Interview, Dmitriy Fofonov : "Une année difficile à gérer"

Les années se suivent et ne se ressemblent malheureusement pas toujours pour Astana qui après deux saison 2019 et 2020 couronnées de succès a accusé le coup en 2021. La faute essentiellement à cette incertitude qui a longtemps plombé les perspectives de l'équipe kazakhe. 

Premier Tech parti (en route pour Israël Start Up Nation) l'équipe se nommera Astana Qazaqstan Team en 2022 le Kazakhstan ayant décidé de revenir sur le devant de la scène. Et plutôt avec ambition en témoigne la création récente de la structure développement dont Gianmarco Garofoli sera le leader. 

Dmitriy Fofonov, lui, ne sera plus manager général de l'équipe en 2022 mais simple Directeur Sportif. Nous sommes revenus avec lui sur cette difficile année 2021.

C'est l'heure des bilans. On imagine que vous attendiez plus de cette saison 2021 ?

On espérait mieux, mais on a fait ce qu'on a pu compte tenu des circonstances que l'on connaît. Ce fut une année difficile à gérer, du moins pour moi personnellement. Toute cette incertitude concernant l'avenir de l'équipe ne nous a pas aidé pour travailler. On a fait notre maximum. Jusqu'au Tour ça allait, mais après ce fut vraiment compliqué. 

Est-ce que vous retiendrez quand même du positif de cette saison ?

On ne peut pas dire qu'on a été inexistants. C'est vrai que d'un point de vue comptable si on enlève les titres nationaux, il ne nous reste pas beaucoup de victoires au final (6). Heureusement, Alexey Lutsenko et Samuele Battistella ont fait une belle fin de saison. 

On a vu cette année qu'il y avait cinq phénomènes qui étaient au-dessus du lot, après on a fait ce qu'on a pu derrière.

Si on regarde dans le détail, on doit finir avec dix-huit ou dix-neuf deuxièmes places. On a été présents sur pas mal de courses, mais parfois ce sont quelques centimètres qui ont font la différence entre une victoire et une deuxième place. Ça ne veut pas dire que l'équipe n'était pas bonne. Il nous a manqué ce petit déclic.

Malgré tout on a fait un bon Dauphiné avec la victoire d'Alexey (Lutsenko) sur le chrono et sa deuxième place au général bien aidé par Ion Izagirre. Sur Paris-Nice, on fait 2ème et 3ème. On termine premier au classement par équipes et chez les jeunes. Sur le Giro, on avait construit une équipe jeune autour d'Aleksandr Vlasov qui a finalement terminé 4ème. C'était pas mal.

Un mot sur le Tour ?

La performance d'Alexey Lutsenko (7ème) est quelque chose d'important pour le Kazakhstan. C'était notre seul leader, toute l'équipe l'a parfaitement aidé. Depuis Alexandre Vinokourov, aucun autre coureur kazakh n'avait terminé à une place aussi élevée. 

Si vous deviez mettre une note sur vingt (la rédaction de VCN a mis neuf), quelle serait-elle ? 

Je dirais quinze compte tenu des circonstances. Il faut rester positif. Les coureurs ont fait ce qu'ils ont pu, mais il leur a manqué cette certitude, cette liberté d'esprit qui leur aurait permis de travailler plus sereinement. Ça joue beaucoup car on est humain avant tout.

Lors de notre dernier entretien à l'issue du Tour de France vous nous aviez indiqué que cette incertitude concernant l'avenir de l'équipe vous avait fait rater pas mal de bons coureurs. Finalement, quand on regarde le groupe annoncé pour 2022 on peut dire que vous vous êtes bien rattrapés ?

Oui, c'est plutôt bien. Après les transferts soit vous planifiez tout à l'avance, soit vous attendez les éventuelles opportunités. 

C'est ce qui s'est passé avec Miguel Angel Lopez... 

Oui, Je ne sais pas ce qui n'a pas fonctionné chez Movistar, mais c'est un gamin qui a grandi chez nous. On l'a construit et on sait comment il fonctionne. 

Un autre coureur de caractère va vous rejoindre, c'est Gianni Moscon. Son arrivée est un plus pour les classiques...

Pour les classiques oui, mais pas que. C'est un très bon coureur, capable de gagner des courses. Il aura plus d'opportunités de s'exprimer avec nous. Chez Ineos, la concurrence était rude.

Un mot sur un autre coureur Italien : Simone Velasco qui vient de réaliser une bonne saison avec Gazprom. C'est une autre carte intéressante pour les courses d'un jour ?

C'est un jeune assez stable qui en est déjà à sa sixième saison chez les professionnels. Il a commencé assez tôt. On ne peut pas dire qu'il a gagné beaucoup de courses, mais on le voit souvent dans les classements. C'est un bon finisseur qui passe bien les bosses. On verra bien. Il pourrait tirer son épingle du jeu sur les courses à étapes pour aller chercher des succès.

David De La Cruz arrive lui en provenance de l'UAE Team. Un renfort de poids pour les Grands Tours notamment...

C'est un coureur qui apporte des garanties et qui a terminé 7ème de la dernière Vuelta. Il devrait nous assurer une présence à l'avant dans pas mal de courses.

Andrey Zeits vient d’être officialisé et l’effectif d’Astana compte désormais 29 coureurs. Est-il complet ?

On pourrait avoir un trentième coureur. Un garçon des pays de l'Est.

Vous vous êtes réunis il y a quelques jours du côté de Montecatini Terme pour une première prise de contacts avec les nouveaux arrivants. Avez-vous déjà décidé quel seront vos leaders pour les Grands Tours ? 

Non, on va attendre de voir tous les parcours (le Giro 2022 n'était pas dévoilé au moment de l'interview). Mais bon, le Tour va être très intéressant. 

Son parcours en tout cas ne favorise pas trop un coureur comme Miguel Angel Lopez...

C'est sûr qu'il y a des longs chronos, deux jours d’éventails au Danemark. Puis les pavés, et on ne peut pas dire que ce sont des petits pavés. À côté de ça, il y a de belles étapes de montagne. On en a déjà gagné quelques unes que ce soit à la Planche des Belles Filles ou à Hautacam. En tout cas, le vainqueur du Tour 2022 sera quelqu'un de solide qui passe partout. 

L'objectif d'Astana en 2022 va être d'oublier 2021 ?

Il ne faut jamais oublier, mais plutôt en tirer une expérience. Le nom de l'équipe change, une grande partie de l'effectif aussi, mais on est toujours là pour la gagne ! On va donner notre maximum en essayant de prendre du plaisir.

Pour conclure, un mot sur votre fils Artem qui a rejoint l'équipe AG2R des moins de 19 ans ?

Je suis très content pour lui. C'est lui qui a porté sa candidature. C'est un petit pas en avant. Maintenant, il faut qu'il travaille car la concurrence est rude. Mais il est entre de bonnes mains. Alexandre Chenivesse, le Manager de l'équipe, a une très bonne réputation. C'est une excellente structure pour les jeunes avec en point de mire l'équipe professionnelle dirigée par Vincent Lavenu qui est une personne respectée et qui fait du très bon travail.

Propos recueillis par Alexandre Paillou