Interview : Adrien Guillonnet "Je suis à peu près à mon niveau"

Interview : Adrien Guillonnet "Je suis à peu près à mon niveau"

Quelques jours après la reprise de la compétition, Adrien Guillonnet s'est confié sur ses récentes performances tout en évoquant également la suite de la saison, et l'incertitude qui règne autour de la tenue ou non des épreuves de l'automne.

Pour commencer, comment tu as vécu la coupure de manière générale ?

Personnellement plutôt bien, que ce soit sur le plan physique ou psychologique. Suite à ma chute en début de saison, j’étais éloigné des pelotons et c’est au moment où j’aurais du effectuer ma reprise que le confinement s’est mis en place en France. J’avais déjà un peu débranché, et comme je n’étais pas plongé dans les courses, j’avais vu ça venir et j’avais un petit peu plus de recul. Quand on court on est vraiment focalisé la-dessus, on voit moins ce qui se passe autour de nous. Ensuite, j’ai vécu le confinement dans de bonnes conditions et j’ai pu malgré tout m’entraîner, que ce soit sur home-trainer ou avec pas mal de course à pied. Une fois les restrictions levées, j’ai repris progressivement l’entraînement sur route et de manière plus intensive que durant le confinement. J’ai aussi pu profiter du fait que ma copine bosse en station pour travailler en montagne, et ça m’a permis de retrouver une bonne condition physique.

Ensuite, on a pu effectuer un stage avec l’équipe dans le Cantal, ce qui était important car ça m’a permis de retrouver une vie de groupe, parce que faire du vélo tout seul c’est une chose, mais ce n’est pas tout à fait la même chose en groupe.

Comment as-tu géré justement cette période post-confinement et l’incertitude qui régnait autour de la reprise des compétitions ?

Déjà je pense que les enjeux pour moi sont moindres que pour un coureur World-Tour par exemple. Il y a un peu moins de pression et d’objectifs en vue. J’étais pas forcément inquiet ou focalisé sur la reprise car j’ai toujours eu du mal à me projeter la-dessus. En fait je m’entraînais comme si la reprise allait avoir lieu mais sans trop y penser. Comme j’étais en montagne j’en profitais pour me faire plaisir en roulant. Profiter des lieux et des paysages tout en travaillant.

La reprise s’est faîte en Occitanie, où tu termines à la 22ème place du général, t’attendais tu à être à ce niveau pour un retour à la compétition ?

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, car le niveau était quand même très élevé, en tout cas plus élevé que l’an passé où je termine 17ème du général. Je me disais donc qu’un top 20 vu les conditions, ça serait déjà une belle performance au vu de l’adversité.

Après je ne me fixe pas trop d’objectifs, le but c’était avant tout de pédaler aussi fort que possible et de voir où je me situais (rires). Au final, je pense que je suis à peu près à ma place, quand on regarde les coureurs autour de moi il y a quand même du haut niveau mondial, et quand je prends mes données de puissance, je pense que je suis à peu près à mon niveau, donc je suis plutôt satisfait.

Après c’est vrai qu’entre un top 15 et ma position, il n’y a pas grand-chose en terme d’écarts, donc dans un jour meilleur tu peux gratter 5-6 places, mais ça fait partie des aléas de la course, et globalement comme je te disais je suis à ma place.

C’était par ailleurs la première fois que tu affrontais le top niveau mondial, comment as-tu vécu cette expérience ?

C’est vrai que c’est un peu inhabituel pour moi, même si l’an passé sur la même épreuve j’avais couru avec du beau monde. C’était une bonne expérience, de courir avec eux, de voir ce qu’est le train Ineos qui fait un chrono par équipes à 2-3 sur 150 bornes et qui contrôle l’échappée puis fait péter le peloton un peu comme ils veulent. C’est pas pareil que de le voir à la télé (rires), et ça donne l’impression qu’il y a deux courses dans la course, celle des leaders qui jouent la gagne et celle des autres, voilà un peu comment j’ai vécu tout ça.

Est-ce qu’il a été dur l’enchaînement avec le Tour de l’Ain ensuite ?

Je pense que la chaleur a été un premier facteur compliqué, et après oui, l’enchaînement des deux a été un peu court pour moi. Je ne sais pas si ça a été le cas pour tout le monde, mais c’était un peu trop proche, pourtant je n’avais pas forcément la sensation d’avoir terminé la Route d’Occitanie cramé mais l’association fatigue et chaleur a joué. J’avais peut-être un peu trop de fatigue accumulée car je me suis beaucoup entraîné, et avec la chaleur ça ne l’a pas fait. Ça m’a rappelé un peu les sensations que j’avais eu l’an passé lors de l’étape de montagne du Tour de Thaïlande où le cocktail chaleur + fatigue n’avait pas été bon du tout (voir récit), là on n’était pas à ce point, mais ça m’a rappelé un peu cet épisode.

Comment tu vois la suite maintenant, tu t’es fixé des objectifs pour la fin de saison ?

C’est compliqué, car comparé à la sortie du confinement on est immergé dans les courses donc je suis un peu plus dans l’ambiance mais en même temps je me sens encore plus dans l’incertitude que pour l’Occitanie et l’Ain. Je ne m’imaginais pas trop que ces épreuves puissent être annulées mais pour la suite ça paraît plus compliqué. On a le Limousin, les France et le Poitou-Charentes d’ici la fin du mois et ensuite en septembre ça devient compliqué, car on ne sait pas comment les choses vont évoluer et quelles courses vont rester au calendrier.

Surtout que pour les grimpeurs comme toi, à la base il n’y a pas trop de matière en fin de saison

Ouais, après il y a le Limousin qui reste assez usant et où j’espère faire quelque chose si j’ai bien récupéré de l’enchaînement Occitanie/Ain. Éventuellement on a le Tour du Doubs et Paris-Camembert. On envisageait des courses à l’étranger également mais les places sont chères et la situation sanitaire ne permet pas forcément de planifier à ce niveau.

Propos recueillis par Charles Marsault (crédit photo : Elise Chauveau)

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