Alors qu’une partie des équipes de l’élite a déjà bouclé son mercato en vue de la saison prochaine, plusieurs très bons coureurs français n’ont toujours pas trouvé de formation en vue de 2020. Pour vous, Velo-Club fait donc le point sur ces talents tricolores, oubliés des recruteurs jusqu’à présent.
Nicolas Prodhomme : Quelle ne fut pas la surprise, pour bon nombre de suiveurs, de lire chez nos collègues de directvelo que ce si talentueux coureur changeait de club pour aller au VC Villefranche Beaujolais. Loin de moi l'intention de critiquer ce club, mais la question était "Pourquoi ne passe-t-il pas chez les professionnels?".
Lui pourtant si fort sur plusieurs courses italiennes, encore cette année sur le Piccola San Remo qu'il remporte ou le Ciriè Plan della Mussa où il termine troisième. Alors on réfléchit, est ce qu'il ne montre pas un esprit d'équipe? Pourtant on l'a vu de nombreuses fois accompagner et aider le talentueux Clément Champoussin son coéquipier à Chambéry... De plus son profil de puncheur grimpeur fait cruellement défaut dans plusieurs continentale professionnelle française qui se trouvent limitées dès que la course devient montagneuse. Même si il avait atteint son plein potentiel, Nicolas Prodhomme a tout à fait sa place dans une équipe continentale ou continentale professionnelle. Le débat peut exister sur le fait de le faire débuter en World Tour, mais pour le reste... Ce n'est pas pour rien que dans les discussions qui animent les fans de la petite reine en cette période d'intersaison et de mercato, son nom revient si souvent lorsqu'on parle des équipes à qui il manque un ou plusieurs coureur(s).
Le voir continuer en amateurs est pour moi une aberration, et cela fait penser à ce qu'aurait pu être le destin de Guillaume Martin, boudé par les équipes françaises et qui pu passer chez les pros grâce au nez fin de la Wanty dont il a fait les beaux jours jusqu'à la fin de cette année.
Jérémy Maison : Vraiment très prometteur lorsqu'il passe professionnel après une magnifique saison 2015 (il chute et abandonne sur le Tour de l'Avenir alors qu'il voltige en tête d'une grande étape de montagne par exemple), Jérémy Maison a vraiment marqué le pas chez les professionnels. Ses deux saisons chez la FDJ sont très loin de ce qu'on pouvait attendre. Il rebondit toutefois chez Fortunéo Samsic qui va devenir ensuite Arkéa Samsic. Ça va mieux, ce n'est pas un leader, non, mais il va chercher des tops 20 sur des courses difficiles comme le Tour La Provence, le Tour de l'Ain, la Vuelta a Burgos ou encore le Tour de Wallonie et termine également second du toujours très dur Tour de Savoie Mont Blanc. En 2019, dans une équipe moribonde, il fait plus ou moins les mêmes performances, top 20-30 de la Coppie e Bartali, Tour des Alpes, Tour de l'Ain, enchaînant Dauphiné et Mont Ventoux Challenge avant de se blesser lors des championnats de France.
Jérémy Maison, à 26 ans, ne sera probablement jamais un leader qui va remporter des courses montagneuses. Par contre, il sait bien accompagner ses leaders, il sait ce que sacrifice veut dire. On a pu le voir lors du dernier Dauphiné aux côtés de Warren Barguil. Un peu comme Nicolas Prodhomme, il a un profil qui n'est que trop rare dans les continentales (pro ou pas) françaises, capable de représenter l'équipe sur un classement général de .1 ou d'accompagner le leader pour que celui-ci ne soit pas trop rapidement isolé. Cela serait fort dommage de ne pas le voir un peu plus chez les professionnels, lui qui semble avoir une maturité plus tardive.
Kevin Le Cunff : très bon cette année sous les couleurs de Saint-Michel Auber 93, Kevin Le Cunff espère trouver une place en Conti-Pro l’an prochain, et au vu de ses performances, ça serait tout sauf volé, surtout quand on voit certaines prolongations...Auteur d’une saison 2019 pleine, où il a signé de nombreuses places d’honneur, le français aurait même pu s’offrir une victoire de prestige sans une petite erreur qui lui a coûté une joli succès lors de la dernière étape des Boucles de la Mayenne.
Et même si il a déjà 31 ans, il mériterait d’avoir sa chance au moins une année au plus haut niveau, car comme on a pu s’en apercevoir cette année avec Geoffrey Bouchard ou Adrien Guillonnet, on peut tout à fait devenir un bon coureur pro une fois sorti de la catégorie U23, et si certains cas amènent forcément à la prudence, ce n’est pas une raison pour rester enfermer dans le même schéma pour tous ceux qui ont passé 25 ans.
Par Benjamin Arnaud et Charles Marsault