Nairo Quintana : portrait d'un paysan des montagnes devenu l’un des meilleurs grimpeurs du cyclisme professionnel
Considéré comme l’un des meilleurs grimpeurs du peloton à l’heure actuelle, Nairo Quintana incarne tout ce que les passionnés de vélo aiment : l’humilité et la ténacité. Il a explosé aux yeux du grand public en 2013 en terminant deuxième du Tour de France derrière Christopher Froome , après avoir remporté la 20ème étape au sommet du Semnoz.
Cette année encore, sauf blessure, il fera partie des favoris de la Grande Boucle. Alors qu’il prendra part à son 5ème Tour de France, il pourrait bien cette fois-ci s’adjuger la victoire finale. Un succès du Colombien est pour l’instant cotée à 9.00 sur PMU. En engageant le bonus de bienvenue sport de 100 €, vous pouvez empocher 900 € (toutes les infos sur http://bonus-malin.info)
Mais Quintana est bien plus qu’un simple coureur cycliste. Il perpétue à sa manière la grande tradition des coureurs de montagne ayant grandi sur les hauteurs du monde. Il est de ces hommes dont on raconte le destin au coin du feu. Ceux qui ont une histoire teintée de mythe, de mysticisme et d’héroïsme. Retour sur la vie d’un coureur qui marquera l’histoire du cyclisme.
Quintana est né dans le centre de la Colombie, à Tunja, la capitale du département de Boyaca. La ville est située sur la chaîne orientale des Andes, à plus de 2.800 m d’altitude. Dès la naissance, on lui diagnostique le « mal du défunt ». C'est une étrange maladie transmise par les femmes enceintes ayant été en contact avec les morts. On lui donne 3 ans à vivre. L'Éternel, dans sa grande magnanimité, lui accorde un sursis qui court encore aujourd'hui.
Il a grandi dans une famille de 5 enfants. Son père est un vendeur de légumes qui deviendra invalide et sa mère garde les vaches. Tous les jours, il se rend à l’école en contrebas de la montagne où il habite : 16 kilomètres aller en descendant, et 16 kilomètres retour en cote à 8 %, sur un vélo de 12 kilos tout en tractant sa sœur : « J'allais à l'école à vélo. C'était 16 kilomètres en descendant et pour rentrer 16 kilomètres en montée. De nature, j'ai toujours aimé grimper, mais de toute façon, il fallait bien que je rentre à la maison ! »
Pour compléter le tableau, il faut souligner qu’il a toujours été très mauvais élève. L’école et les études ne l’intéressent pas. Il s’engage alors dans la police et il commence à courir en compétition. Voici les traits approximatifs de l’enfance d’un homme appelé à devenir l’un des plus grands grimpeurs colombiens.
Toutefois, comme il aime à le rappeler avec malice, l’objectivité fait souvent place à l’excès lorsqu’il est question de ses origines : « Certes, on ne pouvait pas se permettre d’acheter une montre ou un portable. Mais on n’en avait pas besoin non plus. Mes origines pauvres ont été exagérées par les journaux parce que ça fait vendre du papier. »
Quintana signe son premier contrat pro à 19 ans, avec l’équipe Boyaca Es Para Vivirla. Ensuite, il devient champion de Colombie espoir de contre-la-montre puis est recruté par l’équipe Colombia Es Pasion Team. Cette signature va être un tremplin décisif. La formation est connue pour envoyer régulièrement ses meilleurs éléments en Europe car c’est la seule à posséder le label UCI en Colombie. En 2010, il s’adjuge le Tour de l’Avenir en gagnant 2 étapes. En rentrant au pays, il est accueilli en héros. Dans la foulée, il est sollicité par beaucoup de grosses équipes, mais décide de rester en Colombie.
En 2012, il signe chez Movistar, équipe avec laquelle il est toujours lié. La formation est dirigée par l’ancien mentor de Miguel Indurain, Eusebio Unzue. Quintana remportera cette même année le Tour de Murcie, la Route du Sud ainsi que la première étape du Tour d’Espagne. La saison suivante, il gagne la 3ème étape du Tour de Catalogne, le Tour du Pays Basque. Fort de ces prestations, il gagne une invitation pour le 100ème Tour de France.
Les observateurs découvrent alors avec engouement ce poids plume (1m67, 58 kg) qui dégage quelque chose de spécial. Tout d’abord, ses traits. Il ne ressemble en rien à l’autre champion du pays, Rigoberto Uran : il est petit, râblé et a une peau de la couleur du bronze. Il incarne ce qu’Evo Morales, actuel président de la Bolivie, incarnait lors de sa première élection en 2005 : une résurgence salvatrice des peuples premiers d’Amérique du Sud.
De plus, c’est un coureur qui a grandi en altitude. Il a donc l’habitude de vivre dans des environnements où l’oxygène est rare. Il partage cela avec Froome par exemple, qui est né au Kenya et qui a fait ses premières armes en Afrique du Sud. Ce n’est donc pas un hasard non plus si ces deux hommes courent à l’instinct, faisant fi des statistiques.
Pour sa première participation sur la Grande Boucle, Quintana a 23 ans. Il y est engagé en tant qu’équipier d’Alejandro Valverde. Il n'a aucune responsabilité, si ce n’est celle de protéger et d’assister son leader. Mais l’Espagnol va rapidement perdre du temps et hypothéquer ses chances de victoire. Quintana va donc lui voler la vedette. Il tente un cavalier seul dans les Pyrénées lors de la 8ème étape et endosse le maillot blanc. Le 14 juillet, lors de la 14ème étape, il tente une nouvelle échappée. Il sera repris à 1.5 km de l’arrivée par Christopher Froome.
Six jours plus tard, Quintana remet le couvert lors de l’avant-dernière étape. Son audace va payer. Il décrochera la victoire finale au sommet du Semnoz devant Joachim Rodriguez et Chris Froome. Il arrivera à Paris avec le maillot à pois, le maillot blanc et une deuxième place au classement général. Sa carrière est définitivement lancée.
Ses premiers mots sont pour Mauricio Soler, ancienne gloire du cyclisme national, qui lui a donné un petit gri-gri qui l’a guidé vers la victoire finale : « Je veux adresser un salut particulier à un Colombien qui a porté ce maillot à pois et qui a été victime d'une grave chute : c'est Mauricio Soler. Il m'a donné une médaille que je porte autour du cou et que j'ai portée tout au long du Tour pour que ça me porte chance », déclarera-t-il dans la presse. Le respect des ancêtres, voici la petite touche de mysticisme qui manquait à son portrait.
Dans la foulée du Tour 2013, il remporte le Tour d’Italie l’année suivante puis le Tour de Burgos. En 2016, il s’adjuge la Vuelta puis il termine 2ème du Giro en 2017. Après 4 participations sur la Grande Boucle, Quintana n'a jamais remporté le maillot jaune. Le Tour, tous les cyclistes le savent, est la course la plus dure à gagner. Il faut être au top de sa forme, bénéficier des appuis nécessaires au sein de son équipe et avoir de la chance.
Qu’importe, Quintana est déjà une légende. Son passé parle pour lui, tout comme sa réussite ou l’aura dont il dispose. Si son nom résonne dans le monde entier, le petit homme des montagnes n’a pas changé. Malgré un salaire à plus de 2 millions par an, il ne dépense pas plus qu’il ne faut, met de l’argent de côté et aide sa famille dès qu’il le peut. Celui que le peuple colombien appelle le « Lider Minimo » en référence à Hugo Chavez retourne dès qu’il le peut sur les hauteurs de Tunja, là où ses parents ont encore leur ferme.
Taiseux et humble, Quintana est un grand homme avant d’être un grand cycliste. Certes, il n’est ni meneur d’hommes, ni révolutionnaire dans l’âme, mais il incarne la dignité et la droiture, des valeurs qui ont disparu chez les grands champions avec la montée en puissance du sport business. « Je ne représente pas les paysans pauvres, mais les paysans dignes », dira-t-il. Peu importe dans le fond qu’il gagne le Tour, peu importe qu’il devienne le plus grand champion colombien de tous les temps, car l’homme Quintana est déjà un exemple pour les jeunes générations.
Crédit photo : LaPresse/Giro d'Italia