Des Juniors au World-Tour, vers une nouvelle norme ?

Si Remco Evenepoel avait ouvert la voie début 2019, la tendance s’est accentuée durant cette dernière intersaison, puisque plusieurs coureurs juniors vont passer directement des rangs juniors à ceux du World-Tour. Alors simple effet de mode ou véritable tendance de fond ? On fait le point sur le sujet.

Simmons, Rodriguez, Tiberi, des contrats World-Tour déjà bouclés

Comme nous vous l’indiquions en introduction, plusieurs coureurs juniors ont franchi directement le cap du World-Tour. A commencer par le champion du monde Quinn Simmons, ou encore le rouleur espagnol Carlos Rodriguez. Impressionnant lors du chrono du mondial, Antonio Tiberi passera également pro, même si lui a choisi d’attendre 2021 avant de porter le maillot de la Trek – Segafredo.

Pour certaines formations, la peur de se faire devancer par la suite ?

C’est peut-être aussi se qui pourrait amener certaines formations du World-Tour à tenter des paris chez les juniors, où de peur de se faire devancer par les grosses structures comme Ineos, certaines équipes pourraient de plus en plus tôt signer de jeunes talents, ceci dans le but d’éviter de se les faire piquer plus tard.

Des coureurs qui arrivent à maturité plus jeunes

Certainement l’une des grandes évolutions de ces dernières années, cette tendance pour les coureurs à arriver plus tôt à maturité physique. Une tendance de fond qui semble se confirmer et a déjà été évoqué par certains coureurs, qui pensent aussi que cela pourrait amener également à des carrières plus courtes dans le futur.

Et si la grande perdante était la catégorie U23 ?

C’est une question qui a déjà été abordée lors de nos pastilles d’intersaison, et plus le temps passe plus elle se pose, car si les meilleurs U23 sont déjà pro, il sera difficile de juger du niveau réel de ceux qui remporteront les plus belles épreuves du calendrier. Et l’exemple le plus criant, c’est celui du vainqueur du Tour de l’Avenir Tobias Foss, qui a certes remporté une très belle victoire en costaud sur les routes françaises, mais qui a déjà 22 ans, soit le même âge que le vainqueur du Tour de France Egan Bernal, ou un an de plus que la révélation de l’année 2019 Tadej Pogacar, et si il avait du faire face à ces deux coureurs, pas sûr qu’il aurait fait le poids face à ces nouveaux cadors du circuit mondial.

Une tendance qui risque de s’accentuer

Au vu des éléments énoncés dans les paragraphes précédents, on peut raisonnablement penser que la tendance va s’accentuer dans les années à venir, car si l’on additionne l’appétit des recruteurs et des agents à une plus grande précocité des coureurs, les éléments semblent réunis pour que de plus en plus de juniors rejoignent le plus haut niveau sans passer par la case U23, et au vu de la réussite avec laquelle Evenepoel a franchi cette marche, on peut parier que cela va créer quelques envies supplémentaires, mais attention toutefois à ne pas tomber dans les errances du foot, où certaines formations peuvent signer de nombreux jeunes talents, pour les jeter quelques temps plus tard si ceux-ci ne donnent pas satisfaction, au risque de casser de nombreux gamins, et ça on n’en a pas franchement besoin…

Par Charles Marsault