Dominique Serrano, président GP de Denain : « un passage obligé avant Paris – Roubaix »

Dominique Serrano, président GP de Denain : « un passage obligé avant Paris – Roubaix »

Le Grand Prix de Denain s’élancera à 11h ce jeudi pour 195 kms et près de 23 kilomètres de secteurs pavés. L’Allemand de chez Cofidis Max Walscheid sera présent pour conserver son statut de vainqueur sortant, mais il sera entouré de solides rouleurs capables de lui disputer la victoire à trois semaines de la reine des classiques, Paris – Roubaix. Pour évoquer cette course qui prend de plus en plus d’importance dans le calendrier UCI, Dominique Serrano son président répond aux questions de vélo-club.net à la veille de la 64e édition. Interview.

Regardons d’abord le parcours de la course. Près de 200kms, dont 22.8 de secteurs pavés. Il va falloir être costaud pour faire la différence ?!

Oui d’autant que tous les secteurs pavés vont s’enchaîner. Par rapport à l’année dernière ou c’était une boucle qu’on faisait deux fois avec 6 secteurs à chaque fois. Là tous les secteurs s’enchainent, le maximum séparant deux secteurs doit être de 11 kms. Il va y avoir un enchainement et une meilleure répartition des secteurs pavés.

Il a changé de l’an dernier, plutôt deux petites boucles pour commencer, et surtout une très grande boucle de 100 kms qui devrait éviter les attaques trop tardives comme l’an dernier ?

Oui c’est ça, les petites boucles permettent de faire du kilométrage mais les hostilités vont commencer dans la dernière boucle notamment dans les 80-90 kilomètres. C’est là où seront tous les secteurs pavés. C’était une volonté de notre part. On a repensé un peu la course, où l’an dernier dans la première boucle il ne s’était pas passé grand-chose. Les coureurs savaient qu’ils passaient deux fois aux mêmes endroits donc il y avait en quelque sorte une boucle d’observation. Ce qui ne sera pas le cas cette année, dès les premiers secteurs ça s’enchaîne et pas de passage deux fois au même endroit.

Dedans donc, 12 secteurs pavés sur 22,8 kms. Volonté d’être les seuls, avec Paris – Roubaix à avoir des pavés ? Et volonté de voir du spectacle, d’avoir des échappées au long court ?

Oui quelques courses en Belgique également, mais pas les mêmes pavés que Paris-Roubaix. C’était notre volonté. Notre réflexion était qu’il n’y avait aucune course pour préparer les Flandriennes, et notamment Paris-Roubaix. Comme nous ici on a le terrain de jeu, on a décidé de partir dans cette direction-là.

Les pavés font partie de l’histoire du cyclisme nordiste, un sport historique dans votre région. Est-ce une volonté forte de mettre en avant ce patrimoine matériel dans des épreuves sportives, ou plutôt servir de préparation à Paris - Roubaix ?

On avait vu l’année dernière des cadors, des coureurs de renom qui n’étaient pas spécialistes des pavés qui étaient venus sur Denain pour se tester avant l’étape du Tour qui comportait des pavés et qui arrivait à Aremberg. Cette année nous n’aurons pas les leaders du Tour parce que le Tour ne vient pas dans le Nord, mais notre objectif c’est qu’on soit un passage « obligé » avant Paris – Roubaix.

Placé à 3 semaines de Paris – Roubaix, en catégorie UCI pro séries (jusqu’en 2025) de qualité, ce sont deux gros arguments qui permettent d’avoir une grosse ligne de départ, malgré l’absence de pavés et d’étapes nordistes sur le Tour comme c’était le cas l’an dernier ?!

Oui depuis 4 ans où nous sommes passés en UCI pro séries, on voit que ça a une influence sur le plateau. Est-ce que c’est grâce à ça, peut-être mais c’est vrai que le plateau s’est vraiment étoffé depuis. Cette année on a beaucoup de spécialistes, des jeunes mais des réels spécialistes des courses sur pavés.

Il s’agit donc d’une prépa pour Paris – Roubaix et pour les classiques du printemps, en faveur des costauds capables de partir en solitaire ou tenir tête à un peloton en petit comité ? Quels noms ressortent pour vous dans ce profil-là présents jeudi ?

Je ne vais pas anticiper le scénario parce que je ne le connais pas, mais à mon avis il y aura quand même une échappée matinale dans les premières boucles. Après dès qu’on arrivera dans les secteurs pavés, je pense que ceux qui sont là pour gagner, ou les spécialistes vont enchaîner pour prendre la course à leur compte. Il y a quand même quelques spécialistes, comme le vainqueur de l’an dernier Max Walscheid (Cofidis). On a aussi Stan Dewulf (AG2R citroën), Dries de Bondt (Alpecin-Deceuninck), Hugo Page, Olav Kooij (jumbo-Vismà) qui vient de se distinguer sur Paris – Nice avec une victoire d’étape et une deuxième place. Je pense aussi à Hugo Hofstetter toujours bien placé à Denain, toujours dans le top 5. Thibau Nys de chez Trek, Juan Sébastien Molano (UAE Emirates), ludovic Robeet (Bingoal), Milan Menten (Lotto Dstiny) qui vient de gagner le Samyn. Tom Devriendt aussi, voilà il y a du lourd : Boasson Hagen, Manzin, on a aussi chez les Nordistes de Roubaix Samuel Leroux.

Dans l’histoire, 27 vainqueurs sont Belges lors des 63 éditions (environ 40%), mais c’est moins le cas depuis quelques années …

Oui et ces 40% sont concentrés dans les premières années. C’était une période où la course était dédiée aux sprinteurs mais depuis quelques années ça s’est tout de même internationalisé et on voit que ces derniers temps on a eu des coureurs ici comme Philipsen ou Mathieu Van Der Poel. C’est vrai qu’avant qu’on instaure les pavés, c’était une course plutôt dédiée aux sprinteurs.

Mais il y a aussi les 10 derniers kilomètres sans pavé. Ce qui peut permettre un retour de peloton pour un sprint fourni.

Oui le fait est que l’on n’a pas de secteur pavé qui arrive plus près. On a bien le secteur pavé d’Abscon mais techniquement ce n’est pas possible d’y aller parce qu’on a un passage à niveau, etc.

On l’avait fait quand la course était un dimanche (jusqu’en 2017, ndlr) mais en semaine, c’est impossible car on doit passer devant une usine. C’est comme ça, mais vu le profil qu’il y a avant, je pense que si ça se termine au sprint ce sera avec un petit groupe. L’an dernier ils avaient terminé au sprint, mais ils étaient une vingtaine de coureurs, pas un peloton comme ça pouvait se passer avant.

Denain en chiffres

64e édition cette année, première en 1959 et gros historique belge. Sur les 63 éditions, 27 victoires belges (42%). Ça change du foot

22.8. Le nombre de kilomètres sur les routes pavés du Nord, répartis en 12 secteurs différents. Attaques à prévoir pour faire la différence sur le haut des pavés, les bords de roue s’annonçant boueux.

10kms. La distance entre la fin du dernier secteur pavé et la ligne d’arrivée. Suffisant pour une échappée au long court, ou fin du spectacle pour un finish au sprint comme l’an dernier ?

8402. La prime (en euros) réservée au coureur qui lèvera les bras dans le Hainaut. Il récupèrera également 200 points au classement UCI, la course étant classée « UCI pro séries » depuis 2020.

+600 : Nombre de personnes participant à la bonne tenue de la course. En détail : 60-65 au sein du comité d’organisation, et pour ce jour-là : +100 personnes et 500 signaleurs.

Par Adrien Bray

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