Edito : fan de cyclisme pour ces moments-là
Presque 24 heures après que Tadej Pogacar ait assommé le Tour de France, je suis encore un peu sous le choc, conscient d’avoir quoi qu’il se passe été un témoin privilégié devant ma TV, d’un moment historique et d’une intensité rare en sport. Un peu jaloux des récits de ceux qui avaient vécu le duel Fignon-Lemond en 1989, j’ai la sensation d’avoir à mon tour pu assister à l’un de ces événements, dont on reparlera certainement encore dans 30 ans.
Fan de cyclisme pour ça
C’est vraiment le point de départ de cet édito, insister sur le fait que lorsque l’on est fan de sport, c’est avant tout pour vivre des émotions, et à ce niveau, on peut dire que l’on a été servi hier sur les pentes de la Planche des Belles Filles. Il y avait tout dans cette étape, et le fait d’avoir pensé que la course était pliée y rajoute une dimension encore supérieure. Avec un œil sur la tv et l’autre sur le forum de Velo-Club, j’ai l’impression d’avoir été en apnée pendant environ 50 minutes, à partir de l’instant où sur les écrans de France TV, l’écart a commencé à pencher en faveur de Pogacar.
Au début, forcément du mal à y croire
Comme tout le monde, au début et en voyant l’écart, c’est difficile d’y croire, et on se dit qu’on se fait du mal pour rien, que Pogacar est parti trop fort et que Roglic, avec une meilleure expérience va forcément rétablir la balance. Puis vient le 1er intermédiaire, et les 13 secondes de retard, et on se souvient forcément déjà du chrono final de 2018, où après une excellente 3ème semaine, Roglic avait déçu sur son terrain. On se dit néanmoins que le contexte est différent, et qu’avec quasiment une minute d’avance, ça devrait passer. Après le deuxième inter, on commence à vouloir y croire, et avec les potes commissaires, on se dit « putain, il va peut-être le faire finalement », du coup, on attend patiemment les premières pentes, car on sait que c’est là que tout se jouera.
Puis l’impression que la course était pliée dans les premières pentes de la Planche
C’est là l’instant décisif, lorsque dans les premières pentes de la Planche, on a cette impression visuelle que Roglic est collé à la route par rapport à Pogacar, et le chrono ne trompe pas, puisque quelques instants après, le jeune prodige de la formation UAE Team Emirates passe devant Roglic au général virtuel, et tout le monde sait que le Tour est renversé, sans voix, on est comme interdit devant sa télé, avec encore l’impression de vivre quelque chose, nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls, nous fans de vélo, car quand la caméra se fige sur Dumoulin et Van Aert, on saisit un truc.
Regards défaits chez Jumbo-Visma
Humainement, c’était archi poignant, de voir la détresse dans les yeux des deux coureurs de la Jumbo-Visma, qui eux aussi venaient de saisir le truc, le Tour est perdu, et ils étaient en train de le vivre en direct filmés de plus part la TV. 3 semaines de domination pour rien, un an de préparation pour tout perdre au dernier moment, j’imagine que dans un langage plus imagé, c’était un peu ce que se disaient intérieurement le belge et le néerlandais, qui n’avaient de plus pas jusqu’à présent de véritables raisons de douter du niveau de leur leader, qui quelques minutes plus tard franchissait la ligne le visage défait, car lui aussi avait compris que son rêve de remporter le Tour de France venait de s’envoler.
Par Charles Marsault