Après le spectacle offert par les coureurs lors de l'étape du Granon, un second feu d'artifice aurait pu avoir lieu sur les routes menant à Mende. Des routes symboliques qui évoquent forcément des souvenirs aux attaquants, et notamment à Laurent Jalabert et la ONCE, qui auraient pu renverser la course en 1995 grâce à une tactique archi offensive. Malheureusement, la version 2022 de Saint-Etienne - Mende n'a pas tenu les mêmes promesses, la faute à une formation Ineos qui malgré le surnombre a préféré jouer la carte défensive.
La défense malgré un surnombre
C'est le côté frustrant de la chose lorsque l'on analyse à froid ce qui s'est déroulé en début de 14ème étape du Tour de France. Malgré une chance en or de mettre le bazar, et un gros surnombre, la formation Ineos Grenadiers n'a jamais tenté de profiter de sa supériorité numérique pour tenter d'inverser la tendance, et de prendre la Jumbo-Visma sur un terrain qui n'est pas le sien. Avec dans le groupe de tête des garçons comme Martinez, Yates, Pidock ou encore Thomas, la formation britannique avait en effet encore largement les moyens de tout mettre en œuvre pour perpétuer la course de mouvement à laquelle on assistait depuis quasiment 50 kilomètres. Au lieu de ça, elle a préféré temporiser et laisser gentiment revenir le groupe des piégés, ou figuraient notamment plusieurs équipiers de Jonas Vingegaard, dont Primoz Roglic.
En ne tentant pas, on ne peut pas réussir
Malgré tout le respect que j'ai pour les coureurs, il y a des moments, où même derrière sa télé, on sent qu'il peut se passer quelque chose, et d'ailleurs, Laurent Jalabert, le grand initiateur de cette folle journée de Mende, a senti la même chose, c'est à dire que l'on assistait à un moment clé du Tour de France, l'un de ces rares instants où tout est en place pour renverser la course, et comme l'ancien vainqueur de la Vuelta l'a très justement fait remarquer, il ne s'agissait pas de faire attaque Geraint Thomas, mais de perpétuer et faire faire durer cette idée de perpétuel mouvement et cet harcèlement de la Jumbo-Visma, grâce à Yates ou Pidcock notamment, ceci afin de pousser Van Aert et Kuss dans leurs derniers retranchements, et de laisser le maillot jaune Jonas Vingegaard seul face à l'adversité.
Malheureusement rien de tout ça n'est arrivé, et les choses sont rentrées dans l'ordre, pour le plus grand bonheur de Vingegaard et de ses équipiers. Et pour Ineos on pourra continuer à tenter de suivre au maximum les attaques de Pogacar, en espérant dans un scénario des plus convenus tenir le plus longtemps possible, pour signer le meilleur classement général à Paris.
Pas spectaculaire, mais après tout efficace non ?
Par Charles Marsault