Tour des Flandres : les favoris de la rédaction

Tour des Flandres : les favoris de la rédaction

A deux jours du Tour des Flandres, 5 membres de l'équipe de Velo-Club se sont prêtés au jeu des favoris, en argumentant sur leur choix, reste désormais à savoir lequel de nos rédacteurs vous a le plus convaincu.

Mads Pedersen : toujours bien placé

Depuis le début de la saison, Mads Pedersen, solide couteau suisse danois, n’a pas connu de coups de mou. Il a répondu présent lors des grands rendez-vous avec une victoire sur le chrono de l’Etoile de Bessèges qui récompense toujours un homme fort sur les hauteurs d’Alès et un sprint sur Paris-Nice à Fontainebleau. Il compte surtout neuf top 10, dont un à Milan-San Remo (5e). Il ne devrait pas connaître de passage à vide alors que se profilent les deux monuments les plus épiques de la saison : le Ronde et Paris-Roubaix. 

On sait que le Tour des Flandres est une course qui donne la prime à l’expérience, dans l’approche des monts, seul Pogacar, et les coureurs de sa trempe, dérogent à ce prérequis. Lors de sa première participation en 2018, à seulement 22 ans, Pedersen n’avait été battu que par Terpstra. Au terme d’une course magnifique d’anticipation et d’abnégation. Parti en avance, il n’avait pas résisté à la force du Néerlandais, mais avait pu terminer devant Gilbert, à la deuxième place, à seulement 22 ans. 

Après trois participations anecdotiques entre 2019 et 2021 (DNF; 59e; DNF), il a renoué avec le top 10 l’année dernière (8e). Il avait surgi du sous-sol du cyclisme pour se propulser vers l’arc-en-ciel de champion du monde en 2019, ce maillot tant convoité dont il aborde fièrement les liserés aujourd’hui. Le Yorkshire avait offert des conditions dantesques n’est pas effrayé par des efforts de plus de six heures, comme les Monuments le demandent. 

La performance collective de la Trek-Segafredo, lors d’à travers les Flandres, mercredi, incite à penser que Pedersen sera bien entouré s’il veut jouer les trouble-fêtes dimanche. En effet, en lançant les hostilités dès la côte de Trieu, à plus de 90 km de l’arrivée, l’équipe américaine se pose sûrement en troisième collectif derrière les armadas que sont Jumbo et Alpecin-Deceuninck. 

Néanmoins, au vu du scénario du Grand Prix E3, vendredi dernier, on voit mal comment les trois phénomènes ne collaboreraient pas jusqu’au bout. Mais en l’absence de Philipsen, Pedersen sera probablement, hors phénomènes, le coureur avec la meilleure pointe de vitesse. Attention au Danois, qui pourrait tirer son épingle du jeu si les épouvantails venaient à se neutraliser.

Tadej Pogacar, apprendre des erreurs de 2022

Déjà très performant lors de sa 1ère participation l'an dernier, Tadej Pogacar revient cette année sur les routes du Tour des Flandres avec un peu plus d'expérience, et certainement une certitude après le Grand Prix E3, pour pouvoir s'imposer, il faudra arriver seul, ou tout du moins sans Van Aert ou Van der Poel.

Et si la tâche paraît dans les cordes du prodige slovène, il faudra tout d'abord être sacrément costaud pour venir à bout du belge et du néerlandais, mais aussi réaliser la course parfaite tactiquement, en portant le moins d'attaques possibles, pour que celles-ci soient assez tranchantes pour lâcher ses adversaires.

Le tout sans oublier le travail de sape qu'il faudra effectuer de la part de son équipe, pour éliminer un maximum de co-équipiers de Van Aert, car les Jumbo pourraient bien sinon être en surnombre dans le final, et on a vu depuis le début de la saison ce que cela donnait quand c'était le cas...

Laporte : Pourquoi pas le hat-trick ?

Et si Christophe Laporte réussissait le triplé ? Après sa démonstration avec Wout Van Aert sur Gent-Wevelgem et sa victoire pleine de caractère sur À travers les Flandres, c'est plein de confiance qu'il arrive sur le Tour des Flandres. Derrière les trois favoris Pogacar, Van Aert, Van Der Poel, il est sûrement le premier outsider, celui le plus en forme. Bien intégré au sein d'un collectif ultra dominateur, il pourrait profiter du marquage entre le trio infernal pour tirer son épingle du jeu et s'envoler vers son premier monument.

L'absence de son coéquipier Dylan Van Baarle est à double tranchant pour lui. Elle peut lui laisser plus de libertés et lui permettre de définitivement se positionner comme le second leader après Wout Van Aert. Dans le même temps, il devient un lieutenant encore plus important pour le belge. Et on peut imaginer qu'après le joli cadeau reçu sur Gent-Wevelgem, le français se dévouera corps et âme pour son leader, et mettra ses ambitions personnelles de côté. Qui plus est, malgré sa très bonne forme actuelle, aura-t-il les moyens de se défaire de Tadej Pogacar et Mathieu Van Der Poel si Wout Van Aert est hors-jeu ?

Ce qui est sûr, c'est que si Christophe Laporte réussit le coup du chapeau, les amateurs de cyclisme que nous sommes devront assurément lui tirer le nôtre. 

Mathieu Van Der Poel, qui d’autre que lui ?

 Qui d’autre que lui pour déjouer les plans de l’armada Jumbo-Visma ? Sur les dernières éditions du Ronde, personne n’a un meilleur bilan que lui. Solide 4ème suite à une course dantesque en 2019 pour sa première participation. Deux victoires suivront sur les éditions 2020 et 2022, ainsi qu’une deuxième place acquise en 2021 au sprint face à Kasper Asgreen. Cette course, plus encore que Roubaix, semble taillée pour lui. 

Au-delà du bilan comptable, VDP aura, à l’inverse des années passées, une équipe solide à ses côtés. Le noyau dur Quiten Hermans, Soren Kragh Andersen et Jasper Philipsen ont tous montré des garanties sur les dernières compétitions et semblent arriver en très bonne forme sur le Ronde. 

VDP arrive donc en terrain connu, dans une forme étincelante et très bien entouré. Les éléments sont réunis pour qu’il aborde cette édition en pleine confiance et que l’on assiste dimanche prochain à un nouveau feu d’artifice dans les monts flandriens. Prenons les paris, le hollandais lancera-t-il les hostilités avant le deuxième passage dans le vieux Quarmont ? Une chose est sûre, la Alpecin-Deceuninck ne manquera pas de mener une course de mouvement afin de prendre les devant et faire subir le poids de la course aux autres équipes. Et pour reprendre un adage footballistique, le Ronde se court en équipe et à la fin c’est Van Der Poel  qui gagne ? 

Wout van Aert, l’objectif ultime

Cela fait des années qu’il court après. Lui le 4x4 surpuissant capable de gagner sur tous les terrains, n’est encore jamais parvenu à remporter le Ronde ni Roubaix, les deux Monuments qui paraissent pourtant lui convenir le mieux. Battu d’en rien en 2020 par son frère ennemi Mathieu van der Poel, il n’était pas dans le coup l’année suivante et a été contraint de tirer un trait sur le Tour des Flandres 2022 en raison d’une contamination à la Covid-19. 

Très discret lors de sa reprise à Tirreno-Adriatico, le Belge a depuis démontré une grande condition bien qu’il n’ait pas été capable de suivre son rival dans le Poggio. Vainqueur du Grand Prix E3 puis vainqueur moral de Gand-Wevelgem, il a l’avantage de n’avoir pas été battu sur les pavés cette saison, si l’on met de côté la victoire cédée à son coéquipier Christophe Laporte. C’est d’ailleurs de son équipe que Wout van Aert devra tirer bénéfice. Collectivement au-dessus du lot, la Jumbo-Visma a jusqu’ici parfaitement géré sa supériorité en envoyant couramment des coureurs dangereux aux avant-postes pour laisser le poids de la course à ses rivales. Attention pour Wout van Aert à ne pas se faire prendre à son propre piège en laissant filer un coup avec un Christophe Laporte ou un Tiesj Benoot, ce qui pourrait arriver s’il se concentre davantage sur Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar que sur la victoire finale à l’image de ce qui s’est produit au Championnat du Monde en Australie. Pour une fois, la Jumbo a donc peut-être intérêt à prendre la course en main si elle veut faire gagner son leader emblématique. Mais est-ce vraiment son objectif ? Avec plusieurs coureurs capables de s’imposer sur le 2e Monument de la saison, rien n’est moins sûr.

Par Thibaut, Cyprien, Romain, Emile et Charles

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