Pour sauver la base de la pyramide, faut-il plus d'invitations sur le circuit World-Tour ?

Pour sauver la base de la pyramide, faut-il plus d'invitations sur le circuit World-Tour ?

En 2019, et avant l'apparition de la pandémie de Covid-19, il y avait pas moins de 25 équipes en seconde division mondiale, et la santé de la Pro Team (Conti Pro à l'époque) semblait assez robuste, notamment grâce au système d'invitations, qui permet de postuler à quelques unes des plus belles épreuves du calendrier. En 2024, elles ne seront plus que 17 sur la ligne de départ, la faute à plusieurs facteurs, qu'il convient d'analyser, mais parmi ceux-ci, on retrouve un élément central, issu d'une décision voulue par les différentes instances, c'est à dire la réduction du nombre maximum de coureurs dans le peloton.

Une décision mise en place pour des raisons de sécurité qui ne tient pas forcément la route après quelques années de recul, car comme on peut l'observer, les chutes sont essentiellement liées à la dangerosité des parcours, et non pas au fait d'avoir moins de coureurs dans la boule lors du final des courses.

Face à la lente érosion de la Pro Team, il convient donc d'agir, car il est clair que l'apparition de "super équipes" rend presque impossible l'idée pour la moitié des projets de seconde division d'accéder à un Grand Tour, sauf si bien entendu on possède la "bonne" nationalité et par conséquent un coup de pouce d'un organisateur qui a la volonté de promouvoir le cyclisme dans son pays.

Il est donc temps d'ouvrir un peu les vannes, et de penser à l'intérêt général. Intérêt général qui consiste bien sûr à pérenniser l'ensemble de la pyramide, et non pas uniquement favoriser le haut du panier, c'est à dire le circuit World-Tour.

Ceci car en Pro Team, les questions sont nombreuses, et parmi celles-ci, notamment en Espagne ou en Italie, on trouve la suivante : combien de temps peut-on retenir un sponsor sans un minimum de garantie de participation au Giro ou à la Vuelta. Car on le sait, avec les invitations automatiques, il n'y a plus que deux places pour les Wild-Card de l'organisateur. 2 places pour un paquet de candidats (Bardiani, Eolo, Corratec, Tudor, Q36.5 en Italie, et Burgos, Caja Rural, Kern Pharma, Euskaltel en Espagne), et donc potentiellement de nouveau sponsors déçus, qui n'auront clairement rien d'autre à se mettre sous la dent.

Face à ça, il faut donc s'ouvrir à la Pro Team, et penser au vélo dans sa globalité, et plusieurs solutions existent pour permettre aux projets de s'installer sur la durée. Des solutions en tout cas plus réalistes qu'une hypothétique réversion de droits TV, qui relève plus du fantasme qu'autre chose au vu des coûts de production d'une course.

- Tout d'abord, il apparaît urgent de monter à 24 équipes sur les Grand Tour, ceci afin de laisser un minimum de structures sur la touche, ou en tout cas de faire en centre qu'une mise à l'écart ne dure qu'un an, et ne soit liée qu'à un turn-over entre les différentes formations. Autre avantage, cela redonnerait certainement un peu d'intérêt aux étapes de plaine, avec des candidats un peu plus nombreux à l'échappée matinale.

- Ensuite, il faudrait créer un cercle vertueux en division continentale, et récompenser les projets qui jouent le jeu, c'est à dire ceux où l'on offre une rémunération aux coureurs, et ceux donc où les sponsors investissent suffisamment pour être récompensés, et non pas laissés de côté et en concurrence avec les "équipes tempêtes", qui pour certaines d'entre elles ont accès à la Pro Series sans faire quoi que ce soit pour le mériter, et c'est là où la création d'une 4ème division fait sens.

- Enfin, et toujours dans l'idée d'instaurer une dynamique positive et vertueuse, il faut récompenser les Conti qui jouent le jeu avec une carotte qui peut convaincre des sponsors d'investir. Pourquoi pas donc créer un système d'invitation tournante pour les Conti sur le circuit World-Tour, non pas à l'occasion du Tour de France bien entendu, mais sur les autres épreuves tricolores du calendrier.

En effet, il est tout à fait possible d'envisager modifier les règlements, pour permettre à Nantes, Auber, Nice ou Roubaix de postuler à une invitation sur Paris-Nice, le Dauphiné ou bien encore Paris-Roubaix, sur le principe d'une équipe mixte pour gagner en compétitivité face aux structures du World-Tour ou de Pro Team, mais ceci afin de récompenser les projets qui ont le mérite d'exister par une belle récompense médiatique.

Par Charles Marsault

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