Sportivement, 2017 s'est plutôt bien déroulé, notamment grâce à Ilnur Zakarin, que regard portes-tu sur sa saison ?
Ilnur est un excellent coureur, et un des principaux protagonistes sur des épreuves de trois semaines. Il aussi une grande marge de progression. C’est un coureur moderne, qui grimpe bien et qui roule bien. J'entends parler que son "talon d'Achille" consiste en sa manière de descendre, mais je vous assure que ce n’est pas le cas. Alberto a aussi été victime de chutes, et ça n’en fait par exemple par un mauvais descendeur.
L'an prochain, l'équipe va perdre Kristoff mais recruter Kittel, qu'est-ce qui vous a amené à changer de sprinteur, et pourquoi avoir choisi Marcel Kittel ?
Je suis arrivé chez Katusha-Alpecin cette saison, donc j’ai manqué les grands moments d’Alexander Kristoff, qui a fait une belle saison, malgré le fait d’avoir manqué les rendez-vous du printemps. Je pense que c’était une bonne décision de changer de sprinter, cela donne de nouvelles motivations, et même si Marcel Kittel ne vise pas les classiques, il est la meilleure alternative et va à coup sûr réaliser de grands numéros chez nous.
Parmi les recrues, on note également la présence de deux jeunes espoirs, Steff Cras et Matteo Fabbro, peux-tu nous les présenter ?
Les deux sont deux bons grimpeurs, je ne connais pas bien Steff, je l’ai suivi seulement sur le Tour de l'Avenir où il a été très fort. En étant Italien, je connais plus Matteo, son nom était sur toutes les lèvres, et je suis content qu'Azevedo ait pu lui proposer un contrat. S’ils ont la patience de grandir tranquillement, ils seront sûrement deux protagonistes en montagne dans les prochaines années. L’équipe croit en ces athlètes comme Biermans, Wurtz, Mathis, Politt et Restrepo qui ont tous moins de 25 ans.
Côté départs, on note celui de Mamykin, qui n'a pas brillé cette année, qu'est-ce qui n'a pas marché pour lui en 2017 ?
Matvey est un talent précoce qui a franchi un grand pas en passant l’an dernier d’une équipe nationale au World-Tour. Un trop grand saut pour un garçon comme lui, et une ou deux années dans une équipe de seconde division lui permettront d’apprendre à être un meilleur professionnel. Et puis j’espère qu’il va revenir...Peut-être avec nous, ça serait bien.
Baptiste Planckaert a aussi eu du mal cette saison et n'a pas confirmé sa belle année 2016, comment l'expliquer, et quel sera son rôle en 2018 ?
Baptiste a fait une bonne saison à mon avis, il est clair que tu ne réussis pas à faire les mêmes résultats en Conti-Pro qu’en World-Tour. Tout est différent. Vitesse, leadership, distance, tous ces facteurs qui font qu’un athlète a besoin de temps pour s’adapter.
Un mot sur Restrepo, qui a vécu une 2ème partie de saison compliquée, le verra t-on à 100 % dès le début de l'année 2018 ?
Il était bien parti en Australie, mais n’a pas réussi à se maintenir au même niveau qu’au mois de janvier. J’espère qu’il va trouver de la constance et faire une belle saison 2018, car le potentiel, il l’a.
L'an prochain, il n'y aura que 8 coureurs par équipe au départ du Tour de France, peut-on voir Kittel et Zakarin au départ selon toi, ou est-ce impossible de cumuler ?
C’est trop tôt pour le dire. Nous devons bien analyser les parcours de tous les grands tours et puis tacher de choisir ceux qui s'adaptent à nos athlètes au mieux. Mais pourquoi pas ? Marcel est un coureur qui réussit à faire les sprints aussi sans un train de 5 coureurs. 2 coureurs à son service et le reste pour Ilnur, c’est possible. La saison passée au Tour de France nous avions le train le plus fort mais nous n'avons pas gagné d'étape, Marcel en a gagné 5.
Pour conclure, chez Katusha, il n'y a qu'un grand leader pour les courses par étapes, Ilnur Zakarin, et de nombreux leaders seront en fin de contrat en 2018, peut-on vous voir approcher des coureurs comme Thibaut Pinot, ou bien Geraint Thomas l'an prochain ?
Cela dépend du management et du budget. Ce sont tous des coureurs qui comptent beaucoup à ce niveau, et je pense que ce sera difficile. Nous devons aussi considérer que nous avons dans l’effectif des garçons comme Spilak, capable de bien figurer à Paris-Nice et au Tour de Suisse. Tony Martin, qui est performant sur le chrono et lors des classiques, sans oublier les nouvelles recrues, Haas, Dowsett, Cras, Fabbro, Smit et Boswell dont nous avons déjà parlé.
Propos recueillis par Mylène Terme