Édito : face aux critiques, nos institutions doivent faire leur révolution

Édito : face aux critiques, nos institutions doivent faire leur révolution

Limiter les mandats dans le nombre et le temps

Dans toute institution, la limitation du nombre de mandats semble être une évidence. Une évidence qui paraît pourtant parfois bien étrangère au petit monde du cyclisme, tant on s’aperçoit rapidement de l’installation sur le long terme pour certaines personnes à la tête des institutions.

La limitation dans le nombre et le temps des mandats n’apporte pourtant que des avantages. Celui de ne pas transformer sa fonction en un « job à vie », de limiter les pouvoirs, mais aussi et surtout de se concentrer sur sa mission au service des athlètes, au lieu d’une énième élection.

L’avantage également d’éloigner les carriéristes, et de faire comprendre rapidement que personne n’est indispensable ou irremplaçable.

Une limitation qui bien entendu ne s’appliquerait qu’en haut de l’échelle, et non pas à toutes celles et ceux qui grâce à leur engagement bénévole et désintéressé, font vivre tant de structures à l’échelon local.

Limiter le cumul des fonctions

UNCP, UCI, CPA, FFC, LNC, ROCC, AC 2 000 quelque soit le nom de l’institution que l’on choisit de servir, il faut pour moi trancher, ceci afin d’éviter de donner l’impression d’être en position de conflit d’intérêt, car même avec la meilleure volonté du monde, ce qui est le cas de beaucoup, personne ne peut être juge et partie à la fois.

L’UNCP défend les coureurs, la ligue le cyclisme pro, la FFC l’ensemble des intérêts du cyclisme français, etc etc, et si la plupart des intérêts peuvent converger, certains eux divergent, et en cas de conflit par exemple entre un coureur et son équipe, la ligue ou la FFC, peut-on hypothétiquement envisager que ceux qui sont censés vous défendre puissent malgré leur bonne volonté le faire sereinement si ils sont également membres d’une autre institution ?

Qui imaginerait par exemple un responsable de média également au CA de la ligue, de la FFC, d’un comité ou d’une équipe ?

Ce n’est par ailleurs pas leur rendre service selon moi que de les placer dans cette hypothétique position.

Transparence dans la communication

Le cas de Yann Le Boudec est assez symptomatique de ce qui semble être un manque de transparence dans la communication, ou en tout cas un flou qui laisse la porte ouverte au doute et à la suspicion. En jouant la carte « RH », la Fédération Française de Cyclisme ouvre une porte, qui sans précision peut jeter le discrédit sur une personne, et sur son intégrité.

Une porte qui ouvre le champ des possibles tout en clôturant le débat, sans qu’on puisse pour autant savoir où se situe la vérité, et en obligeant à se positionner sur la défensive, pour ne surtout pas prendre de risque en cas de vrai problème « rh ».

Et pour éviter tout retour de bâton, la majorité se mettra en retrait plutôt que de s’exprimer sur le sujet.

C’est là où la transparence prend tout son sens, car elle lève les doutes et permet d’avoir un meilleur regard sur la situation.

Rétablir le dialogue entre institutions et acteurs de terrain

Après avoir interrogé de nombreux acteurs de terrain, ce qui m’a le plus marqué, c’est le fait que ces derniers pointent quasiment de manière systématique le manque de dialogue entre les différentes institutions (fédérations et comités), et les acteurs de terrains (clubs, organisateurs de courses, coureurs).

Une situation plus que dommageable, car d’une part, le dialogue permet souvent de lever les incompréhensions et les frustrations, et que de l’autre, les acteurs de terrains sont les mieux placés pour alerter sur les difficultés rencontrées, et que nos instances auraient tout à gagner à leur donner plus régulièrement la parole, et à écouter leurs doléances, pour trancher au mieux ensuite dans leurs décisions.

Placer l’athlète au centre du projet

C’est là aussi un élément qui revient de manière régulière, cette impression, bonne ou mauvaise, que l’athlète n’est pas au coeur du projet, et que certaines décisions ne prennent pas en compte leur vécu, ou leur situation.

Ces athlètes qui pourtant sacrifient une partie de leur jeunesse et de leur vie d’adulte pour leur passion. Ces athlètes sans qui il n’y aurait de toute façon la moindre institution.

Là encore, on l’a remarqué dans la situation du Centre Val de Loire, où malheureusement, les décisions (bonnes ou mauvaises), semblent prises sans concertation avec les athlètes, qui pour certaines d’entre elles se retrouvent plus ou moins forcées de choisir entre rester dans la région dans des conditions incertaines, ou bien aller voir ailleurs et donc quitter leur environnement.

Sans placer non plus l’athlète au-dessus de l’institution, il apparaît néanmoins vital de le prendre beaucoup plus en considération.

Pour conclure, si il n’est pas question de prendre parti pour X ou Y, il s’agit néanmoins de lancer un énième cri d’alerte, dans une situation déjà assez compliquée pour le vélo de manière générale, et où les différents protagonistes ne devraient penser qu’à une seule chose, c’est à dire tous tirer dans le même sens pour l’intérêt supérieur du cyclisme.

Par Charles Marsault

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