Haute-Route Alpe d’Huez : quel pied !

Haute-Route Alpe d’Huez : quel pied !

Créée en 2011, la Haute-Route poursuit son développement avec pas moins de quatorze événements au calendrier cyclo sportif, sur trois ou sept jours, au cœur des terrains de jeu les plus célèbres au monde.

C’est dans la station de l’Alpe d’huez que ma famille et moi avons posé nos bagages jeudi onze juillet dernier, afin de prendre part à cette nouvelle édition de la Haute Route Alpe d’Huez. Le lendemain nous aborderons ce challenge passionnant comprenant trois étapes et certaines des plus célèbres ascensions du Tour de France comme le Col de la Croix de Fer, les 2 Alpes, le Col de Sarenne et bien évidemment les réputés 21 virages de l’Alpe d’Huez. La station de l’Alpe d’huez est animée durant l’été par la petite reine : entre le défilé des participants à la Mégavalanche qui se déroule au même moment, la densité de cyclistes qui escalade les 21 virages chaque jour, les affiches du prochain championnat de France de VTT ou encore du triathlon de l’Alpe d’huez ; il est clair que nous ne serons pas les seuls à profiter sur deux roues de ces superbes terrains de jeu.

C’est devant le palais des sports, au cœur du village Haute Route, que l’ensemble des participants est attendu dès le début d’après-midi pour le retrait du dossard et du « registration pack ». Avec 33 nationalités représentées, l’Anglais et de rigueur. Tout est rodé et fluide, le pack participant est qualitatif avec notamment un sac à dos qui nous sera bien utile pour transporter l’ensemble des affaires personnelles jusqu’au départ des étapes, une plaque de cadre électronique qui servira au chronométrage ou encore l’« ID Card » pour accéder à l’ensemble des prestations (déjeuner d’après course, massages, assistance technique…). Le respect de l’environnement y est également abordé avec la signature d’une charte visant à être éco- responsable durant l’épreuve, belle initiative. Le tour du village exposants est lui rapidement bouclé, ce dernier étant certes qualitatif mais assez maigre comparativement à d’autres épreuves. L’assistance technique mise à disposition par l’organisation et assurée par Mavic est appréciée et permet à chacun de ceux ayant voyagé avec le vélo de s’assurer du parfait fonctionnement de leur monture. La journée se poursuit ensuite avec le briefing (obligatoire) animé par Fergus, speaker officiel de la Haute Route et Jeff le directeur de course (étape du lendemain, la météo, les difficultés…), puis la traditionnelle « pasta party ».

 

Il est temps de préparer la première étape du vendredi 12 juillet. Avec 123 kilomètres et 3700M de dénivelé positif, la Haute Route Alpe d’Huez 2019 et son parcours Original auquel je suis inscrit emprunteront les ascensions spectaculaires du Col de la Croix de Fer dans les deux sens et celle de l’Alpe d’Huez via Villard Reculas. Le parcours Compact comprend lui 92 kilomètres et 2800M de dénivelé positif, le demi-tour étant fait au sommet de la Croix de Fer, où la vue y est grandiose ! Nous sommes environ 300 engagés sur le format original et une trentaine sur la version compacte.

VENDREDI 12 JUILLET- Etape 1, Alpe d’huez – Alpe d’huez

Le départ est donné à 7h du matin pour cette première longue étape. Les 19 premiers kilomètres de courses s’effectuant en convoi sécurisé (pour limiter les risques lors de la descente vers le lac du Verney), je décide exceptionnellement de ne pas respecter la règle des 3h pour le dernier repas. Qui plus est lorsqu’on partage le logement avec la petite famille qui dort encore. La température au départ est inférieure à 10 degrés ce qui nécessite une tenue adaptée avec manchettes et « light softshell » pour aborder la descente dans de bonnes conditions. Coté parcours, pour être honnête, après avoir participé à l'édition 2018, voir le Col du Glandon retiré de cette étape la rendait moins sexy..... Sur le papier! Car au final, ce quasi aller-retour jusque Saint Jean d’Arves via la Croix de fer était tout simplement grandiose!

Fin de la descente, fin du convoi neutralisé, quelques hectomètres de plat puis vient le premier segment chronométré correspondant aux 27 kms menant au somment de la Croix de Fer à 2067m... La pause pipi et le retrait de la veste juste avant l’arche matérialisant le début du segment, laissent filer le gros de la meute et surtout la tête de course lancée sur un rythme impressionnant.... Je me cale alors sur le capteur de puissance pour être à 280w +/-10w en fonction des pourcentages (un tempo un peu ambitieux mais le chrono s'arrête au sommet, la descente vers Saint Sorlin n'étant pas chronométrée). Verdict 285w, 153bpm et un peu moins d'1h29 d'effort, aux environs de la 30ème place. Courte pause ravito, permettant à peine de profiter du panorama incroyable qu’offre ce sommet, puis longue descente jusqu'au demi-tour et la reprise du chrono qui ne s'arrêtera cette fois qu'à la finishline.

Après une première partie d'effort assez solitaire, je suis content de retrouver un petit groupe sur la fin de la descente dont un francophone (c'est rare ici) avec qui j'échange quelques mots avant qu'il ne me dépose au sommet suivant. C'est reparti pour 15 kms d'ascension avec un pourcentage moyen un peu moindre et une gestion d'effort différente puisqu'il faut en garder pour la suite. 265w, 159bpm et 50'45 d'effort pour rejoindre le sommet de la Croix de Fer numéro 2 et son ravitaillement. La route panoramique empruntée au début de cette montée était inconnue pour moi mais vraiment sympa! Les quelques mots avec Pedro l'ami mexicain qui m'accompagnera jusqu'aux premières fortes pentes me donnent le sourire. Bien que toujours chronométré, les 27kms de descente pour revenir au barrage du Verney se font prudemment, la route étant ouverte à la circulation (85km/h en étant sur les freins je n'ose imaginer les vitesses atteintes par les pros ici pendant du Tour de France!), l'idée étant de se ravitailler et récupérer avant la dernière montée: l'Alpe d'huez via Villard Reculas, 18kms à 5.5%... Sur le papier une montée qui devrait bien passer avec seulement 2kms à plus de 9% et un replat après le Pas de la confession.... Je me dis alors qu'en 1h c'est bouclé pour peut-être passer sous la barre des 5h... Il n'en est rien! L'effort un peu trop généreux du début d'étape se fait ressentir et je ne parviendrais jamais à trouver le bon tempo, je subirai la totalité de la montée, les ischios comme des câbles! me faisant même reprendre par deux concurrents... Verdict 1h12 d'effort, 240w et 161bpm m’amèneront à l'arche d'arrivée devant le Palais des sports, où la famille m’attend impatiemment! 5h11 de selle (4h11'26 chronométré) 21ème place au classement scratch sur les 232 classés de ce format Original (32 classés sur le format compact qui est dominé par une féminine (Félicitations Kelly Grilo)

Avant de profiter de la famille, je réserve mon massage de 15 minutes, offert à tous les participants. Merci à Vincent, pour ce massage « comme les pros » qui je l’espère me permettra de retrouver de bonnes jambes pour la seconde étape. Merci à la Team Mavic qui a bichonné mon vélo pendant ce temps-là. Une vraie vie de cycliste pro .

SAMEDI 13 JUILLET- Etape 2, Bourg d’oisans – Alpe d’huez

Pour cette seconde étape, le départ est donné du Bourg d’oisans, au pied de l’Alpe d’huez pour 70km et 2900m de dénivelé. Le tracé, équivalent à la première étape de l’édition 2018, emprunte la superbe route étroite des Balcons d’Auris, puis le col des 2 Alpes, le col de Sarenne et enfin le final de la montée aux 21 virages. Le départ à 8h30 me laisse le temps d’effectuer les 14kms de descente pour rejoindre le départ tranquillement, de prendre un café au niveau du village départ, avant de poursuivre sur un échauffement qualitatif, les premiers kilomètres chronométrés étant sur les rampes difficiles à plus de 10% de la montée mythique.

Comme pour la veille, le départ se fait en convoi neutralisé, mais cette fois pour à peine 2kms afin de quitter Bourg d’Oisans et rejoindre le pied de la montée vers l’Alpe d’huez. L’étape est certes courte, mais exigeante avec un dénivelé conséquent et la fatigue de la veille encore bien présente. Je décide de partir prudemment, n’ayant pas peur de me laisser doubler et décrocher dans les premiers lacets, afin de maîtriser mon rythme. Une fois passé La Garde, nous bifurquons à droite pour rejoindre la route étroite et sinueuse des balcons d’Auris qui nous amènera au pied du premier col, les 2 Alpes. Cette partie qui sur le papier devait être plutôt facile et à mon avantage avec des pourcentages moyens et une descente vers le Ferney d’Oisans, sera en réalité le passage le plus compliqué de la journée en raison des courbatures encore bien présente de la veille. Petite frustration côté sportif quant au moment d’attaquer la descente (chronométrée cette fois !), je me suis retrouvé freiné par des voitures, et ce malgré l’aide d’un motard de l’organisation pour m’aider.

Après un petit répit sur la route départementale longeant la Romanche, vient le second segment chronométré correspondant à l’ascension du col des 2 Alpes, dont les trois premiers kilomètres sont les plus difficiles avec des portions supérieures à 10%. Ayant retrouvé un petit groupe sur le tronçon neutralisé, j’essaie de m’accrocher ou à minima garder un point de mire pour rester mobilisé, les jambes n’étant pas encore top et éprouvant beaucoup de difficultés à maintenir le niveau de puissance cible. Une fois sur la partie plus régulière à 7%, les sensations reviennent et je me surprends à revenir progressivement sur les concurrents m’ayant lâché plus tôt et à faire une belle fin de montée ! Premier ravitaillement au sommet où le chronomètre est une nouvelle fois arrêté, avant de faire demi-tour pour rejoindre le barrage du Chambon via la vallée, marquant le début de la seconde ascension, celle du Col de Sarenne. Je prends le temps de faire le plein d’eau et boisson énergétique, de prendre un gel (Bonne surprise : les gels Squeezy que je connais bien et affectionne depuis des années sont proposés !! Framboise mon préféré  ) et d’enfiler les manchettes et le gilet sans manche pour aborder la descente d’à peine 10kms..

Le barrage de Chambon marque le début du Col de Sarenne, s’élevant à 1999m, long de 13kms avec une pente moyenne de 7.5%. Je redoute pas mal cette partie du parcours car même si les sensations sont à ce moment bien meilleures qu’en début d’étape, ce col m’avait donné pas mal de difficultés lors de sa découverte sur l’édition 2018. Le premier kilomètre jusqu’au joli village perché de Mizoen est assez violent avec une pente moyenne à 11% et des passages à 13%. Pas mal de concurrents du format compact sont repris dans cette partie et je les encourage, beaucoup étant en difficulté. La partie intermédiaire est assez changeante et arborée, offrant quelques replats et descentes pour souffler. Les derniers kilomètres qui serpentent le long de la montagne sur une route très étroite offrent une vue magnifique, qui permet d’atténuer la souffrance de l’enchainement de lacets finaux à prêt de 10% sur 4kms ! Un second ravito est proposé au sommet, un bénévole m’aide à remplir les bidons alors que j’essaie de récupérer un peu de la violence des derniers efforts, sous une chaleur d’avantage présente.

S’en suit une descente technique et piégeuse de par l’état de la chaussée, très cabossée. Il en est même difficile d’attraper le bidon tellement je me fais secouer, et la reprise du pédalage sur les quelques replats et bosses ramenant vers l’altiport est assez douloureuse. Passage à quelques hectomètres de la ligne d’arrivée avant de descendre à nouveau pour rejoindre les 4 derniers virages de la montée finale vers l’Alpe d’huez. Un dernier effort autour de 275w et 165bpm pour maintenir ma 24ème place et franchir la ligne d’arrivée, félicité par ma famille et Fergus le speaker. Je suis maintenant 22ème au général à moins d'une minute de l’Anglais Peter Knight, 6ème de la catégorie.

DIMANCHE 14 JUILLET- Etape 3, La Montée chronométrée des 21 Virages !

Quand le triathlète que je suis entend au briefing de la veille « no drafting », « Indidual Time Trial »…. Je me dis là ça y est, je vais être dans mon élément. Sauf qu’un chrono sur une montée sèche (15kms à 7% de moyenne), ça reste très différent de ce que j’ai davantage l’habitude de faire comme effort. Mais cette troisième étape reste un rêve pour tous les passionnés de vélo : s’élancer d’une rampe comme les pros et aborder en effort solitaire la montée des 21 virages telle qu’elle est réalisée par le peloton lors du passage du Tour de France !

Chambre d'appel 9h15, départ toutes les 20" à partir de 9h30 pour mon groupe. Cela me laisse le temps d’effectuer une heure de réveil musculaire et échauffement progressif pour aborder au mieux cet effort. Pour l’avoir monté à 3 reprises dont sur le même contre-la-montre sur la Haute Route 2018, je ne suis pas sans repères. Je me sais capable de franchir la ligne après 53 à 55min d’effort, ce qui peut être me permettrait d’intégrer le Top20. Les conditions sont parfaites, l’ambiance sur l’aire de départ est top, mais malgré tout j’ai une certaine appréhension repensant aux différents états traversés lors des deux premières étapes… Je pars sur une base de 310w maxi sur les trois premiers kilomètres jusque la Garde avant d’essayer de stabiliser l’effort autour de 290-300w et maintenir une cadence correcte autour de 80rpm pour limiter les risques de défaillance. Cette intensité me permet de garder en vue le concurrent parti juste avant moi puis de reprendre progressivement quelques coureurs dans les derniers kilomètres où juste après être rattrapé par le premier Duo (l’épreuve peut également se courir en binôme), je parviens à lâcher mes dernières forces pour accrocher un chrono juste sous les 56’ (55’52). Je reste 21ème au général, mais peu importe, quel pied cette montée !

Dernier passage par le village Haute Route pour récupérer le sac d’affaires personnelles, le T-shirt et la médaille de Finisher. Beaucoup de satisfaction se lit sur les visages plus ou moins marqués des participants. Quelques rapides échanges avec les personnes rencontrées sur cette Haute Route Alpe d’Huez et il est déjà temps de rendre le logement et prendre la route de la maison.

 Merci à toute l’équipe Haute Route pour le professionnalisme de l’organisation, l’accueil et la bienveillance durant ces trois journées. Félicitations à l’ensemble des Finishers des deux formats et bravo pour l’attitude et la sportivité sur le vélo. Cette expérience me donne vraiment envie de tenter l’aventure Haute Route 7 jours, tellement je suis nostalgique à l’idée que ce soit déjà terminé !

Par Vivien Tetart

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