Edito : peut-on trouver que Valverde est un beau champion du monde ?
Peut-on trouver qu’Alejandro Valverde est un beau champion du monde sur route, sans pour autant être un apôtre du dopage, ou un membre de la Team Omerta ? Au vu des réactions suite à la victoire du sulfureux coureur espagnol, la question mérite d’être posée, tant il paraît difficile de concevoir que l’on puisse combattre le dopage et admirer en même temps la volonté du pensionnaire de la Movistar, comme si il fallait à tout prix rentrer dans une case, celle de la Team Omerta, ou bien celle des chevaliers blancs…
Valverde, le dernier des puertistes
Contador parti à la retraite, il est le dernier coureur majeur encore en activité à avoir été cité dans le scandale de dopage dit « Affaire Puerto » (Contador avait ensuite été blanchi par la justice espagnole), et pour tous ceux qui voudraient définitivement tourner la page de cette EPOque, chaque performance de l’espagnol ressemble à un couteau que l’on continue d’enfoncer lentement dans une plaie qui ne se referme toujours pas. Et pour être honnête, difficile de blâmer ceux qui souhaitent en finir avec cette période, tant elle a, et continue d’écorner l’image de notre sport favori. Dans ce sens, le départ en retraite de Valverde sonnera comme la fin d’une ère, même si certaines performances récentes laissent elles également planer le doute sur la probité de quelques coureurs.
Soyons durs, mais cohérents sur le dopage
Si le comportement passé de Valverde est condamnable, il ne faut par ailleurs pas faire preuve de mémoire sélective lorsqu’il s’agit de dopage, et loger tout le monde à la même enseigne. Comment peut-on se réjouir par exemple de la présence de Richard Virenque à l’antenne tout en conspuant Valverde ? Saluer Contador l’an passé, s’émerveiller devant le caractère offensif du pistolero, saluer l’ensemble de son œuvre et dans le même temps aller « raser gratis » son compatriote, comme si il y avait des bons et des mauvais dopés ? Oui à la tolérance zéro sur le dopage, mais allons au bout des choses, Rally Cycling par exemple refuse qu’un coureur ou un membre de son staff ait été impliqué de près ou de loin dans une affaire de dopage, mais dans le même temps, combien de repentis dans le staff des équipes, quelles soient françaises ou étrangères ?
Un délit de sale gueule ?
Et si finalement le problème principal de Valverde, c’était sa manière de courir. Ce calme et cette froideur absolue qui lui permettent lors des grands événements de sortir de sa boite dans les derniers mètres et d’aligner une concurrence dépitée. En tant que fan de vélo, on aime le spectacle, et les grandes envolées, rien de plus normal, mais que reprocher au murcian, d’optimiser au maximum ses capacités, de privilégier la victoire au spectacle sur les grosses courses ?
Une longévité à saluer
Dopage ou non, il faut à mon avis savoir faire la part des choses, et au moins saluer la volonté de Valverde, qui année après année fait preuve d’un courage sans faille sans jamais couper, pour être présent du début à la fin de la saison. Et lorsqu’à 37 ans, on trouve le courage et la force de repartir à l’entraînement après une terrible chute et 6 mois d’absence, passif ou pas, les sacrifices effectués pour revenir au plus haut niveau, forcent pour moi le respect, ceci sans pour autant être naïf sur le passif de l’espagnol.
Par Charles Marsault