Entre malaise et incompréhension, le monde du vélo sous le choc après le chrono de Vingegaard

Entre malaise et incompréhension, le monde du vélo sous le choc après le chrono de Vingegaard

Difficile de trouver les mots après la démonstration de force de Jonas Vingegaard lors de la 16ème étape du Tour de France, mais puisque le leader de la Jumbo-Visma trouve lui-même normal d'afficher si besoin son scepticisme, allons-y, car la performance du jour a laissé le monde du cyclisme sous le choc, et ce même après les démonstrations qui ont peu lieu avant ce chrono hallucinant, ou Vingegaard a repoussé à des années lumières une concurrence impuissante, réduite à jouer un simple rôle de figurant aujourd'hui sur les 22 kilomètres du parcours du contre-la-montre.

Un sentiment de malaise immense

Que ce soit chez les fans ou les suiveurs, le sentiment de malaise est quasiment unanime, même si il restera toujours quelques personnes pour trouver les choses tout à fait normales, mais après tout pourquoi pas, il y a bien des gens qui croient dur comme fer que la Terre est plate.

Mais en dehors de ces derniers, c'est le chaos qui règne dans la communauté vélo, et entre deux rires nerveux, le constat est le même, "What the fuck just happened" pour les anglophones, ou bien "Putain, c'était quoi ce truc" pour les francophones. Sur Twitter et Whatsapp, les messages s'enchaînent, et les bruits de notifications n'ont finalement jamais été aussi nombreux, et tous disent la même chose et se résument en une phrase assez simple : personne ne croît à ce qu'on vient d'assister".

Personne n'y croit et pourtant personne ne l'imaginait il y a ne serait-ce que quelques heures, où tout le monde s'accordait à dire qu'au pire, on se retrouverait dans un scénario similaire à celui des étapes précédentes, où les deux ogres écrasaient la course tout en se tenant dans un mouchoir de poche.

C'était sans compter sur Jonas Vingegaard, qui non seulement a fait passer Tadej Pogacar (qui lui même fait une performance énorme) pour un cadet, mais a réduit le reste du monde à un rôle complètement anecdotique, à se demander tout simplement si ce n'était pas des "cyclo" qui avaient participé à un spectacle en immersion.

Et même pour ceux qui ont pour habitude de mettre la poussière sous le tapis, le spectacle proposé semblait être "celui de trop", même si il faut bien entendu trier entre ceux qui font preuve de sincérité dans leurs doutes, et ceux qui sentent tout simplement le vent tourner, ces opportunistes qui se disent qu'il vaut mieux faire un demi-tour aujourd'hui que dans quelques mois, et ce dans l'unique objectif de pouvoir indiquer "je l'avais dit que je n'y croyais pas", ce qui peut s'avérer utile, à l'heure où les réseaux sociaux et les copies d'écrans ne laissent que peu de place à l'oubli.

Reste néanmoins tous les conteurs, ceux qui sont là pour vous raconter une belle histoire, un récit ou un roman suivant l’appellation qu'on veut lui donner. Ceux qui ont intérêt à ce que le spectacle continue, car les audiences sont le maître mot et qu'il ne faut surtout pas prendre le risque de voir les gens partir. Ceux aussi qui vivent du vélo et qui sont tétanisés à l'idée de voir surgir un nouveau scandale, qui viendrait réduire leurs revenus.

Le tout sans oublier ceux qui participent à ce système, déjà présents lors des années noires et qui ne voient certainement pas le problème, et puis il y a tous ceux qui pensent appartenir au milieu, qui pensent que dire ce que l'on pense justement, c'est prendre le risque de froisser, et donc potentiellement de ne pas obtenir le bon scoop ensuite ou la bonne interview.

Bref, tous ces gens font partie du problème et non de la solution car croyez bien que ceux qui aujourd'hui défendent encore l'indéfendable ne le font que parce qu'ils ont un agenda, et rien d'autre.

Reste plus qu'à espérer en dernier recours qu'une explication logique ne vienne mettre à mal les doutes, mais en attendant, et comme beaucoup aujourd'hui, j'ai mal à mon vélo.

Par Charles Marsault

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