Si globalement et de l’avis de nombreux observateurs, la lutte pour le maintien en World-Tour ou la relégation en Pro Team a été un succès sur le plan médiatique, la mise en place de ce système à néanmoins révélé beaucoup de failles. Et si certaines critiques de managers paraissent inaudibles tant elles sont caricaturales et tirées par les cheveux, d’autres, elles, paraissent plus légitimes et ne doivent pas être occultées par les instances dirigeantes, notamment celles qui concernent le barème.
Un barème profondément injuste
Je ne vais pas vous refaire le coup des trop nombreuses comparaisons, car vous savez aussi bien que moi à quel point le barème est mal équilibré, et le seul exemple du chrono U23 des mondiaux qui rapporte plus de points qu’une étape du Tour de France suffit à pointer du doigt le problème.
Problème d’équilibre tout d’abord entre les courses par étapes, qui demandent un investissement constant pendant plusieurs jours voir plusieurs semaines pour les Grands Tours, et ces épreuves d’un jour, où il faut parfois simplement avoir une bonne pointe de vitesse et effectuer un effort de quelques centaines de mètres pour rapporter à son équipe le jackpot sur le plan comptable.
Problème de justice enfin entre les différentes épreuves, puisque des courses espoirs rapportent plus de points que des épreuves Elites, avec uniquement des professionnels au départ.
Comment peut-on sérieusement considérer que remporter le titre de champion d’Asie U23 a plus de valeur que de s’imposer sur une étape du Giro, ou de terminer dans le top 10 de Paris-Roubaix ?
Des statuts Pro Series et .1 qui ne sont pas basés sur le critère sportif
L’un des problèmes majeurs du cyclisme, c’est que contrairement à la majorité des autres sports qui fonctionnent en ligue ouverte, son système n’est pas uniquement basé sur des critères sportifs, et si il suffit d’aligner les billets pour figurer en division Pro Team, il en est grosso modo de même pour obtenir le statut de course Pro Series.
Comment peut-on par exemple considérer sportivement parlant que la Maryland Cycling Classic puisse rapporte autant de points qu’un Kuurne-Bruxelles-Kuurne ?
Qu’un Tour d’Iran soit l’équivalent d’une Route d’Occitanie ?
Finissons en donc avec les critères de décision aléatoires en ce qui concerne la classification des épreuves, et si il est possible d’avoir un classement sur 3 ans pour les équipes, en quoi est-il compliqué de mettre en place la même chose pour les courses ? Un système basé sur la qualité des listes de partants sur les trois dernières saisons, et qui permettrait de classer les épreuves suivant leur juste valeur.
Une trop grande différence de calendrier entre ceux qui luttent pour le maintien
C’est la dernière chose qui dérange lorsque l’on observe la construction du calendrier, cette différence de justice en fonction de la nationalité des équipes, car pour être honnête, le barème avantage largement les formations françaises et belges, qui grâce à une large palette de courses, peuvent enchaîner les points à la maison, contrairement à d’autres structures qui n’ont elles pas cette réserve d’épreuves avec des liste de partants de faible qualité pour pouvoir facilement scorer. On le voit d'ailleurs avec la Lotto-Soudal, qui aurait pu se sauver uniquement grâce à son calendrier national.
Dans un souci d’égalité, pourquoi donc ne pas envisager un nombre défini d’épreuves qui compteraient dans la course aux points, ceci afin que chacun ait les mêmes chances au départ. Car dans le système actuel, pour le dire clairement, et pour faire le parallèle avec le foot, on permet à des équipes de disputer 45 journées de championnat alors que les autres sont bloquées à 38, et personne n’accepterait une telle injustice dans le monde du ballon rond...
Une table ronde vitale à organiser pour crédibiliser un système plus juste
Quelque soit le système retenu à l’avenir, le plus important, c’est de réunir toutes les parties prenantes autour d’une table pour parvenir à une solution qui engendre le moins de frustration possible.
En effet, si les organisateurs, l’UCI et l’association des coureurs ont pu s’entendre sur le sujet des licences, pourquoi ne pas envisager la même chose en ce qui concerne les barèmes et la catégorisation des épreuves, le tout en prenant compte un maximum des obligations et des souhaits de chacun, ceci afin d’œuvrer dans le bon sens, et surtout dans l’intérêt supérieur du cyclisme.
Par Charles Marsault