Espoirs jusqu'à 20 ans seulement, une fausse bonne idée

Espoirs jusqu'à 20 ans seulement, une fausse bonne idée

Interrogé par Direct Velo, David Lappartient a évoqué la possibilité de limiter l'âge maximal de la catégorie espoirs à 20 ans seulement, contre 23 actuellement. Une idée qui à première vue semble intéressante, mais lorsque l'on creuse un peu le sujet, on s'aperçoit vite qu'elle manque de vision d'ensemble, et aurait des conséquences potentiellement désastreuses pour de nombreux coureurs, et notamment ceux qui ont une maturité plus lente.

En effet, et comme on le dit souvent, il est très compliqué de passer pro une fois sorti des espoirs, les U23 actuellement, ce qui permet aux jeunes talents d'avoir 4 ans de visibilité avant de ne plus être officiellement considérés dans cette catégorie. Une durée qui permet à ceux qui ne sont pas déjà au top physiquement à la sortie des juniors de progresser à leur rythme, tout en ayant toujours en tête la possibilité de devenir pros.

Autre élément important, cette durée, assez longue, réduit la pression sur les jeunes athlètes, qui peuvent toujours espérer franchir ce fameux cap qui les enverra en World-Tour ou en Pro Team, et ce même si les deux premières saisons chez les U23 ne sont pas à la hauteur des espérances.

Réduire cette période à deux ans engendrerait malheureusement l'effet inverse en terme de pression, avec des jeunes qui, si ils n'ont pas performé chez les U19, se retrouveraient dans une situation de quitte ou double sur 2 ans, car tout le monde le sait, il est à de rares exceptions très compliqué de passer pro à partir de l'instant où l'on n'est plus considéré comme un espoir.

Une situation qui ne serait par ailleurs pas sans conséquences potentielles, en terme de scolarité tout d'abord, car avec seulement 2 ans devant soi, il devient très complexe de mener de front études et sport de haut niveau. En cas d'échec sur le second aspect, on retrouverait donc des jeunes sortis du système de formation, et qui en plus, n'ont pas forcément le bagage scolaire nécessaire pour aborder la vie professionnelle dans les meilleures conditions.

Autre aspect important, la course à la performance. Plus la pression est forte, plus la tentation devient grande, tentation bien entendu de mettre en place ce qu'il faut pour passe pro, dans une stratégie du "quoi qu'il en coûte", quitte à lever le pied ensuite une fois le cap franchi.

Soyons donc prudents au moment d'envisager des changements par rapport aux catégories d'âges, car une mauvaise appréciation du sujet pourrait avoir des conséquences désastreuses, notamment sur le plan humain, où personne ne souhaite voir les coureurs déshumanisés, et réduits à un simple potentiel à optimiser pour performer.

Par Charles Marsault

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