A la veille de Milan San Remo, Emile, Cyprien, Thibaut et Charles vous proposent lerus favoris pour le premier monument de la saison, et certainement celui qui est le plus incertain en terme de scénario.
Tadej Pogacar : le facteur X (Emile)
Avec sept victoires en treize jours de course, deux classement généraux remportés, le prodige slovène se pose comme l’épouvantail de Milan-San Remo. Fort d’une semaine tout en maîtrise lors de Paris-Nice, il arrive rempli de confiance dans la capitale lombarde. Des démarrages incisifs, des sprints écœurants et une lecture de la course parfaite, tout a souri au coureur le plus impressionnant de ce début de saison. Les mots de Romain Bardet dans L'Équipe illustrent bien la portée du phénomène qu’il représente : “Quand il accélère, je suis un cran en-dessous. J’espère que j’ai encore une marge de progression, sinon je ne vais pas continuer à faire du vélo longtemps.”
Pour sa troisième participation à la Primavera, le Slovène pourrait tenir le rôle principal de cette course. On sait que la nouveauté ne lui fait pas peur, à l’image de sa première participation au Ronde l’année dernière, durant lequel il a dompté les monts pavés avec l’aisance de celui qui est né pour cela. Il va être observé, suivi, ce sera la bonne roue à prendre. Le frisson réside dans la possibilité qu’il dynamite tout à 50 km de l’arrivée, plutôt que de suivre les schémas classiques, c’est-à-dire attendre le Poggio et faire parler son punch. Au mieux, sur cette course, il a fini 5ème, c’est trop peu pour un coureur de son talent et son appétit gargantuesque.
Il s’avance sur la ligne de départ épaulé d’un solide collectif avec Alessandro Covi, Felix Grosschartner et Davide Formolo qui devraient être en mesure de l’accompagner jusqu’aux premières pentes du Poggio avant de le laisser faire parler sa puissance et de s’envoler, à moins que cela ne soit déjà fait. On ne peut jamais être sûr avec Tadej. Une chose est sûre, il ne restera pas dans les roues, pour notre plus grand plaisir.
Pello Bilbao : l’opportuniste (Cyprien)
Que les choses soient claires : si Milan-San Remo se joue dans le Poggio, les chances de Pello Bilbao sont plus que restreintes. Face aux spécialistes des courses d’un jour dont la lecture de la course et la pointe de vitesse sont supérieures, l’Espagnol aura du mal à créer la surprise. Néanmoins, avec un Tadej Pogacar impatient au départ, la situation pourrait être différente. Si le Slovène choisit, comme il l’a souvent fait, de dynamiter la course plus tôt qu’à l’accoutumée, il pourrait bouleverser le scénario habituel. Dans ce cas, les forces en présence dans la dernière heure de course pourraient être réduites, et c’est à ce jeu-là que Pello Bilbao a le plus de chances de tirer les marrons du feu. En effet, si Pogacar bouge dès la Cipressa, tous ses adversaires n’oseront peut-être pas le suivre. Le coureur de Bahrain-Victorious, lui, aura tout intérêt à le faire pour préparer le terrain pour Matej Mohoric. Dans le cas où un groupe prendrait suffisamment d’avance pour envisager la gagne, tous ses membres surveilleraient l’ogre Pogacar, ce qui laisserait des opportunités à des coureurs moins attendus… comme Bilbao.
Tout cela relève davantage du fantasme que d’une probabilité concrète, mais le Basque, si discret soit-il, a des arguments à faire valoir. 7e des Strade Bianche, il cherche depuis longtemps une grande victoire lors d’une course d’un jour, lui qui n’en a gagné qu’une… en 2014 !
Arnaud De Lie : la hype du moment (Charles)
Si je n’ai pas forcément pour habitude de céder à la “hype du moment”, les qualités montrées par Arnaud De Lie depuis un peu plus d’un an me font revoir mon jugement, et ce même si Milan - San Remo est une classique à part, où l’expérience joue un rôle majeur, surtout dans le final de la course.
Malgré tout, je vois Arnaud De Lie assez mature pour ne pas effectuer d’efforts superflus et arriver le plus frais possible au pied du Poggio. Et pour la suite, le facteur chance rentrera forcément en ligne de compte, car il apparaît encore un peu compliqué de suivre un Pogacar en très grande forme dans la dernière difficulté de la course.
Mais si par bonheur pour le jeune coureur de la formation Lotto-Dstny un peloton d’une trentaine de coureurs venait à se jouer la gagne sur la Via Roma, il serait avec Wout Van Aert le grand favori pour la victoire.
Jasper Philipsen, l’inattendu (Thibaut)
Jasper Philipsen, membre d'une équipe qui peine à obtenir des résultats en cette saison 2023, pourrait bien créer la surprise sur la Via Roma samedi après-midi. Bien qu'il n'y ait plus eu de sprint massif à la Primavera depuis Arnaud Démare en 2016, certains éléments laissent penser que cette année pourrait être la bonne pour Philipsen. Tout d'abord, il aborde le premier monument de la saison avec confiance, ayant remporté deux étapes lors du Tirreno-Adriatico. Le sprinteur belge sait donc qu'il peut compter sur sa force en cas de sprint.
Un autre facteur qui plaide en faveur de Philipsen est la présence d'un effectif solide au sein de l'équipe Alpecin-Deceuninck. Des coureurs expérimentés tels que Soren Kragh Andersen ou Quinten Hermans seront tout à fait capables d'accompagner Philipsen jusqu'aux derniers instants de la course.
Enfin, il y a le facteur X : Mathieu Van Der Poel. Bien qu'il se soit montré en retrait depuis son retour sur route, ayant terminé 15ème des Strade et n'ayant pas pesé sur la course du Tirreno, Van Der Poel est lucide sur son état de forme. Il a déclaré il y a quelques jours qu'il n'était pas au niveau attendu. Si tel est le cas, un MVDP à 95% se transformant en équipier de luxe pourrait permettre à Philipsen de remporter la mise.
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