boucle. Je vais essayer d'y être dans les meilleures dispositions avec une dizaine de jours de course en moins par rapport à l'an dernier. Cela devait m'apporter un surcroit de fraicheur pour essayer de faire encore mieux qu'en 2019.

La reprise sur le Tour de San Juan va donc être en douceur ?

L'objectif va être de prendre mes marques en course avec l'équipe. Le parcours n'est pas particulièrement difficile mis à part une étape. Je l'envisage donc presque comme un stage de début de saison au chaud. Il n'y aura pas de pression particulière même si j'aurai envie de faire au mieux d'autant plus que la condition est déjà assez bonne.

Outre le Tour de France, vous fixez-vous d'autres objectifs pour cette saison ?

J'aimerai bien enchainer avec la Vuelta, c'est pour cela aussi que je vais moins courir en début de saison. La fin d'année sera chargée car en parallèle de ces deux événements il y en a deux autres aussi auxquels je pense ce sont les JO et les Championnats du Monde.

Revenons au Tour de France. Vous avez terminé 12ème en 2019 en perdant notamment pas mal de temps lors des contre-la-montre. Comptez-vous travailler plus spécifiquement cet exercice ?

L'an dernier, si on enlève le chrono le résultat serait le même. Puis pour viser un Top 10 en 2020 vu le parcours, je ne pense pas que ce soit un vrai handicap. Après, si on veut se rapprocher encore plus haut, c'est sûr que ça va devenir un problème comme sur les courses d'une semaine. C'est un exercice que je travaille déjà. Je vais continuer à le faire évidemment sans me transformer non plus. Je suis le coureur que je suis avec mes cinquante-sept kilos (rires), je ne pourrais je pense jamais remporter un chrono. Donc limiter la casse, oui. Mais je ne vais pas me transformer en tant que coureur.

Pour conclure, que serait pour vous une saison 2020 réussie ?

Ce serait vraiment de lever les bras sur une épreuve World Tour. Je ne suis pas passé loin l'an dernier au Dauphiné. Et puis si possible sur une très belle course comme sur un Grand Tour.

Propos recueillis par Alexandre Paillou (photo : Mathilde L'Azou)

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