Tour d'Italie : la présentation de la 101ème édition du Giro

Tour d'Italie : la présentation de la 101ème édition du Giro

Présentation du Tour d'Italie 2018 (réalisée par Allezlasse)

 

1e étape - vendredi 4 mai Jérusalem (9,7 km, contre-la-montre individuel)

Disons-le d'entrée pour ne pas tourner autour du pot : on se serait largement passé de ce grand départ du Giro à Jérusalem, frappé du sceau de l'argent et de la géopolitique plutôt que de la logique sportive ou géographique. Maintenant qu'on y est, néanmoins, il va bien falloir faire avec et parler sport, au moins un peu. De ces trois jours en Judée, c'est sans doute ce vendredi le plus important avec un contre-la-montre individuel de presque dix bornes qui va faire de premiers écarts au classement général. Le parcours de ce quasi-prologue est atypique : très peu de lignes droites (et même quelques virages bien sentis) et un ensemble "mal-plat", sans que l'on puisse vraiment parler de côtes non plus, puisqu'on ne dépasse jamais les 4%. En revanche, peu de pièges puisque les routes sont larges : le parcours, qui part et arrive devant la vieille ville, évite soigneusement les rues les plus étriquées de Jérusalem ouest. Il faudra donc être un bon rouleur pour s'imposer et devenir le premier porteur du maillot rose, mais aussi avoir du punch, car il y aura beaucoup de relances et de changements de rythme. De quoi limiter la casse pour les grimpeurs les moins à l'aise dans l'exercice ?

Départ du premier coureur vers 13 h 50. Arrivée du dernier coureur vers 17 h 15.

2e étape - samedi 5 mai Haifa - Tel Aviv (167 km)

Le samedi, c'est shabbat, et c'est vrai que cette 2e étape aurait presque des airs de jour de repos. Un kilométrage assez faible, un parcours dénue de toute difficulté réelle (à peine une petite côte répertoriée pour attribuer le premier maillot bleu de meilleur grimpeur) et même près de cinquante bornes sur une bonne grosse autoroute avant d'entrer dans Tel Aviv… C'est là qu'il faudra être vigilant, car sur ce genre d'étape, en tout début de grand tour, les grosses chutes sont presque aussi inévitables que le sprint massif. Heureusement, le tracé final dans les rues du port israélien n'est pas trop compliqué : de grandes routes bien larges, trois virages seulement dans les quatre derniers kilomètres, une ligne droite finale de plus de 800 mètres, on a déjà vu bien pire. L'arrivée sera jugée devant la mer Méditerranée… et le musée de l'armée israélienne.

Départ à 13 h 50. Arrivée prévue vers 18 h.

3e étape - dimanche 6 mai Be'er Sheva - Eilat (229 km)

Le week-end proche-oriental se termine par une longue traversée du désert : cap plein sud vers la station balnéaire d'Eilat, sur la mer Rouge, pour une 3e étape très longue (presque 230 bornes) mais où la principale difficulté devrait être la chaleur, puisque le peloton doit traverser la région désertique du Néguev. Le coin n'est pas dénué de relief, et les cent premiers kilomètres seront d'ailleurs en constant faux-plat, mais à mesure que la mer Rouge se rapprochera, la route s'aplanira et il paraît difficile d'envisager quoi que ce soit d'autre qu'un sprint massif à l'arrivée, d'autant que tout le final se fait, à nouveau, sur une très large quatre voies. Dans ce drôle de bled sans charme coincé entre l'Egypte et l'Arabie saoudite où pullulent les grands hôtels et autres clubs balnéaires, il faudra tout de même se méfier des derniers kilomètres : plusieurs ronds-points à franchir et même un demi-tour à réaliser sur l'un d'entre eux, à environ 1.700 mètres de l'arrivée, puis un dernier virage à angle droit sur la droite à 350 mètres de la ligne d'arrivée. Il faudra le franchir dans les toutes premières positions pour espérer lever les bras entre le Magic Palace et le Leonardo Royal Resort… Gare à la chute !

Départ à 12 h 30. Arrivée prévue vers 18 h.

Repos - transfert : lundi 7 mai

4e étape - mardi 8 mai Catane - Caltagirone (198 km)

Les coureurs ont traversé la Méditerranée et les voilà enfin en Italie ! Ils y entrent par la Sicile, tout au sud, pour un nouveau triptyque qui s'annonce corsé. Cette 4e étape part de Catane pour visiter le triangle sud-est de l'île, réputé pour ses nombreuses villes perchées comme Raguse ou Noto. Sans surprise, la journée s'annonce donc particulièrement exigeante : plus de 3.400 mètres de dénivelé positif en 198 bornes, et pas un mètre de plat passé le kilomètre 45 ! Les coureurs seront sans cesse en prise sur ce superbe parcours, où ne sont pourtant recensés que deux difficultés de 4e catégorie au classement de la montagne. Pourtant, le nombre de bosses sur cette étape est quasi incalculable, tant la route ne fait que monter et descendre, même si les pourcentages ne sont jamais affolants. Qui contrôlera la course sur un tracé pareil ? Difficile à dire, et les baroudeurs auront sans doute tous coché cette étape. Méfiance quand même, car le final pourrait leur être fatal : les seize derniers kilomètres sont en montée quasi constante jusqu'à Caltagirone, ce qui pourrait donner des idées aux favoris, déjà, en tout cas ceux dotés du plus de punch. Au début c'est peu difficile (pentes à 5-6% au max pendant neuf kilomètres) avant une succession de faux-plats dans la traversée de Caltagirone, mais à la flamme rouge, c'est une autre histoire : le dernier kilomètre, juste à l'extérieur de la ville, est à 8,5%, avec un max à 13%. Il faudra avoir gardé des forces pour dompter ce mur-là.

Départ à 12 h 15. Arrivée prévue vers 17 h 15.

5e étape - mercredi 9 mai Agrigente - Santa Ninfa (153 km)

Sicile, suite ; et les ennuis continuent. Au lendemain d'une journée éprouvante sur la route de Caltagirone, le peloton repart d'Agrigente, devant les splendides temples grecs qui formaient le décor des Mondiaux 1994, pour une nouvelle étape difficile bien que plus courte. La première moitié des 153 kilomètres du jour, le long de la côte sud de l'île, fait d'abord semblant d'être plate ; puis, à Menfi, on bifurque à droite pour affronter plusieurs ascensions jusqu'à Santa Ninfa, dont trois répertoriées au classement de la montagne. Rien de terrifiant là encore : jamais au-dessus des 5-6%, les côtes successives de Santa Margherita di Belice, Partanna et Poggioreale Vecchia vont user les jambes sans permettre une explication entre les favoris. Une aubaine pour les baroudeurs ? Comme la veille, il devrait y avoir match avec les puncheurs, puisque c'est à nouveau une arrivée en bosse qui a été tracée par les organisateurs, certes un peu moins difficile : à deux kilomètres de la ligne la route s'élève à la faveur d'un virage sur la droite pendant environ 1.400 mètres (6,1% de moyenne, pointe à 12%), la suite étant plus plate. Si en plus la chaleur sicilienne s'invite à la fête, ça peut faire mal.

Départ à 13 h 20. Arrivée prévue vers 17 h 15.

6e étape - jeudi 10 mai Caltanisetta - Etna (164 km)

Dernier volet de la trilogie sicilienne, cette 6e étape propose surtout aux coureurs la première arrivée au sommet de ce Giro 2018, au même endroit d'ailleurs qu'un an plus tôt, sur les pentes du majestueux Etna, même si ce n'est pas le même versant qui est escaladé. A l'instar des deux jours précédents, le parcours sera globalement difficile, avec une route jamais plate de Caltanissetta à Ponte Barca. Mais c'est là, bien sûr, que la course va réellement débuter, au pied de la montée finale : d'abord une quinzaine de bornes en faux-plat prononcé jusqu'à Belpasso, puis une courte redescente avant le début de l'ascension finale proprement dite. L'Etna, donc, par la route qui mène à l'observatoire d'astrophysique : 19,7 km à 6,4% de moyenne, un col assez long mais pas trop dur, dans la tradition des premières arrivées au sommet du Tour d'Italie. Attention quand même : derrière cette carte d'identité se cache une ascension irrégulière, qui alterne en fait longs passages pas trop durs (voire en faux-plats) et plus courtes portions vraiment sévères. On trouve ainsi un kilomètre à 9% à dix bornes du sommet (avec une pointe à 15%) puis un peu plus de 500 mètres à 12% (pointe à 14%) cinq bornes plus loin. Mais si l'explication ne s'y fait pas, on ne peut pas exclure un sprint au sommet, en quasi replat sur les 1.500 derniers mètres, entre les meilleurs grimpeurs : au moins aura-t-on pu identifier ceux-ci.

 

7e étape - vendredi 11 mai Pizzo - Praia a Mare (159 km)

Il aura donc fallu attendre une semaine et six étapes pour voir enfin le peloton du Giro poser ses roues sur l'Italie continentale, après deux virées en Israël et en Sicile. La classique remontée vers le nord commence par une tout aussi classique étape le long de la côte tyrrhénienne de Calabre jusqu'à Praia a Mare, qui avait déjà accueilli une arrivée il y a deux ans. Mais ce jour-là, le parcours avait fait des infidélités au bord de mer pour aller s'aventurer dans les toutes proches collines surplombant l'azur ; cette fois, point de folies comparables : il y a bien un gros faux-plat (moins de 4%) à l'entrée dans les vingt derniers kilomètres, mais c'est tout. Même la descente finale pour rejoindre la dernière ligne droite de 1.900 mètres, en bord de plage, a été adoucie par rapport à 2016. Bref, tout indique que cette fois, ce n'est pas un puncheur à la Diego Ulissi qui lèvera les bras, mais un sprinteur.

Départ à 13 h 25. Arrivée prévue vers 17 h 10.

8e étape - samedi 12 mai Praia a Mare - Montevergine di Mercogliano (209 km)

C'est le week-end, et pour l'occasion, c'est double ration d'arrivée au sommet ! La 8e étape du Giro, longue de 209 kilomètres, propose ainsi le deuxième final en altitude depuis le départ sur un terrain bien connu : après 1962, 1998, 2001, 2004, 2007 et 2011, Montevergine di Mercogliano accueille à nouveau les coureurs du Tour d'Italie en fin de première semaine. Les organisateurs du Giro aiment bien en effet proposer à ce moment-là de leur course un écrémage entre favoris sur une "montée plate", dont ce col est un magnifique spécimen : 17 bornes d'ascension à 5,1% de moyenne, aucun passage un peu long qui ne dépasse les 6%, une pente désespérément régulière… La montée et classée en deuxième catégorie, une rareté pour une arrivée au sommet sur le Giro, et elle ne fait que des écarts faméliques : 25 coureurs dans le même temps et 33 coureurs en 17 secondes en 2011, 19 coureurs en 15 secondes en 2007, 14 coureurs en 16 secondes en 2004. Et à chaque fois, une victoire se jouant au sprint, même si Bart de Clercq avait mené son échappée au bout in extremis il y a sept ans. Bref, il ne faut pas s'attendre à de grandes offensives…

Départ à 11 h 55. Arrivée prévue vers 17 h 15.

9e étape - dimanche 13 mai Pesco Sannita - Gran Sasso d'Italia (225 km)


Arrivées au sommet du week-end, suite : à la veille du deuxième jour de repos, les coureurs vont devoir se fader une longue étape (225 km) de quasi haute montagne, joliment dessinée sur l'épine dorsale de la botte, le massif des Apennins. Pendant 180 bornes, le parcours ne sera pas trop compliqué, avec une seule difficulté répertoriée au classement de la montagne, Roccaraso (essentiellement 4 km à 7,5%). Mais ensuite, la route se cabre pendant les 45 derniers kilomètres, en deux temps. D'abord une première montée vers Calascio, 13,5 km à 6% de moyenne, pente très régulière ; puis quelques kilomètres de replat légèrement montant, et la montée finale proprement dite de Campo Imperatore. Ses 26,5 km à 3,9% de moyenne sont un leurre : en fait, ce n'est qu'une succession de faux-plats (parfois même descendants) pendant plus de vingt bornes, mais les 4.500 derniers mètres sont d'un autre tonneau, avec une pente moyenne de 8,2% et même un passage à 13% juste avant la flamme rouge. Une arrivée sur un site qui a des airs de bout du monde (ce n'est pas pour rien que Benito Mussolini y fut emprisonné) et où les favoris n'auront pas d'autre choix que de s'expliquer.

Départ à 11 h. Arrivée prévue vers 17 h 15.

 

Repos - lundi 14 mai

10e étape - mardi 15 mai Penne - Gualdo Tadino (239 km)

 

On ne peut pas tout avoir : au lendemain d'un jour de repos où ils se seront épargné un long transfert, les coureurs doivent courir la plus longue étape de ce Giro 2018, 239 kilomètres au compteur. Une distance devenue rare sur les grands tours et qui se fera en plus en tournicotant dans les contreforts des Apennins, pour une journée loin d'être aisée. Au programme pourtant, pas de grand col ni de pentes redoutables, et à peine deux côtes de 4e catégories répertoriées au classement de la montagne une fois passé le Fonte della Creta, 2e catégorie posté dès le départ. Pourtant, le dénivelé positif total de la journée dépasse les 4.000 mètres et une fois de plus, c'est un parcours jamais plat ou presque qui se dessine devant le peloton. Celui-ci aura d'ailleurs forcément la tentation de contrôler, car les sprinteurs sont souvent gourmands et la relative platitude des quinze derniers kilomètres les fera forcément saliver ; mais sur un tel tracé, pas sûr que les baroudeurs puissent être ramenés à la raison… Seule certitude : la journée sera longue, très longue.

Départ à 10 h 55. Arrivée prévue vers 17 h 15.

 

11e étape - mercredi 16 mai Assise - Osimo (156 km)

A mi-chemin de sa remontée vers le nord le long de la péninsule italienne, le peloton du Giro fait une petite halte pour une étape orientée ouest-est, entre l'Ombrie et les Marches. 156 kilomètres depuis la superbe cité d'Assise, toute à la gloire de Saint-François, et Osimo, petite ville perchée - comme c'est original en Italie ! - à une quinzaine de kilomètres de la mer. Une fois de plus, il faut donc s'attendre à un match entre les baroudeurs et les puncheurs. Les premiers auront en effet un parcours à leur convenance : deux grosses ascensions de 3e catégorie, le passo Cornello (8,4 km à 4,4% de moyenne) et le valico di Pietra rossa (9,6 km à 3,7% de moyenne), puis un raidard (répertorié comme un… sprint intermédiaire) de 1.500 mètres à 10% à Filotrano. Mais les seconds pourront peut-être compter sur leurs équipes pour contrôler la course, ce qui devrait être jouable sur une étape aussi courte. Car le final leur va comme un gant : une approche difficile d'Osimo puis cinq dernières bornes terribles, avec un premier court passage dans une rue pavée à 13% suivi d'une descente et d'un replat jusqu'à un deuxième petit mur, 500 mètres à 12% suivis d'un kilomètre à 5-6%, les 300 derniers mètres de l'étape étant eux plats. Une arrivée typiquement italienne, avec rues étroites, passage par une porte d'ancienne muraille, chaussée dallée, … Il faudra être vigilant du côté des favoris, car on peut facilement lâcher de précieuses secondes ici.

Départ à 13 h 05. Arrivée prévue vers 17 h 15.

12e étape - jeudi 17 mai Osimo - Imola (214 km)

Que se passe-t-il lorsque vous longez l'Adriatique pendant cent kilomètres, puis l'antique via Emilia pendant cent de plus ? Vous obtenez une étape toute plate, la 12e de ce Giro 2018. Entre Osimo et Imola, le peloton du Tour d'Italie va musarder à 30 mètres au-dessus du niveau de la mer, pendant 200 longs kilomètres, avant d'entrer sur le célèbre circuit automobile où l'on aurait pu se contenter de faire quelque tours. Mais c'est la que ça se complique un peu : en plein milieu du circuit de F1, il faudra bifurquer à droite par une petite route de dégagement pourrie pour déboucher en pleine campagne et démarrer l'ascension vers Tre Monti. Rien d'insurmontable, mais quand même de quoi semer la pagaille en vue d'un sprint massif : il y a d'abord 1,5 km à 7%, avec un max à 10%, puis un replat aussi long et un dernier kilomètre à 7-8%. Au sommet, il ne reste plus que 7,6km, essentiellement en descente jusqu'au retour sur le circuit automobile, pile à la flamme rouge, pour une arrivée sur la ligne droite d'Imola. Une sorte de toboggan pour un final à très haute vitesse de circonstance.

Départ à 12 h 05. Arrivée prévue vers 17 h 15.

13e étape - vendredi 18 mai Ferrare - Nervesa della Battaglia (180 km)

 

C'est le calme avant la tempête… Avant de découvrir l'enfer des Dolomites au cours du week-end, le peloton s'offre un vendredi tout plat à travers la plaine du Pô, traversée du sud au nord entre la belle Ferrare et Nervesa della Battaglia. Longue de 180 bornes, cette 13e étape aurait même pu en faire trente de moins et être vraiment ultra-plate, mais l'organisateur a décidé d'ajouter une boucle finale agrémentée d'une côte de quatrième catégorie du côté de Montello. De quoi empêcher un sprint massif ? Pas du tout : on ne parle ici que de gros faux-plats au mieux, jamais au-dessus de 5%, et d'un sommet situé à vingt bornes de l'arrivée. Autant dire une bagatelle… Le dernier vrai virage est à cinq bornes de l'arrivée, la suite n'étant que légères ondulations de la route sans danger. Bref, c'est tapis rouge pour les sprinteurs.

Départ à 12 h 55. Arrivée prévue vers 17 h 10.

14e étape - samedi 19 mai San Vito al Tagliamento - Monte Zoncolan (186 km)

La remontée vers le nord s'achève : plus question de reculer pour les coureurs du Giro, les Alpes sont là, droit devant eux ! C'est donc la haute montagne qui fait son entrée sur l'édition 2018 à l'occasion de cette 14e étape, avec des airs de porte des enfers… On passe rapidement sur les quatre premières ascensions répertoriées dans les 170 premiers kilomètres : toutes proposent de solides pourcentages, mais seul le passo Duron et ses 4,4km à 9,6% (pointe à 18%) est une difficulté vraiment sérieuse. Surtout, aucune ne fait évidemment le poids face à la montée finale du terrible Zoncolan… Abordé par l'un de ses versants les plus difficiles, celui d'Ovaro, déjà vu sur le Giro en 2007, 2010, 2011 et 2014, ce col est monstrueux : 11,9% de pente moyenne sur 10,1 km !! C'est au pied et au sommet que l'on trouve les secteurs les plus doux (rarement en dessous de 8% quand même…), mais au milieu se trouve un tronçon inhumain de cinq bornes à plus de 15% de moyenne, dont plusieurs passages au-delà des 20%… De quoi rester scotché à la route pour de bon, mais de quoi aussi niveler les différences parfois : sur des pentes pareilles, tout le monde galère, et les écarts ne sont pas toujours aussi impressionnants qu'imaginés.

Départ à 11 h 50. Arrivée prévue vers 17 h 15.

 

15e étape - dimanche 20 mai Tolmezzo - Sappada (176 km)

Alpes et montagne suite : avant le troisième jour de repos et la décisive dernière semaine, le peloton va passer la journée au cœur des Dolomites, pour une 15e étape en trompe-l'œil. Quatre difficultés répertoriées au classement de la montagne mais aucune au-dessus de la deuxième catégorie, pas de grand mythe du coin au programme, la barre des 1.800 mètres d'altitude à peine chatouillée : clairement, le menu aurait pu être beaucoup plus corsé. Pourtant, les favoris du Giro feraient une grave erreur en sous-estimant ce parcours, bien plus difficile qu'il n'en a l'air. La première moitié de l'étape est assez soft, mais à 75 kilomètres de l'arrivée, changement d'ambiance avec le passo Tre Croci et ses 7,9 km à 7,3%. S'en suit une grosse descente jusqu'aux montagnes russes du final : pas un mètre de plat et trois ascensions dans les quarante dernières bornes. D'abord le passo di Sant'Antonio, long de 8,3 km mais qui possède surtout en son cœur un long passage de six bornes à 9,5% (pointe à 15%), puis la montée vers Costalissoio, un mur de 2,5 km à 10,6% (pointe à 14%), et enfin la "montée finale" (non répertoriée) vers Sappada, essentiellement quelques bornes autour de 7% avant la banderole des deux derniers kilomètres où la route redevient plate (ça remonte un peu à la flamme rouge). Un enchaînement sans répit qui peut faire très mal si l'on est dans un jour sans…

Départ à 12 h 15. Arrivée prévue vers 17 h 15.

Repos - lundi 21 mai

 

16e étape - mardi 22 mai Trente - Rovereto (34,2 km, contre-la-montre individuel)

Plus de deux semaines après le chrono inaugural de Jérusalem, voilà l'épreuve chronométrée de retour à Trente. Comme l'an dernier, c'est au lendemain d'un jour de repos qu'est programmé ce rendez-vous décisif ; en revanche, le parcours est beaucoup moins difficile et même presque totalement plat. Sur les 34,2 kilomètres du parcours, les 24 premiers sont sans aucune difficulté et globalement en ligne droite, bref le paradis des rouleurs. Les dix derniers kilomètres sont un peu plus compliqués, avec surtout une petite côte entre Piazzo et Nogaredo (rien de bien compliqué non plus) agrémenté de quelques virages difficiles, puis une succession de faux-plats descendants et montants. Les tous derniers kilomètres proposent eux aussi quelques virages où il faudra avoir encore du jus pour relancer, sous peine de perdre de précieuses secondes. Globalement, c'est donc un chrono peu difficile et pour spécialistes, bien moins favorables aux grimpeurs que n'ont pu l'être les contre-la-montre du Tour d'Italie dans un passé récent. Sur plus de trente bornes, et au lendemain d'un jour de repos, cela peut faire de gros dégâts.

Départ du premier coureur vers 13 h 20. Arrivée du dernier coureur vers 17 h 15.

 

17e étape - mercredi 23 mai Riva del Garda - Iseo (155 km)

Au lendemain du chrono et avant d'entrer dans la dernière ligne droite alpestre, longue de trois jours, les coureurs du Giro s'offrent un peu de répit dans la région des lacs, au centre du nord de l'Italie. Cette 17e étape, assez courte puisqu'elle dépasse tout juste les 150 bornes, emmène les coureurs du lac de Garde à celui d'Iseo, de Rival del Garda à Iseo plus précisément. Un coin vallonné (le Tour de Lombardie arpente des routes toutes proches) mais pas trop, ce qui se voit sur le profil de l'étape. Du coup, il devrait y avoir pas mal de candidats pour prendre l'échappée matinale… même si celle-ci n'est pas sûre d'aller au bout. Car si les cent premiers kilomètres sont bosselés, les cinquante derniers ne le sont plus du tout, et notamment la boucle finale autour d'Iseo. De quoi peut-être favoriser un regroupement et un sprint… le tout sur des routes qui s'annoncent assez dangereuses : rues étroites, obstacles urbains dans de petites villes, passages à niveau, et un S particulièrement mal placé aux 500 mètres. Ce serait con de tout perdre maintenant…

Départ à 13 h 20. Arrivée prévue vers 17 h 10.

 

18e étape - jeudi 24 mai Abbiategrasso - Pratonevoso (196 km)

Les Alpes, les revoilà ! D'ici à dimanche et l'arrivée finale à Rome, le massif alpin va se décliner en trois étapes façon repas italien, antipasto - primo piatto - secondo piatto. Pour la 18e étape c'est donc l'entrée, et pour le coin, elle est plutôt légère : au départ d'Abbiategrasso, dans la lointaine banlieue de Milan, la route va rester désespérément plate ou presque pendant 180 kilomètres. Presque, parce qu'en réalité il y a une bosse en chemin, du côté de Novello, et surtout parce que la route s'élève très légèrement à mesure que se rapproche la frontière avec la France et donc les Alpes proprement dite. Puis, au kilomètre 183, c'est le pied de l'ascension finale vers la station de Pratonevoso : environ 14 bornes de grimpette à 6,9% de moyenne, le tout sur une pente assez régulière qui ne dépasse jamais les 10% et avec des lacets à n'en plus finir sur la fin. Une course de côte, donc, assez inévitable avec cette montée plutôt isolée et qui semble favorable à une échappée victorieuse, même si il y aura forcément bagarre entre les premiers du classement général derrière. D'ailleurs, la dernière fois qu'un cycliste a levé les bras là-haut, c'était Simon Gerrans, sur la 15e étape du… Tour de France 2008. L'Australien s'était montré le plus fort d'une échappée de quatre et avait gardé quatre minutes d'avance sur les meilleurs du peloton.

Départ à 12 h. Arrivée prévue vers 17 h 10.

 

19e étape - vendredi 25 mai Venaria Reale - Bardonnèche (184 km)

A 48 heures de l'arrivée à Rome, c'est un vendredi importantissime qui attend les coureurs. La 19e étape de ce Giro 2018 est la plus difficile, et d'assez loin ; la seule aussi qui emmène durablement les coureurs au-delà du seuil des 2.000 mètres d'altitude. Un primo piatto aux proportions gargantuesques qui peut rebattre toutes les cartes et changer le visage de ce Tour d'Italie ; en tout cas, personne ne peut envisager ramener le maillot rose à Rome sans une grosse performance sur cette étape. En 184 kilomètres, il y a quatre cols à grimper, et pas des moindres. Le premier est le plus simple : le colle del Lys propose 28 kilomètres d'ascension, mais la plupart du temps en faux-plat, sauf un passage de cinq gros kilomètres à 7%, ce qui devrait permettre de former l'échappée du jour. C'est ensuite que ça se corse sérieusement : après un peu de plaine, c'est le fameux colle delle Finestre, Cima Coppi de ce Giro 2018 (point culminant), qui se dresse devant les coureurs. 1.700 mètres de dénivelé positif, 18,5 km à 9,2% de pente moyenne et très régulière, dont les huit dernières bornes sur une route non asphaltée : l'enfer sur terre. Derrière, comme souvent, il faudra enchaîner avec l'ascension de Sestrières, plus simple (essentiellement 6,7 km à 5,8%) mais usante après le Finestre… Mais contrairement à 2005, 2011 et 2015, où après avoir franchi le Finestre l'arrivée était jugée à Sestrières, 45 bornes ont été ajoutées : une longue descente puis un léger replat - terrain où l'on pourrait assister à des regroupements - jusqu'à l'ascension finale du Jafferau, à Bardonnèche. Une montée aussi rapide que brutale : 7,2 km à 9,1%, une pointe à 14%, un dernier kilomètre à 11%… Le coup de grâce ! Une journée forcément décisive.

Départ à 11 h 40. Arrivée prévue vers 17 h 15.

 

20e étape - samedi 26 mai Susa - Cervinia (214 km)


C'est la dernière bataille, l'ultime chance de changer le cours de ce Giro 2018 avant le défilé de dimanche dans les rues de Rome. Sur le chemin de la ville éternelle, non pas un dolce mais un vrai secondo piatto, car le menu du jour est encore très copieux, même si on n'atteint pas le niveau d'un Finestre. Sur cette 20e étape, il faudra déjà digérer la longueur : 214 kilomètres au bout de trois semaines de course, c'est beaucoup. Il faudra aussi dompter trois cols, enchaînés sans répit dans le Val d'Aoste après 130 premiers kilomètres tout plat à travers la plaine piémontaise. Le col Tsecore (ou Tzecore, ou col du Mont-Tseuc, c'est pas très clair), premier d'entre eux, est déjà un sacré morceau : ses seize bornes à 7,7% de moyenne, dont plus de trois kilomètres à 11,5%, vont déjà faire un sacré ménage. La descente à peine avalée se dresse le deuxième col du jour, le Saint-Pantaléon, aux caractéristiques très similaires : 16,5 km à 7,2% de pente moyenne et assez régulière. Là-haut, il reste 28 bornes et un dernier col sur la route de Rome : la montée de Cervinia, abordée après une courte descente. Une montée en paliers de plus de 18 kilomètres, à 5,3% de moyenne, qui alterne en fait replats et passages pentus, même si on ne dépasse presque jamais les 9%. Cette configuration est une incitation à lancer la course de loin, avec un dernier col certes long mais moins difficile que les deux précédents, et qui se termine qui plus est par 2.000 derniers mètres plats. Pour renverser le Giro, c'est maintenant ; après, il sera trop tard…

Départ à 10 h 10. Arrivée prévue vers 16 h 25.

 

21e étape - dimanche 27 mai Rome - Rome (115 km)

En plus d'un siècle d'existence, l'arrivée du Tour d'Italie a le plus souvent eu lieu à Milan, siège du quotidien à l'origine de la création de l'épreuve, La Gazzetta dello Sport. Mais contrairement au Tour, qui n'a jamais fini ailleurs qu'à Paris, le Giro n'en fait pas une fixette non plus et s'est déjà achevé ailleurs, à Turin en 2016 ou Brescia en 2013 par exemple. Trop peu souvent, hélas, à Rome : après 1911, 1950 et 2009, c'est la quatrième fois seulement que le Tour d'Italie s'achève dans la cité antique, théâtre pourtant idéal pour une fête comme l'est la dernière étape d'un grand tour. Contrairement à il y a neuf ans, où c'est un chrono individuel qui avait achevé l'épreuve, il n'y aura cette fois pas d'enjeu sportif réel au-delà de l'identité du vainqueur du sprint massif : c'est une étape toute plate qui a été tracée en circuit dans les rues de la ville éternelle, à l'image de ce qui peut se faire sur les Champs-Elysées en conclusion de la Grande boucle. Pour se consoler, on se régalera du parcours merveilleux de 11,5 kilomètres parcouru à dix reprises : départ devant les forums impériaux, remontée le long du Quirinal (le palais présidentiel) jusqu'au croisement des quatre fontaines, puis jusqu'à la piazza del Popolo en passant devant les escaliers de la Piazza di Spagna, descente de la via del Corso (l'artère principale de la ville) jusqu'au monument Victor-Emmanuel II sur la piazza Venezia, puis un crochet par le Circus Maximus et les thermes de Caracala pour remonter ensuite en faisant le tour du Colisée, devant lequel est placée la flamme rouge, avant la ligne droite finale de la via dei Fori imperiali… Le circuit touristique parfait ! Et une photo somptueuse, avec le Colisée en décor, pour celui qui aura la chance de remporter ce sprint de prestige comme pour celui qui, enfin, pourra savourer ce maillot rose chèrement acquis.

Départ à 15 h 55. Arrivée prévue vers 18 h 45.

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