Alors qu'il est actuellement sur la Vuelta à la tête de l'équipe Astana-Premiertech, Dmitriy Fofonov a accepté pour Velo-Club.Net de revenir sur les dernières performances de l'équipe et d'évoquer le futur dont ne fera plus partie l'entreprise canadienne Premiertech.
Premiertech a décidé de mettre un terme à son rôle de commanditaire au sein d'Astana. Avez-vous été surpris par cette décision ?
Ça a été discuté. Le Kazakhstan a eu l'opportunité de reprendre à 100% la direction de l'équipe et de gérer comme avant. Premiertech a passé cinq belles années avec nous et nous a notamment bien aidé financièrement au cours des deux dernières saisons. On garde de très bons rapports avec son directeur Jean Belanger qui est un vrai passionné de cyclisme.
On peut s'attendre donc à ce que le Kazakhstan mette plus d'argent ?
Yana (Seel) et Alexandre (Vinokourov) y étaient pour discuter des modalités. Forcément, je pense qu'il y aura plus de soutien.
Ces dernières années, on a senti un petit peu moins d'intérêt du Kazakhstan. Mais on peut le comprendre. Il y a un côté politique à cela avec le changement de Président, il y a eu le Covid et d'autres problèmes. L'équipe Astana n'était pas la priorité. C'est justement pour cela qu'on est reconnaissant de l'aide de Premiertech.
Mais là, c'est un bon signal pour le futur.
Le bon Tour de France d'Alexey Lutsenko y est pour quelque chose ?
Oui, il a voulu essayer de jouer le général. Je vous avait dit avant le Tour qu'il valait mieux gagner trois étapes que de finir huitième. Finalement, on a fait septième (rires). Pour un coureur Kazakh, c'est un très bon résultat. L'an dernier, il avait gagné une étape, cette année il termine deuxième du Dauphiné. C'est vrai qu'on avait comme objectif de remporter une médaille aux Jeux Olympiques. Mais sincèrement, le parcours était beaucoup trop dur.
Vous avez été surpris de le voir tenir à ce niveau sur trois semaines ?
On a bien géré. Il a suivi les conseils et ne s'est jamais mis dans le rouge. On a été un petit peu plus déçu par Jakob (Fuglsang). Mais on ne peut rien lui reprocher. Il avait la motivation, mais il était complètement bloqué. On a fait des tests sur la journée de repos, il était très loin des ses possibilités habituelles. On en a conclu que c'était lié au vaccin. D'autres coureurs dans le peloton ont eu aussi ce problème-là. Les médecins ont constaté que cela arrivait après la deuxième dose.
Alexey Lutsenko lui n'a pas eu de souci à ce niveau-là...
Il a eu sa deuxième dose après le Dauphiné, mais ce n'était pas le même vaccin. La même chose pour les autres coureurs kazakhs. Ils se sont tous vite rétablis.
Quel bilan faites-vous du Tour au final ?
Les coureurs ont bien travaillé et auraient mérité de gagner une étape. Notamment Ion (Izagirre) qui était l'un des plus forts dans l'étape de la Colombière. Mais nous avons commis une erreur en voulant lui donner son k-way. Mais bon, si il ne l'avait pas pris il aurait pu prendre froid. On ne sait jamais. Quoi qu'il en soit il était fâché contre lui-même. Il y a une autre étape où il finit quatrième. Il a bien marché, mais on a eu à faire à des gars qui étaient plus forts. La même chose pour Omar Fraile qui était fort mais qui est tombé sur Bauke Mollema.
Après, si vous faites les comptes, il y a peu d'équipes qui ont gagné des étapes.
Un mot sur les JO. Est-ce qu'on peut dire qu'Alexey Lutsenko a payé physiquement les efforts consentis sur le Tour de France ?
Non, il n'a pas terminé rincé. Mais les conditions aux Japon étaient très difficiles. Il faisait chaud, il y avait beaucoup d'humidité. Puis après on peut toujours espérer, mais si on met de côté nos émotions et qu'on est objectif : techniquement le parcours était trop dur pour lui. C'était vraiment pour les grimpeurs. Il n'y a que Van Aert, sinon, qui a réussi à suivre mais c'est un « spécimen ».
La Vuelta vient de débuter avec Aleksandr Vlasov en tant que leader. Quel autre objectif attend l'équipe pour cette fin de saison ?
Il y a les Championnats du Monde qui peuvent réussir à nos coureurs vu le profil. Je pense notamment à Alexey Lutsenko. Mais c'est délicat à gérer après l'enchaînement Tour de France et Jeux Olympiques.
Où le Kazakh fera t-il son retour à la compétition ?
Sur le Benelux Tour, en compagnie de Jakob Fuglsang.
Passons au recrutement, quand auront lieu les premières annonces ?
Ça va arriver petit à petit. Avec les derniers événements, ça n'a pas été facile de se projeter. On ne va pas le cacher, on a un peu raté des choses au niveau des transferts. On avait des belles discussions, mais quand vous n'avez pas de certitude sur l'avenir c'est compliqué. On voulait garder le noyau dur de l'équipe, ça n'a pas été possible.
Vincenzo Nibali est annoncé en contact avec Astana. Qu'en est-il ?
C'est en discussion. Je ne peux rien dire de plus.
Sonny Colbrelli a aussi été évoqué...
C'est un coureur très intéressant, très fort.
Côté départs, on peut faire un état des lieux ?
Il y en a beaucoup, rien que sur l'équipe qui est sur la Vuelta une bonne partie ne sera plus là l'an prochain.
Alex Aranburu, Oscar Rodriguez et Gorka Izagirre devraient rejoindre Movistar. Qu'en est-il d'Omar Fraile et Ion Izagirre ?
Ils devraient rester.
En Espagne, on parle d'une arrivée de Jonathan Lastra ?
Alexandre Vinokourov fera bientôt le point sur les engagements. Je ne peux pas en dire plus.
Aleksandr Vlasov que vous vouliez conserver a signé trois ans chez Bora. Allez-vous trouver un leader pour le remplacer ?
Est-ce qu'il y a des grands leaders sur le marché ? Je pense que l'UCI devrait travailler sur les transferts. Ça fait un moment qu'on en parle. On devrait pouvoir faire comme au football. Mais je sais que tout le monde n'est pas d'accord là-dessus. Prenez d'un côté par exemple une équipe qui a dix leaders potentiels sous contrat. De l'autre une autre qui arrive avec de l'ambition mais qui n'a pas de grand leader pour les Grands Tours. Les transferts permettraient d'équilibrer un peu tout ça.
Propos recueillis par Alexandre Paillou