Si vous suivez nos différentes émissions sur Twitch ou nos publications sur les réseaux sociaux, vous êtes tous familiers avec le CPA, le seul syndicat de coureurs reconnu par l'UCI, ce syndicat qui reçoit lors de chaque épreuve, une partie du Prize Money destiné aux équipes et aux coureurs.
Un principe qui fait bondir de nombreux pensionnaires du World-Tour et de Pro Team, mais pas que, puisque les différents membres de formations de troisième division sont également concernés.
Une aberration, tant ces derniers sont peu rémunérés, voir pas du tout suivant les situations, ce qui n'empêche pas les différentes instances de ponctionner ce qu'ils ont récolté à la sueur de leur front.
Dans le cadre de son enquête sur les syndicats de coureurs, la rédaction de Velo-Club s'est procuré le détail des primes reçues par une formation asiatique de troisième division, des primes qui concernent une épreuve disputée sur leur continent, et où on peut avoir un réel aperçu des sommes perçues et retirées. Et plusieurs éléments s'avèrent plus que perturbants.
De manière très factuelle, cette équipe aurait du toucher 3 025 euros, si rien n'avait été prélevé de manière automatique, mais malheureusement, la réalité est toute autre, et cette dernière n'a finalement touché que 2 455.70 euros, soit un manque à gagner de plus de 550 euros. Une somme qui peut paraître dérisoire pour de nombreux occidentaux, mais qui représente quelque chose d'important dans des pays où il n'y a pas forcément de salaire minimum, et surtout un niveau de vie beaucoup moins élevé, sans oublier une précarité immense pour les coureurs, qui n'ont que des contrats d'un an maximum, et ne sont parfois pas du tout rémunérés, faute de moyens.
Après avoir dressé ce constat, on peur donc s'interroger sur la pertinence des différentes taxes, car si la contribution à la lutte anti-dopage paraît juste et nécessaire, le reste lui porte à un vrai questionnement de fond.
En effet, quelle justification peut-on donner à un coureur qui gagne une misère et qui doit financer à hauteur de 2% de ses primes à l'administration du CPA, un syndicat dont il n'a certainement jamais entendu parler de sa vie, et qui très vraisemblablement, ne pourra jamais lui venir en aide ?
Il en va de même pour les 3% versées au syndicat du pays, qui n'existe pas, puisque aucune association nationale n'est présente en Asie, et que par conséquent, la somme allouée revient directement au CPA.
Enfin, on pourra s'interroger sur la participation à hauteur de 5% au fonds de retraite, sachant qu'il faut avoir été membre d'une équipe professionnelle pendant une durée de pas moins de 5 ans pour pouvoir en bénéficier en retour. Autant dire donc que la plupart des coureurs de Conti, qui ne font que quelques années voir quelques mois à ce niveau, n'auront pour la plupart, aucun droit d'accès à quelque chose pour lequel ils ont pourtant cotisé.
Hallucinant là encore, surtout quand encore une fois, on connaît la précarité financière de la 3ème division, et nul doute que dans le cas de figure de la course qui nous occupe, la somme de 500 euros aurait pu être bien utile à plus d'un coureur dans le besoin ! Dans leur intérêt, il est donc temps de revoir complètement le système, pour qu'au moins, ceux qui n'ont aucune de bénéficier d'avantages n'aient pas à cotiser, surtout quand ce sont les plus précaires du peloton !
Par Charles Marsault