Edito : B&B Hôtels, retour sur un projet bancal que tout le monde aurait du voir venir

Edito : B&B Hôtels, retour sur un projet bancal que tout le monde aurait du voir venir

Malheureusement le couperet est tombé hier dans la soirée, bien avant même la fin de la visio-conférence organisée par le manager de la formation B&B Hôtels, Jérôme Pineau. Comme une ultime preuve de la cassure et des relations tumultueuses entretenues avec au moins une partie de l'effectif, l'information de la libération des coureurs de l'équipe bretonne est en effet parvenue à notre confrère Philippe Priser, alors même que l'échange était toujours en cours.

Et l'info a rapidement tourné sur le groupe Whatsapp dédié à l'effectif, où l'incompréhension régnait chez ceux qui s'interrogeaient sur la rapidité de la fuite. Mais peu importe après tout, l'essentiel était là, le manager, visiblement très marqué, avait quelques minutes plus tôt indiqué à son effectif qu'il était libre d'aller chercher un contrat ailleurs, ou bien d'attendre un hypothèque sauvetage en division continentale, avec ce que cela implique, c'est à dire un calendrier réduit, et l'impossibilité de participer aux épreuves du World-Tour, et donc le Tour de France.

Un projet bancal dès son lancement

Dès le début, et sans faire offense à qui que ce soit, le projet est apparu comme bancal, et de nombreux twittos et forumeurs (les mêmes que certains se plaisent à critiquer) ont alerté sur le fameux combo Anne Hidalgo - Didier Quillot - Jérôme Pineau. Habitués des déclarations curieuses de l'ancien coureur d'IAM Cycling, les fans de vélo sont également souvent des fans de sport avant tout, et pour beaucoup, le nom de l'ancien patron de la LFP n'évoque qu'une chose, le fiasco Mediapro, qui a laissé le foot français dans une situation plus que compliquée.

Pour beaucoup également, le nom d'Anne Hidalgo n'évoque pas non plus la plus grande confiance. A tort ou à raison, peu importe, mais l'essentiel était là, et tous les suiveurs attentifs du monde de la petite reine ont senti le coup venir. Tous sauf une partie de la presse, qui n'a pas jugé utile de mettre quelques bémols, ou tout simplement de rappeler l'historique de certains des noms associés au projet.

Une partie de la presse complice involontaire ?

Et une partie du problème réside justement dans le traitement médiatique qui a été réservé au nouveau projet de Jérôme Pineau, car à de bien rares exceptions, tous ont sauté les pieds joints dans la gueule du loup, oubliant durant l'immense majorité du temps le conditionnel, surtout face à des annonces qui ne cessaient de reculer au fil du temps. Pourtant, quand on interroge les acteurs principaux, c'est à dire les coureurs, les anciens, ou bien les membres du staff, beaucoup ont des choses à dire. En off, certes, mais tout de même, les propos tenus invitaient à énormément de prudence, et ce depuis plusieurs mois déjà.

De la confusion constante autour du projet

De la prudence car la confusion autour de ce projet était présente dès le lendemain de l'arrivée du Tour de France, et pour beaucoup d'observateurs avisés du milieu, trop de noms d'entreprises sortaient pour que les infos soient crédibles. Micros coupés, beaucoup s'interrogeaient également sur cette méthode, qui consiste à balancer publiquement les infos sur un deal non ficelé, car tous ceux qui ont eu des responsabilités dans le monde des affaires de manière générale, et du cyclisme en particulier, disent la même chose, "un bon deal, c'est un deal que personne n'évoque avant qu'il ne soit signé"

Une absence de transparence et de respect pour l'ensemble des salariés.

L'autre partie du problème, et c'est la plus importante car elle concerne ceux qui vivent du projet (je le rappelle d'ailleurs, il ne s'agit là plus "que de vélo", mais de la situation d'une entreprise en difficulté, avec les répercussions que cela implique), c'est le flou total qui régnait chez les coureurs, ou tout du moins une partie des coureurs par rapport à l'avancée de la situation. En effet, plusieurs d'entre eux ont indiqué n'être au courant de rien, alors qu'au sein de l'entreprise, certains se questionnaient sur les infos lancées par le manager, avec la sensation que des données étaient fournies à de petits groupes distincts dans le but unique de savoir d'où pouvaient venir les différentes fuites. Une situation intenable et ingérable pour beaucoup, et un flou total depuis 2 mois où les différents salariées alternent entre espoir et désespoir, et malheureusement un scénario final négatif, symbole de cette énorme confusion, puisque la tendance depuis quelques jours était à l'optimisme, et au maintien d'un projet similaire à celui de 2022.

Le scandale de la libération tardive

L'un des scandales de ce dossier réside bien entendu dans le timing, car jamais dans l'histoire récente du cyclisme, un manager n'avait attendu aussi longtemps pour "libérer ses coureurs" (même si selon le règlement UCI, tout le monde était libre de s'engager ailleurs depuis le 15/10), et pour l'immense majorité d'entre eux, la situation est tout simplement catastrophique.

Car certes, les Bonnamour, Laurance, Koretzky, voir Barbier et Rolland devraient retrouver un contrat, mais pour tous les autres, la situation s'annonce archi tendue, et c'est à eux qu'il faut penser en ce moment.

Pas seulement d'ailleurs, car parmi les oubliés, on pense à tout le staff, mais aussi à toutes les femmes qui devaient faire partie du projet d'équipe féminine, et pour qui à l'heure actuelle, nous n'avons toujours pas de nouvelles.

Et si il y a un temps pour tout, celui des réponses aux questions devrait bientôt arriver, et malheureusement, cela risque de ne pas être très "beau à voir".

Par Charles Marsault

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