Le cyclisme équatorien à la loupe. Une future grande nation de cyclisme ? (3ème partie)

Le cyclisme équatorien à la loupe. Une future grande nation de cyclisme ? (3ème partie)

Dernière partie de notre dossier sur le cyclisme équatorien aujourd'hui, et pour clôturer cette séquence,Thomas Fiolet vous propose de se concentrer notamment sur le présent et le futur du cyclisme de ce pays d'Amérique du Sud.

Présent et futur de l’Équateur

Pour finir, il me semble juste de dresser un tableau des jeunes coureurs équatoriens qui pourraient découvrir le monde professionnel les prochaines années. Avant d’évoquer les coureurs qui ne sont pas encore professionnels, petit zoom sur les trois plus jeunes équatoriens qui le sont déjà.

  • Jefferson Cepeda (1996) : Très solide sur le circuit America Tour depuis le milieu des années 2010, Jefferson Cepeda a mis un peu de temps à venir en Europe. Après son arrivé dans la réserve de la Caja Rural mi-2018, il lui aura fallu peu de jours pour s’imposer sur le circuit amateur espagnol. Annoncé il y a quelques années comme le futur grand coureur équatorien, Jefferson Cepeda ne sera sans doute pas au niveau des Carapaz et Narváez mais il pourrait très bien tirer son épingle du jeu sur les courses un peu moins relevées.

  • Principaux résultats :

Tour de Navarre 2019, Championnat panaméricain sur route 2019, champion d’Équateur du contre-la-montre et sur route 2018, 4e de la Klasika Ordizia 2020

  • Jhonatan Narváez (1997) : Passé par Axeon, Narváez a très rapidement brillé chez les professionnels avec Quick-Step. Après une première année chez Ineos un peu compliqué, Narváez a confirmé cette année en remportant une étape du Tour d’Italie, de la Semaine internationale Coppi et Bartali et le classement final de cette même course. Un profil différent de ses compatriotes qui pourrait lui permettre de briller les prochaines années sur des classiques ardennaises et sur plusieurs étapes des grands tours.

  • Principaux résultats :

12e étape du Tour d’Italie 2020, Semaine Coppi et Bartali 2020, Champion d’Équateur 2017.

  • Alexander Cepeda (1998) : Le point culminant de sa solide saison 2019 a été la victoire sur la dernière étape du Tour de l’Avenir. Mais, en tant que pur grimpeur, le plus jeune des Cepeda est sans doute celui qui est le plus limité dans les autres domaines. Viser quelques étapes en haute montagne est ce qui pourrait lui convenir le mieux dans le futur.

  • Principaux résultats :

10e étape du Tour de l’Avenir 2019, 4e étape du Clásico RCN 2019.

Il est certain que tous les jeunes, quelques-uns ne sont plus si jeunes que cela, qui seront cités n’atteindront pas ce niveau mais, pour le moment, ils forment le contingent équatorien qui peut espérer briller en Amérique du Sud et en Europe dans un futur à moyen et long terme.

  • Esteban Villareal (1996) : À déjà 24 ans et après avoir passé une saison blanche à la suite d’une blessure, il est très compliqué d’espérer le voir en Europe un jour ou l’autre. Ayant déjà participé à des mondiaux sur route et sur route, au Tour de l’Avenir, Tour du Val d’Aoste ou à la Ronde de l’Isard, Villareal a récemment montré qu’il avait le niveau pour courir avec les meilleurs coureurs. Lors du Tour Colombia 2019, il avait pris la quatrième place d’une étape remportée par Bob Jungels. Sa chance est peut-être passée mais, bon grimpeur et bon sprinteur, il est certain que Villareal deviendra un des principaux coureurs sur le calendrier local.

  • Principaux résultats :

Champion d’Équateur espoir 2018, 5e du Tour de l’Équateur 2019

  • Benjamín Quinteros (1997) : Quinteros fait partie de cette génération 1997-1999 qui a tout récemment franchi l’Atlantique pour venir en Europe. Même si plusieurs de ses compatriotes ont atteint un niveau plus élevé, il est l’une des références chez les 23 ans ou moins. En 2018 et 2019, Quinteros était l’un des principaux coureurs de la sélection équatorienne sur les courses espoirs.

  • Principaux résultats :

Champion d’Équateur espoir 2019, 2e du championnat panaméricain du contre-la-montre 2019, 4e du Tour de l’Espoir 2019.

  • Steven Haro (1998) : Alors que Cepeda se révélait sur le dernier Tour de l’Avenir, un autre coureur a démontré de belles qualités en montagne. 20e du Tour de l’Avenir en étant proche des meilleurs grimpeurs, et meilleur grimpeur du Tour de l’Espoir au début de l’année, ses résultats lui ont permis de signer un contrat avec la réserve de la Caja Rural pour la saison 2020. En raison du Covid, sa saison européenne s’est arrêtée brièvement. Sans ça, Haro aurait certainement eu plus de chances de rejoindre les rangs professionnels. Son équipe pour la saison à venir sera une nouvelle fois de nationalité espagnole : la nouvelle équipe amateur ESSAX. Le talent est là et il serait dommage de passer à côté de ce bon grimpeur, performant depuis les années juniors.

  • Principaux résultats :

Meilleur grimpeur du Tour de l’Espoir 2019, Tour de Miranda 2019, 6e du Tour du Venezuela 2019, 6e du Tour de l’Espoir 2019, 9e du Tour de l’Équateur 2020, 20e du Tour de l’Avenir 2019

  • Cristian Toro (1998) : Premier leader du dernier Tour de l’Équateur, Toro est sans doute le moins cité, dans des listes de coureurs équatoriens à suivre, lorsque les différents médias nationaux s’essayent à l’exercice. Pourtant, il propose depuis 3 saisons un niveau tout aussi solide que les différents coureurs présentés ici. Moins connu, il pourrait ne pas avoir la chance de gagner un ticket pour le Vieux continent. Néanmoins, ses bons résultats lui valent d’être un coureur à suivre, au minimum au niveau local.

  • Principaux résultats :

1ère étape du Tour de l’Équateur 2020, 2e des championnats d’Équateur espoirs 2018, 3e du championnat d’Équateur espoir 2019, 9e du Gran Prix de la Patagonie 2020

  • Santiago Montenegro (1998) : Il n’est ni plus ni moins que le tenant du titre du Tour de l’Équateur. Avec Montenegro, le cyclisme pouvait rapidement s’arrêter. Lorsqu’il connait une grave blessure en 2016 ou lorsqu’il devient papa quelques années plus tard. Fin 2020, il remporte donc la plus grande course de son pays. Ses résultats par le passé lui ont déjà ouvert des portes en Europe chez Escribano. Il continuera en 2021 dans cette même équipe avec une possibilité de passer professionnel mi-2021.

  • Principaux résultats :

Tour de l’Équateur 2020, Championnat panaméricain espoir 2019, 3e du Tour de l’Espoir 2019

  • Richard Huera (1999) : Déjà contacté par la Lizarte et la Fundación Contador il y a 2 ans, Huera fera enfin ses débuts européens en 2021 au sein de la réserve de la Caja Rural. Les similitudes sont nombreuses avec Byron Guamá. Trapu, Huera est un bon grimpeur possédant une excellente pointe de vitesse lui permettant de régler des pelotons au sprint. Si la situation sanitaire le veut, il pourrait alors exploser en Espagne sur un calendrier qui lui conviendrait à merveille.

  • Principaux résultats :

4e et 8e étapes du Tour de l’Équateur 2020, meilleur jeune du Tour de Tour de l’Équateur 2020, 7e du Tour de l’Équateur 2020, 20e du Tour Colombia 2020

  • Joel Fuertes (1999) : Survolant les courses juniors en 2017, Fuertes avait tout pour être un nouveau crack équatorien. Sélectionné, chez les espoirs, sur quelques épreuves internationales dès 2018, Fuertes a ensuite eu l’occasion de courir en Europe. Mais, après un passage plus que compliqué avec l’U.C Monaco, Fuertes est rentré en Équateur sans avoir réellement montré tout son talent. En 2021, après une saison incomplète en raison de la naissance de son enfant, il intègrera le Team Best PC, et devrait avoir un calendrier sud-américain qui lui est plus adapté.

  • Principaux résultats :

Tour de la Juventud 2017, meilleur grimpeur de la Volta a Castelló 2019, 7e de la Vuelta a Nariño 2018.

  • Martín López (2000) : Si vous devez retenir un nom qui pourrait débarquer en Europe en 2022, c’est peut-être celui de Martín López ou Harold López, parfois appelé à tort par son premier prénom. Après Fuertes en 2017, López a largement dominé sa catégorie en 2018. Venant du triathlon, et parmi les meilleurs jeunes équatoriens dans ce sport, il s’est ensuite essayé au cyclisme à partir de 2015. Trois saisons plus tard, il devient champion national puis est invité à participer à la Vuelta al Besaya en Espagne. Engagé sur le Tour de l’Avenir avec la sélection équatorienne dès sa première saison chez les espoirs, López a montré quelques belles aptitudes sur les étapes de montagne sans aucune expérience internationale auparavant. Il confirme fin 2019 en étant très actif sur le Tour du Costa Rica et en enlevant l’étape-reine après un long numéro en solitaire. En raison du Covid, López n’a pu participer qu’à trois courses par étapes en 2020 : le Tour Colombia (32e) mais surtout le Tour du Guatemala et le Tour de l’Équateur. Au Guatemala, López a terminé 8e en travaillant pour son leader Guamá mais a surtout remporté deux étapes. Sur son tour national, le natif de la province d’Imbabura, devait toujours être le soutien de Guamá. Le résultat ? López est monté sur le podium pour sa première participation en prenant la troisième place. Il continuera une année supplémentaire en continentale avec son équipe Best PC. Ayant déjà eu quelques propositions d’équipes étrangères, on ne devrait pas tarder à le voir dans une équipe européenne. Un coureur à surveiller de près qui progresse très rapidement.

  • Principaux résultats :

8e étape du Tour du Costa Rica 2019, 6e et 8e étapes du Tour du Guatemala 2020, 3e du Tour de l’Équateur 2020

  • Brayan Obando (2001) : Encore très méconnu, Obando n’était autre que le meilleur grimpeur sud-américain junior en 2019. Ayant facilement doublé la mise sur le Tour de la Juventud, après avoir remporté l’édition 2018, Obando a été invité à courir en Colombie face à des coureurs comme Germán Gómez, 3e de la dernière Vuelta de la Juventud, ou Brayan Malaver, 21e du dernière Giro U23. Portant le maillot de la Fundación Everet, il a pu disputer la Clásica Esteban Chaves et la Clásica Ciudad de Soacha. Battu au classement final, Obando a néanmoins éclaboussé de son talent les étapes de montagne en s’imposant une première fois sur la Clásica Esteban Chaves puis une deuxième et troisième fois quelques jours plus tard sur la Clásica Ciudad de Soacha. Il repartira de Colombie avec, en plus, les maillots de meilleur grimpeur des deux courses. En signant début 2020 pour la nouvelle équipe colombienne Onion Team, on pouvait espérer voir Obando courir la Vuelta de la Juventud. Malheureusement, mort-née, son équipe n’aura duré que quelques semaines. Retournant en Équateur, le coureur de Carchi devait courir la principale course de son pays avec Eagle Bikes mais une blessure l’en a empêché. Une première saison espoir vide de résultat mais s’il revient à son niveau, nul doute qu’il sera l’un des jeunes grimpeurs les plus intéressants à suivre hors Europe. Entraîné par Alvaro Rosero, frère de Juan Carlos Rosero, est-il lui aussi dans les pas de Carapaz ?

  • Principaux résultats :

Tour de la Juventud 2018 et 2019, 3e étape de la Clásica Esteban Chaves, 2e et 3e étapes de la Clásica Ciudad de Soacha, meilleur grimpeur de la Clásica Esteban Chaves et de la Clásica Ciudad de Soacha, 3e de la Clásica Esteban Chaves et de la Clásica Ciudad de Soacha

  • Nixon Rosero (2002) : Le dernier coureur à faire l’objet d’un petit paragraphe est finalement celui qui peut être le plus proche pour devenir le successeur de Richard Carapaz. Pour l’instant, enlevons-lui une pression inutile pour ce coureur à peine âgé de 18 ans. Issu lui aussi de Carchi, Rosero apparaît dans le haut des classements, que ce soit sur route et piste, depuis de nombreuses années. Sur piste, il est déjà sans doute proche du niveau des meilleurs élites équatoriens. Sur route, il s’est révélé en 2020 en prenant la quatrième place des championnats panaméricains du contre-la-montre. S’en suit une victoire sur l’épreuve du contre-la-montre lors de son championnat national. Imbattable cette année sur les quelques courses juniors équatoriennes, Rosero a très logiquement remporté le Tour de la Juventud. En écrasant ses adversaires. Un prologue et la première étape montagneuse, de 121 kilomètres, une distance importante pour une course de cette catégorie, lui ont suffi pour ne plus être jamais inquiété. Portant son attaque à 50 kilomètres de l’arrivée, reprenant plus de deux minutes au coureur échappé, Rosero a franchi la ligne avec neuf minutes d’avance sur le deuxième. Succéder à Brayan Obando, qui, lui aussi, s’était imposé sur l’édition précédente avec de nombreuses minutes d’avance, n’était alors plus qu’une simple formalité.

Bon grimpeur et bon rouleur, Rosero a le profil idéal pour performer sur les courses par étapes. Il faut désormais espérer que sa formation se poursuive sans encombre. Entre López, Obando et Rosero le futur de l’Équateur est sans doute là.

  • Principaux résultats :

Tour de la Juventud 2020, champion national junior d’Équateur 2019, 4e des championnats panaméricains juniors du contre-la-montre 2019.

Pour conclure définitivement la liste, citons très rapidement les quelques coureurs de moins de 20 ans qui pourraient suivre les pas de leurs aînés dans le futur :

  • Santiago Rodríguez, champion d’Equateur junior en 2019, vainqueur d’une étape sur la Clásica Esteban Chaves 2019, 2e du Tour de la Juventud 2019, 5e de la Clásica Esteban Chaves 2019 et neveu de Pedro Rodríguez.

  • Mateo López, petit-frère de Martín López qui a aussi commencé par le triathlon.

  • Anthony Patricio Carapaz et Jhonny Carapaz, cousins de Richard Carapaz.

  • Joel Cortez

  • Brayan Hernández

  • Lenin Montenegro

  • Abel Marcillo

  • Franklin Revelo

  • Hernán Yar

  • Daniel Guzmán

  • Bayardo Chuquizan

  • Erick Caiza

  • Chez les féminines, Marcela Peñafiel, triathlète et nageuse, qui vient de remporter le Tour de la Juventud, pourra-t-elle succéder à Miryam Nuñez ?

Par Thomas Fiolet 

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