En remportant Gand-Wevelgem, Biniam Ghirmay casse un plafond de verre

En remportant Gand-Wevelgem, Biniam Ghirmay casse un plafond de verre

En remportant Gand-Wevelgem, l'une des classiques majeures du calendrier UCI World-Tour, l’érythréen Biniam Ghirmay a cassé un plafond de verre, et détruit un à priori, celui qui consistait à penser et à dire que les coureurs africains ne parvenaient pas à confirmer tout le talent aperçu sur les courses de l'Africa Tour, ou sur certaines épreuves mineures des autres circuits continentaux. Et cette victoire est un véritable "game changer" si vous me pardonnez l'anglicisme, car elle pourrait avoir d'énormes répercussions dans la perception que beaucoup ont du cyclisme africain.

Un talent qu'on voit progresser depuis les juniors

C'est en 2018, lors de la 1ère étape d'Aubel Stavelot Juniors que beaucoup d’observateurs avisés ont entendu pour la première fois le nom de Biniam Ghirmay, car ce jour là, l’érythréen devançait dans un sprint à 2 un certain Remco Evenepoel, quasiment imbattable lors de sa seconde saison dans la catégorie U19. Depuis ce succès, son premier en Europe, Ghirmay a franchi les échelons un à un, au centre mondial du cyclisme tout d'abord, puis chez Delko avant de rejoindre l'été dernier le World-Tour et la formation Intermarché - Wanty Gobert. La suite, on l'a connaît, avec un très bon début de saison ponctué par ce magnifique succès obtenu dimanche lors de Gand-Wevelgem.

Une victoire à gros impact médiatique

On le sait, les médias aiment les belles histoires, et comme on a pu s'en apercevoir depuis hier, nombreux sont ceux qui ont fait l'éloge de Biniam Ghirmay, qui a offert à l'Afrique son premier succès sur une classique World-Tour. Un sujet idéal pour les rédactions en panne de bonnes nouvelles ces derniers temps, et une aubaine pour le cyclisme, qui se retrouve mis en avant de manière positive dans la presse généraliste hors Tour de France, chose assez rare pour être soulignée. Une mise en avant méritée par ailleurs pour Biniam Ghirmay, qu'on devrait certainement également retrouver dans de nombreux portraits dans les jours et les semaines à venir.

Synonyme de changement dans le recrutement des coureurs africains ?

C'est tout l'enjeu de cette victoire pour le cyclisme africain, ou en tout cas pour le cyclisme est-africain, qui malgré la présence de nombreuses pépites, n'a pas l'aura de l’Amérique du sud par exemple du côté des managers et des recruteurs. Il faut dire aussi qu'en ce qui concerne plusieurs pays, comme l’Érythrée, l'obtention de visas pour l'Europe est parfois compliquée, et si l'on mêle à ça ce refrain qui revenait en boucle par rapport aux problèmes d'acclimatation aux courses européennes, les choses étaient souvent très compliquées, et à part Delko, peu de formations étaient enclins à prendre le risque de signer des coureurs africains, de peur de se planter.

Et c'est là où la victoire de Ghirmay peut faire office de "game changer", dans le sens où désormais, le plafond de verre a été fracassé par le coureur de la formation Intermarché - Wanty Gobert, qui en plus de créer quelques vocations, devrait faire figure de locomotive pour le cyclisme africain, et certainement encourager quelques recruteurs à jeter un regard plus attentif sur ce qui se passe en Afrique. Car même si elles ont été éclipsées par Gand-Wevelgem, les prestations de Tesfatzion lors de la Semaine Coppi et Bartali, le bon Tour de Catalogne de Ghebreigzabhier ou encore les belles performances de Mulubrhan depuis le début de saison sont à noter, et alors que les championnats d'Afrique viennent de se clôturer, peut-être que des renseignements sont déjà pris sur les Arefayne, Habteab ou autres Tekie sont déjà pris, et que ces jeunes talents de la catégorie juniors verront les portes s'ouvrir un peu plus facilement.

Par Charles Marsault

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