Qu'attendre du Tour de France 2023, au départ du Pays Basque ?

Bilbao, ville basque la plus peuplée, devient la dixième ville espagnole à accueillir le départ du Tour de France, appelé "la Grande Boucle", dont ce sera la 110ᵉ édition. Le lancement de l'épreuve a lieu le 1er juillet. Les trois premières se déroulent intégralement au Pays Basque.  

Sera-ce l'occasion d'une revanche de Tadej Pogacar sur Jonas Vingegaard ? Ou le moment de basculement historique du premier Français de la précédente Grande Boucle, Dadid Gaudi, 4è en 2022, à seulement 4 minutes du podium ? 

Une première étape du souvenir ? 

La première étape traversera la Biscaye, à travers les collines sauvages qui longent la mer Cantabrique.

Les organisateurs ont tenu à ce que le peloton passe deux fois par la ville-martyre historique de Gernica, illustrée de façon aussi édifiante par Picasso. Rappelons qu'elle avait été bombardée par les aviations nazies -avec la sinistre Légion Condor - et italienne, le 26 avril 1937, en soutien à la répression du Général Franco. Elle est demeurée un symbole de la résistance au fascisme et du massacre des innocents, un peu à l'image de San Sebastián, non loin. 

L'étape est physiquement très éprouvante, cumulant un dénivelé de 3.300 m, réservé à un champion de la moyenne montagne pour l'obtention du maillot jaune. La côte de Pike, surplombant Bilbao, à 10 km de l'arrivée, contient 2 km à 9%, ce qui devrait faire décrocher les non-grimpeurs. Cela continue avec une ligne d'arrivée en haut d'une pente à 5%. 

2ᵉ étape très accidentée : Vitoria-Gasteiz - San Sebastian

Le profil de la seconde étape est trompeur, avec le sentiment que les pentes sont descendantes vers la mer. Mais ce parcours puise énormément dans les réserves des coureurs, qui, après un laminage des forces, se trouveront confrontés au Jaizkibel, la montagne la plus à l'ouest des Pyrénées, en province du Guipuscoa. C'est précisément là que se joue la Clásica de San Sebastián, où les meilleurs se détachent pour se placer à la tête du classement de l'épreuve. 

Les sprinters devront-ils attendre la première arrivée en France pour en découdre ?

Il y aura encore beaucoup de pièges, sur le "chemin des écoliers" qu'emprunteront les coureurs, lors de la troisième étape Amorebieta-Etxano, avant de traverser le port de Leketio, d'une beauté remarquable, puis de glisser par Irun vers la frontière française, pour la première fois de ce tour. 

Ce seront alors au moins 80 km de route côtière, avec des points de vue sur des paysages maritimes et montagneux magnifiques, qui occuperont l'esprit des cyclistes et des spectateurs qui misent sur leur équipe favorite depuis jouerenlignefr.org/cyclisme . Il est certain que ces moments et images inoubliables marqueront les curieux, pour leur faire découvrir des aspects, insuffisamment mis en avant, de la beauté ravissante de ce Pays Basque. 

Encore un dernier hommage à San Sebastian, puis le peloton plongera vers Irun, jouxtant la frontière française. On en aura alors terminé avec cette première escapade au Pays Basque (espagnol). 

Quels faits saillants retenir de ce périple basque ? 

À ce moment de bascule vers la France, on aura traversé les trois territoires basques marqués par l'histoire : Araba-Alava, Biscaye et Gipuzkoa. Ils sont dominés par une capitale : Vitoria-Gasteiz (253 000 habitants) et plusieurs grandes villes, dont, celle qui marquera le point de départ : Bilbao (354 000 habitants), et Saint-Sébastien / Donostia (188 000 habitants).

La langue dominante de ses habitants est l'Euskara (ou basque) et, bien entendu, l'Espagnol, pour rester connectés au reste du pays. L'Euskara est la plus ancienne langue occidentale isolée encore vivante. On recensait en 2016 encore plus de 700 000 locuteurs, du côté espagnol, contre un peu plus de 50.000 du côté français des Pyrénées. Paradoxalement, c'est le côté français qu'on nomme "le territoire de la langue basque", dépositaire d'une culture unique, d'où des velléités de réunification, au-delà des frontières nationales. 

Un territoire économique parmi les plus avancés d'Europe

Cette province autonome de 2.200 000 habitants possède quelques-uns des meilleurs indicateurs économiques et sociaux de toute l'Europe, en plus de sa langue exceptionnelle. Son niveau de formation universitaire est très élevé, à l'image de son espérance de vie. Il atteint un degré record parmi les pays d'Europe, pour son Indice de Développement Humain. L'Union Européenne considère le Pays Basque avec attention, alors que son Bureau de l'Innovation Régionale veut le classer comme pôle d'excellence parmi les régions à haut niveau d'innovation. 

On voit, à travers ces quelques éléments de présentation, que le Tour de France est un excellent vecteur de développement et un bon créneau pour booster l'image d'une région... même quand elle se situe en-dehors du parcours habituel !