Hirschi lève enfin les bras

Hirschi lève enfin les bras

Marc Hirschi est rentré dans le coeur du public français. Comme à chaque édition du Tour de France, le public se prend de passion suite à la découverte d’un coureur prometteur ou alignant les belles performances. Habituellement très chauvin, le public français a presque malgré lui, jeté son dévolu sur un coureur suisse. Attaquant, polyvalent et attachant, Marc Hirschi a d’ores et déjà réussi son premier Grand Tour, à l’image de son équipe, impressionnante tactiquement depuis le départ comme en témoigne la récente victoire de Kragh Andersen à Lyon. 

Vainqueur à Sarran

Dans l’étape la plus longue de ce Tour 2020 (218 kilomètres) qui n’avait rien d’une de transition, les baroudeurs ont longtemps bataillé pour animer un profil qui leur convenait à la perfection avec un enchaînement de côtes jonchées au milieu de routes sinueuses, comme la Corrèze a de plus beau à offrir. Les échappés repris à moins de cinquante kilomètres de l’arrivée, le « bordel » comme légenderait un coureur lambda, pouvait démarrer. 

Hirschi voyait ses coéquipiers Andersen et Benoot sortir du peloton dans la Croix du Pey, rapidement rejoints par Soler. Un groupe de contreurs ne se faisait pas attendre et voyait le fameux Hirschi intégrer ses rangs, presque à la poursuite de ses coéquipiers, alors placés en lanceur du prodige suisse. 

Sûrement imaginée par les directeurs sportifs, cette tactique verra Soler, le meilleur grimpeur du groupe, attaquer dans la montée du Suc au May. Hirschi ne mettra pas longtemps à sauter dans la roue du grimpeur de la Movistar avant de le contrer et de s’envoler seul sur les routes corréziennes. Derrière, les poursuivants mettaient plus d’énergie à contenir Alaphilippe, habillé d’une pancarte toujours aussi grande que son panache, qu’à organiser la poursuite vers le Suisse. Avec 47 secondes d’avance au passage de la ligne, Hirschi pouvait célébrer et réaliser : il venait de gagner une étape du Tour. 

Légende : Hirschi est conseillé par la légende Cancellara (Photo par ivantrig, CC0)

Protégé de la légende Fabian Cancellara, Marc Hirschi a pris la suite de celui qui est aussi son agent. En effet, aucun Suisse ne s’était imposé sur le Tour de France depuis Cancellara en 2012 lors du prologue de Liège. Très impressionnant depuis le début du Tour, le jeune Helvète rentre dans la lignée d’un pays où il fait bon gagner. Des joueurs de cartes aux skieurs en passant par les cyclistes, il fait bon gagner sur la scène internationale lorsque vous êtes Suisse. Avec une telle fougue et une science de course, il y a fort à parier qu’Hirschi relèvera les bras sur le Tour de France. Et pourquoi pas dès cette année ? 

À un boyau

« Cette fois-ci, personne n’a rattrapé Marc Hirschi », titrait fièrement le journal helvète, Le Temps. Il faut dire que le natif de Berne s’est cassé les dents à plusieurs reprises, en dépit d’être dans chaque bon coup. 

À Nice, il échouait dès la deuxième étape, à la seconde place. Laissant filer la victoire et le maillot jaune auquel il pouvait prétendre à Julian Alaphilippe, plein de malice dans le final niçois. Cette deuxième place amer avait d’ores et déjà impressionné : sa capacité à suivre « Alaf » fut impressionnante. Fait rare dans le peloton. 

Légende : Hirschi a bien longtemps cru maudire les Pyrénées (Photo par Witizia, CC0)

Sept jours plus tard, il butait sur les favoris, venus se battre en seigneurs sur les pentes de Marie Blanque. Seul rescapé de l’échappée matinale, le Suisse tenait la dragée haute au peloton des favoris dans la succession de cols pyrénéens escamotés. Par une leçon de pilotage en descente et un rythme soutenu dans les montées, Hirschi repoussait l’insoutenable jusqu’à 1600 mètres de la ligne. Rejoint par Bernal, Landa, Pogacar et Roglic, il parvenait à sauter dans les roues pour lancer le sprint de bien trop loin, impuissant. Pogacar devenait le plus jeune vainqueur d’étape de l’histoire du Tour, balayant Thibaut Pinot des tablettes et Hirschi se consolait difficilement avec le prix de combatif du jour. 

Intrépide dans sa quête de victoire et désireux de bonifier la confiance accordée par son équipe, Hirschi lèvera donc les bras le 10 septembre, grand sourire aux lèvres qui éclipsa instantanément les souvenirs de dépit. 

Rejoignez-nous