De nombreux tifosi avaient certainement le coeur lourd et l'oeil humide hier au moment où Vincenzo Nibali a annoncé qu'il mettrait un terme à sa carrière professionnelle, et ce après plus de 15 saisons passées au sein des pelotons. Dernière véritable icône du cyclisme transalpin, le sicilien occupait une place à part dans le coeur des fans, et représentait quelque chose de difficilement explicable, cette classe à l'italienne, mêlée à cette bonne humeur et cette gentillesse qui donnait envie d'apprécier le coureur, et ce bien au-delà des frontières italiennes.
Il faut dire aussi qu'il y a toujours eu autour de Nibali un certain mythe, et une capacité à renverser des situations comme lors du Giro 2016, où après la chute du leader Steven Kruiswijk, il a su inverser la tendance lors de la dernière étape de montagne, et subtiliser à Esteban Chaves un maillot rose qui lui semblait pourtant promis. Nibali, c'est également la réputation d'un coureur propre, l'un des rares cadors à avoir traversé les années 2000 et le début des années 2010 sans que le moindre soupçon ou la moindre accusation sérieuse ne soit portée à son encontre.
C'est donc logiquement avec beaucoup d'émotion que de nombreux suiveurs ont réagi à cette annonce, peu surprenante finalement car "Le requin de Messine" a logiquement baissé physiquement depuis quelques saisons, et ne veut certainement pas commettre l'erreur de faire l'année de trop, après de nombreuses saisons passées au sommet, et un palmarès bien fourni.
Car NIbali, c'est avant tout un palmarès exceptionnel, l'un des plus étoffés de ces 20 dernières années, et mis à part un titre de champion du monde, il ne manque pas grand chose à son tableau de chasse.
Vainqueur de Milan San Remo et du Tour de Lombardie, les deux monuments du cyclisme italien, Nibali a également réussi l'exploit d'inscrire son nom au palmarès des 3 Grands Tours. La Vuelta tout d'abord en 2010, le Giro ensuite en 2013, et enfin le Tour de France en 2014. Un Tour de France qu'il avait dominé de la tête et des épaules, que ce soit en montagne ou lors des étapes piégeuses de début de course.
Victorieux également de Tirreno-Adriatico, du Grand Prix de Plouay, ou encore de son championnat national, l'actuel pensionnaire de la formation Astana possède à son actif pas moins de 57 succès, le dernier en date étant le classement général du Tour de Sicile, remporté en fin de saison dernière.
Et pour boucler la boucle, pourquoi pas espérer un dernier succès d'envergure sur le Giro, en montagne et en 3ème semaine, une 3ème semaine de Grand Tour où il a toujours montré que ses capacités de récupération pouvaient faire la différence. Sinon il y a aura forcément une dernière occasion lors de la campagne des classiques italiennes de fin de saison, et notamment le Tour de Lombardie, qui devrait être la dernière course de sa carrière, et si il venait à la remporter, Nibali rentrerait encore plus dans le panthéon du cyclisme, et en quittant le vélo par la grande porte.