Depuis plusieurs années désormais, la rédaction de Velo-Club suit l’évolution de la carrière d’Adrien Guillonnet. Et en ce début de de saison un peu particulier, nous avons convenu avec le pensionnaire de la formation Saint-Michel Auber 93 de faire le point. Sur ses objectifs pour la première partie de saison, mais aussi sur l’incertitude qui règne autour de certaines épreuves du calendrier.
Comment te sens-tu après ta première course de la saison ?
Pas forcément au top, il m’en manque encore un peu, surtout au niveau des efforts typiques de la course. Je n’ai jamais vraiment été un coureur de début de saison, mais j’essaie de bien m’entraîner l’hiver pour être prêt. D’abord parce qu’il faut être en forme pour être compétitif mais aussi parce les épreuves du mois de février sont assez exigeantes et peuvent correspondre à mon profil. Mais comme je te le disais, il me manque du rythme et de la répétition d’effort en course pour être bien.
Est-ce que c’est aussi en partie lié à l’incertitude sur le début de saison, dans le sens où on fait peut-être moins les efforts à l’entraînement si on n’est pas certain que la compétition suivante ait lieu ?
Je ne sais pas trop, ce qui est certain, c’est que j’ai abordé différemment la reprise, mais ce n’est pas forcément lié au contexte sanitaire. L’an passé, lors de la seconde reprise je pense que j’en avais un peu trop fait et je suis arrivé fatigué, à la limite du sur-entraînement lors de la première course, et je l’ai très vite payé, à part à l’Occitanie, mais derrière j’étais pas bien et pas bon. J’ai donc essayé de ne pas reproduire la même chose et de trouver un juste équilibre pour aborder ce début de saison.
Après sur les conditions sanitaires, ça rajoute beaucoup d’incertitude, et ça rend très difficile l’idée de se projeter sur la course, mais bon une fois que je suis sur mon vélo et dans mon entraînement, ça change pas grand-chose, à la limite même, faire des exercices aide à se reconcentrer et à se focaliser sur l’effort et sur le vélo.
Tu évoques la fatigue, est-ce pour cela que tu as fait l’impasse sur Bessèges, ou est-ce simplement une question de rotation de l’effectif ?
Ce sont les deux. L’an passé je devais faire Bessèges car il y avait l’arrivée au Mont Bouquet, mais cette année, c’était quand même beaucoup plus plat, et ça correspondait moins à mon profil, donc avec l’équipe on s’est dit que c’était mieux de ne pas rajouter de fatigue. Et effectivement, il faut faire tourner l’effectif et Bessèges correspond plus à d’autres coureurs de l’équipe. On a un petit effectif, et il y a beaucoup de courses en février donc on essaie de gérer au mieux pour limiter la fatigue à la fin de cette séquence.
La suite, c’est le Tour de la Provence, une course qui convient pas mal à tes caractéristiques, avec quelles ambitions vas-tu prendre le départ de l’épreuve ?
J’espère déjà que je serai en meilleure condition qu’au Grand Prix La Marseillaise, sinon ça va être compliqué. Je n’ai pas encore regardé le détail de la start-list, mais il y aura un gros niveau et ça sera compliqué. Entre l’incertitude sur ma forme et le niveau de la course, je ne sais ce que je peux ambitionner.
J’imagine que tu as quand même l’étape du Mont Ventoux dans un coin de ta tête ?
Oui, cette étape là m’intéresse, d’autant plus qu’elle paraît facile à aborder jusqu’au pied du Mont Ventoux. Après c’est difficile de cibler un objectif particulier car je suis quand même un bon ton en dessous des meilleurs mondiaux, et il y aura vraiment un niveau homogène, donc déjà un top 20, ça sera très bien, mais rien que ça, ça va être compliqué à aller chercher. J’espère encore une fois être en bonne condition, et me battre pour pouvoir terminer le plus haut possible.
Pour rester sur cette concurrence World-Tour, comment on voit ça quand on est un coureur de Conti, est-ce que c’est une opportunité de progresser ou au contraire une occasion en moins de briller car c’est plus compliqué d’aller faire une place ?
C’est un peu des deux, ça permet de se jauger et d’avoir une expérience face aux meilleurs mondiaux. Ça remet un peu les pieds sur terre aussi, et comme tu dis ça enlève aussi des opportunités, mais c’est le jeu de la compétition de haut niveau, on ne va pas non plus nous offrir des courses (rires). Après c’est à nous de nous surpasser et de tout faire pour aller chercher un résultat, même si c’est sûr que ce n’est pas facile d’exister à la pédale face aux meilleurs mondiaux.
Derrière la Provence, il y aura le Haut Var, puis les Boucles Drôme Ardèche, mais ensuite, j’ai l’impression qu’il y aura un gros trou et qu’on ne sait pas vraiment comment ça va se passer, comment tu te projettes sur l’après février ?
Je ne me projette pas encore (rires), j’ai mis beaucoup de temps à le faire pour les courses de la reprise, donc le mois de mars c’est encore loin pour moi. Déjà, le calendrier pour nous était moins dense au mois de mars, et là c’est vrai qu’il y a pas mal de courses qui sont annulées ou reportées. Encore une fois, les conditions sanitaires sont très incertaines donc je me projette pas et je me concentre plus sur les courses à venir, Provence, Haut-Var et une des deux courses des Boucles Drôme Ardèche.
De toute manière, je l’ai souvent dit, mais je prends souvent les courses les unes après les autres. C’est une phrase un peu bateau et un peu classique des footballeurs, mais c’est pourtant assez vrai dans mon cas.
Pour terminer, une petite question sur ton nouveau co-équipier, que va apporter Stéphane Rossetto à l’équipe cette année à ton avis ?
J’espère qu’il va apporter plein de positif, c’est quand même un coureur d’expérience et très solide. Déjà sur les profils escarpés, il est plus solide et plus fiable que moi donc ça offre une meilleure garantie à l’équipe et une carte supplémentaire. Plus globalement, c’est un coureur qui peut faire des numéros en échappée, et c’est aussi un domaine où l’équipe doit peser.
Il peut apporter aussi au pôle sprinter, car on a pas mal de coureurs rapides cette année au sein de l’effectif. Stéphane est un excellent rouleur également, et même si il n’y a pas beaucoup de chronos dans la saison, ça nous donne une seconde carte dans ce domaine en plus de Yoann Paillot.
Par Charles Marsault