Nous ne sommes que début février mais la saison est bel et bien lancée. De nombreuses courses se sont déroulées ces dernières semaines, tant est si bien que le Tour Down Under nous paraît déjà presque lointain. De la Cadel Evans Great Ocean Road Race à La Marseillaise en passant par le Gabon, l’Argentine et l’Espagne, retour sur les Tops et les Flops de janvier.
LES TOPS
Intermarché-Circus-Wanty
Elle était la surprise du haut de tableau en 2022, la voilà en tête du classement UCI. L’équipe Intermarché, malgré un mercato agité à l’intersaison, a démarré en trombe cette saison 2023. En vue sur le Down Under, elle a ouvert son compteur dès sa première course européenne grâce au nouveau venu Rui Costa, imité par deux fois par Kobe Goossens dans les jours suivants. À Majorque, les Belges ne sont jamais descendus du podium et comptent huit Tops 10 en cinq jours de course. Cela ne présage en rien une réussite au niveau supérieure mais témoigne a minima d’une préparation réussie de ses coureurs. En Australie, Hugo Page a même bien failli scorer sur la Cadel Evans.
Marius Mayrhofer
S’il ne l’a pas fait, c’est parce que le Français a trouvé sur sa route un certain Marius Mayrhofer. Le jeune Allemand, plutôt discret depuis sa sortie des rangs Juniors, a franchi un cap cet hiver. Quatre fois dans le Top 15 des étapes du Tour Down Under et 21e du général, il a vite acquis la confiance de ses coéquipiers qui ont contribué au contrôle de la Cadel Evans Great Ocean Road Race pour le mettre dans les meilleures conditions. Il ne lui en fallait pas plus pour transformer l’essai. Vainqueur de l’épreuve devant des hommes rapides, le jeune coureur de 22 ans est peut-être la carte secrète de DSM pour cette saison dans un effectif dépourvu de grands leaders. Dans le même temps, Sam Welsford pourrait lui aussi avoir progressé puisqu’il a remporté deux étapes du Tour de San Juan devant des pointures. Ces deux atouts pourraient s’avérer précieux pour faire le plein des tant convoités points UCI.
EF et Israel
Et la course aux points a bien débuté aussi pour EF et Israel. La première, grâce à la victoire d’Alberto Bettiol au prologue du Down Under, mais surtout grâce aux succès de Marijn van den Berg à Majorque et de Neilson Powless à La Marseillaise, a déjà engrangé un pécule intéressant. La seconde a catastrophique à Majorque en ayant manqué le Top 50 durant les quatre premières journées. Mais heureusement pour elle, la formation israélienne a accumulé de gros points en Australie avec Simon Clarke, Corbin Strong et Sebastian Berwick. Si sa stratégie interpelle toujours -Israel n’a engagé aucun de ses leaders au Challenge de Majorque, pourtant très rentable en termes de points-, il faut lui reconnaître qu’elle a mis les moyens pour bien débuter au niveau World Tour.
Les jeunes de Groupama et Lotto
Beaucoup s’interrogeaient sur ce que serait la première saison professionnelle des nombreux promus de Groupama-FDJ. Jusqu’ici, il faut dire qu’ils n’ont pas déçu. Lancés dans le grand bain dès le Down Under, Reuben Thompson et Paul Penhoët ont tous les deux intégré le Top 30 de l’épreuve australienne, avec en prime deux Tops 5 d’étape pour le second cité. Côté européen, c’est à La Marseillaise que l’on a pu voir à l’œuvre Lenny Martinez et Enzo Paleni, membres de la bonne échappée et respectivement 8e et 9e à l’arrivée non sans avoir tenté d’éviter le sprint dans le final. Reste à voir ce que ça donnera avec un peu plus de bouteille.
Du côté de Lotto-Dstiny, les jeunes pépites n’ont pas déçu non plus. Le prometteur Lennert van Eetvelt était parmi les tous meilleurs lorsque la route s’élevait à Majorque tandis qu’Arnaud de Lie, sans grande surprise, a remporté le Grand Prix de Valence. Plus inattendu fut le podium de Jarne van de Paar à Palma. Relativement méconnu, le champion de Belgique U23 aurait voulu imiter son coéquipier, vainqueur surprise de cette même course l’an passé. Battu par Ethan Vernon et Biniam Girmay, le jeune sprinteur pourrait être la 3e carte de Lotto dans les arrivées groupées.
Filippo Ganna
Si Egan Bernal a plutôt rassuré en terminant 4e de l’étape-reine du Tour de San Juan, le Colombien a malheureusement dû quitter la course, touché au genou. C’est son coéquipier Filippo Ganna qui a le plus pris la lumière du côté de l’Argentine. 3e au sprint à Barreal puis 2e à l’Alto Colorado devant les purs grimpeurs, le gaillard italien a pris la même place au classement final et s’annonce en très bonne forme à l’aune d’un printemps 2023 duquel Paris-Roubaix doit être le point d’orgue.
LES FLOPS
La sécurité à San Juan
Il faut espérer que la sécurité ne sera pas trop souvent dans nos flops cette année, mais ça commence mal. Le parcours du Tour de San Juan a plusieurs fois posé problème lors de cette édition : pas de barrière, des îlots directionnels et des spectateurs sur la route, des obstacles non-indiqués, une flamme rouge sur la moitié de la chaussée et l’absence totale de signaleurs (du moins, de signaleurs efficaces) sont autant de problèmes relevés en seulement quelques kilomètres lors du final de la première étape, par exemple. Le fait que Fabio Jakobsen ait heurté la main d’un spectateur imprudent quelques jours plus tard n’arrange pas les choses, même si cet incident est difficilement imputable à l’organisateur. Toujours est-il que Remco Evenepoel a eu raison de se plaindre auprès de l’organisateur et que le sujet de la sécurité doit enfin être pris en compte, y compris sur les « petites courses » hors du Vieux Continent.
Astana
Que l’on soit féru ou non de la course aux points, force est de constater qu’Astana est partie sur les mêmes bases que l’année 2022. Avec seulement 31 points UCI au 31 janvier contre 179 pour Burgos-BH, 236 pour Euskaltel-Euskadi ou encore 566 pour Lotto-Dstiny, l’équipe kazakhstanaise ne se facilite pas la tâche. En termes de résultats bruts, le bilan n’est logiquement pas beaucoup plus rassurant. Jamais mieux placée qu’une 19e place lors des étapes du Down Under, 33e du général par l’intermédiaire de Luis Leon Sanchez, absente des courses espagnoles et de la Cadel Evans, Astana est transparente. Pire : elle semble en être consciente et s’est contentée en Australie d’échappées suicidaires. En Argentine, Gleb Syritsa a eu le mérite de finir placé dans deux explications massives mais Harold Tejada n’a pas fait mieux qu’une 18e place au général. Heureusement, le Saudi Tour s’annonce un peu meilleur. Mais le chemin va être long pour les hommes d’Aleksandr Vinokurov.
Arkea-Samsic
Exit le statut de prétendante au World Tour, Arkea semble avoir perdu sa fougue en ce début de saison. Loin d’être aussi catastrophique qu’Astana, l’équipe bretonne a du mal à démarrer sa première saison dans l’élite. Hugo Hofstetter s’est montré inoffensif en Australie, le groupe majorquin n’a jamais réellement joué la gagne en dépit d’un Louis Barré en bonne condition, et Nacer Bouhanni, tout juste remis de sa grave blessure, a déjà regoûté au bitume heureusement sans trop de gravité. Rien d’alarmant toutefois puisque l’objectif d’Emmanuel Hubert a sans doute évolué avec sa promotion en World Tour.
HPH
Dans le même esprit, on pouvait attendre mieux de la formation Human Powered Health, autrice d’un recrutement intéressant à l’intersaison. Pour le moment, les Américains ont été assez timides : hormis la 6e place de Stanislaw Aniolkowski à Palma, ils ont subi la course toute la semaine à Majorque en terminant constamment au-delà du Top 35. Là encore, pas de panique : si la forme de ses coureurs n’est pas étincelante, l’équipe vient de débuter sa saison et pourrait vite inverser la tendance.
Alpecin-Fenix
Kaden Groves avait terminé 4e du prologue du Down Under, mais depuis : plus rien. Timidement 9e de la 2e étape australienne, le sprinteur n’a pas réussi son arrivée chez Alpecin. Comme souvent, l’équipe belge a délaissé le classement général avant de décliner son invitation sur la Cadel Evans. Absente des courses espagnoles, elle ne paraît pas pressée de commencer sa saison. Piégée à La Marseillaise, elle a limité la casse en plaçant deux hommes dans les trois premiers du sprint du peloton. Mais il a fallu aller au-delà de la 10e place au classement pour s’en apercevoir et ce ne sont pas de tels résultats qu’Alpecin est supposée jouer.