Récit : le Tour du Rwanda d'Adrien Guillonnet, 1ère partie, l'avant-course

Récit : le Tour du Rwanda d'Adrien Guillonnet, 1ère partie, l'avant-course

Le Tour du Rwanda d'Adrien Guillonnet

1ère partie : l'avant-course

Durant toute la saison 2019, Velo-Club.net a la chance de suivre Adrien Guillonnet, le coureur de la formation Interpro Cycling Academy, qui revient en ce mois d'avril sur son Tour du Rwanda. Un récit à ne pas louper.

Lorsque Damien Garcia m’a parlé du Tour du Rwanda, ma première association d’idées avec ce pays était le mot génocide. Mis à part qu’il se situe en Afrique, je ne connaissais pour ainsi dire rien d’autre du pays. J’étais donc un peu inquiet des conditions de vie et de sécurité dans le pays. Avec quelques recherches et comme la course n’en est plus vraiment à ses commencements, j’ai pu être un peu rassuré. Notamment en profitant des conseils de Sébastien Fournet-Fayard qui y a déjà participé deux fois et qui en avait fait un récit également pour le site.

Ces différents conseils et précautions pris, sportivement j’abordais la course un peu dans l’inconnu également. J’ai parfois besoin de faire quelques courses pour être vraiment bien. Nous avions été au Challenge de Majorque trois semaines auparavant, mais pour diverses raisons ces courses n’avait pas été une réussite. Elles avaient surtout servi de bonne session d’entraînement car j’avais directement enchaîné avec une semaine à Calp avec mon club du SCO Dijon, le but étant d’être un minimum prêt pour le Rwanda que je considère comme mon vrai début de saison. Autres inconnues : l’altitude, la course se situant toujours entre 1500 et 2500m. Une course de 8 jours – je n’ai jamais dépassé les 4 jours de course en amateur, d’où aussi l’enchaînement de bonnes journées à Majorque et Calp. Et la plupart des autres coureurs au départ. Donc beaucoup de choses à découvrir avec cette course.

Nous sommes arrivés un soir au Rwanda. Comme attendu vis-à-vis de l’altitude, il ne faisait pas particulièrement très chaud. Comme nous venions de quitter la France qui débutait une période anormalement chaude, la transition n’était pas brutale. Nous avons découvert l’hôtel dans lequel nous allions loger les premiers et derniers jours de notre séjour. Ce n’était pas le grand luxe, mais c’était tout à fait convenable. De même pour la nourriture. Je m’attendais à manger essentiellement du riz chaque jour, mais finalement même en évitant les crudités qui m’avaient été déconseillées par tout le monde, médecin y compris, c’était possible de manger équilibré et (un petit peu) varié. J’ai notamment pu tester toutes les variétés de bananes : je connaissais les bananes sucrées, j’ai pu découvrir les bananes plantains et les bananes vertes, très populaires là-bas et qui se préparent et se mangent comme des pommes de terres. Avec un goût similaire. Elles étaient présentes à quasi chaque repas. Tout comme les bananes sucrées, dont le goût est un peu plus agréable encore que celles importées en France métropolitaine. Elles sont aussi plus petites, ce qui était très pratique pour glisser dans la poche du maillot : elles ont ainsi constitué l’essentiel de mon ravitaillement sur le vélo.

Le lendemain matin autre découverte : le climat. J’ai été réveillé par le bruit fort de la pluie tombant sur le toit de l’hôtel. Avant de partir j’avais lu que la saison des pluies commence en mars, j’espérais ne pas avoir ce genre d’averses orageuses chaque jour. Surtout qu’il est compliqué de prévoir le temps dans cette région du monde : les radars de précipitation sont inexistants ou indisponibles sur internet et les quelques modèles météo disponibles ne sont pas optimaux pour cette zone géographique. D’autant plus que la circulation atmosphérique est bien différente de ce que l’on connaît à nos latitudes, avec un flux d’est mou favorable aux précipitations convectives se développant plus ou moins aléatoirement. Je pensais que le relief allait accentuer ce phénomène comme en France – le Rwanda est surnommé le pays des mille collines – mais pas tant que cela visiblement. Bref, j’ai été réveillé par la forte averse et j’ai été surpris de voir qu’une heure après son arrêt, tout était déjà sec. En effet en plus d’une température modérée, l’air n’est pas très humide. Des conditions idéales pour faire du vélo finalement.

Nous avons ainsi pu effectuer notre première sortie. Logés en périphérie est de Kigali, direction l’est pour être plus tranquilles et repérer une bonne partie de la première étape.

Le premier constat est qu’il y a beaucoup de monde dehors et en déplacement. Sur la route et au bord de la route. Je n’étais pas toujours très rassuré avec tous ces véhicules dont les conducteurs ne semblent pas avoir à respecter un code de la route très strict. Les dépassements sont parfois un peu osés, mais finalement ce n’est pas toujours plus dangereux qu’en France. Notamment parce que les véhicules ne roulent pas très vite. C’est un peu l’anarchie, mais une anarchie organisée et la plupart du temps ça passe. Le tout sans faire de bouchon que peuvent créer parfois des vitesses inappropriées et des intersections trop réglementées ou mal conçues. Chaque système a son contexte, ses avantages et ses inconvénients. Il y a beaucoup de voitures mais aussi beaucoup de motos et de vélos. Ce n’est probablement pas par souci d’écologie ou d’efficacité que le vélo est répandu, mais c’est beaucoup moins cher. Et c’est quand même plus agréable de transporter cinquante ananas ou un meuble à l’arrière de son vélo qu’à l’arrière d’une voiture qui ne connaît aucune norme antipollution. Il y a beaucoup de personnes qui travaillent au bord des routes également. Dans les champs, mais aussi parfois simplement pour balayer le trottoir un peu au milieu de nulle part.
En tout cas il y a beaucoup de personnes dehors, ce qui explique aussi la foule que l’on a croisé au bord des routes tout au long de la course. Les gens sont intéressés par la course, mais c’est aussi parce qu’ils sont déjà dehors qu’ils s’arrêtent dans leur activité regarder la course passer, du moins je pense. C’est quelque chose que l’on m’avait décrit, et effectivement on pourrait parfois se croire en juillet en France. Lorsque l’on passe à certains endroits, il y a une grande ferveur. Comme devant les écoles où les écoliers en uniforme font un bruit fou. Les enfants sont très enthousiastes à l’idée d’avoir des bidons, ou même des bouteilles d’eau vides, un peu trop même, à être très pressants aux arrivées et prêts à en voler sur les vélos.

Photo Tour du Rwanda

La première sortie nous a donc permis de prendre contact avec le pays et les routes empruntées en course. La seconde sortie, le deuxième jour, m’a permis de faire une reconnaissance de parties des différentes étapes qui se déroulent à Kigali. L’arrivée de la première étape et une bonne partie des deux dernières étapes. Cette sortie était loin d’être plate, Kigali étant à l’image du pays : faite de différentes collines. L’autre fait marquant du jour est l’absence de circulation au début de la sortie, contrairement à la veille. En effet le dernier samedi du mois, les Rwandais doivent apparemment effectuer des tâches collectives de nettoyage jusqu’à 11h et ne peuvent pas vraiment sortir. Mais une fois cette heure passée, la vie reprend son cours normal et la circulation se rétablit rapidement. Lors de la course, pas de souci de circulation justement. La police contrôle parfaitement et les routes nous sont dédiées. Place donc à la course.

Par Adrien Guillonnet

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