Comme il semble loin le temps où les grimpeurs se battaient au sommet des cols pour remporter le classement de la montagne, et entre vainqueurs par défaut comme Tadej Pogacar ces deux dernières années, ou bien coureurs qui s’imposent sans adversité aucune, le maillot du meilleur grimpeur a perdu ses lettres de noblesse depuis quelques années. La faute à plusieurs éléments, mais aussi à un cyclisme de plus en plus millimétré, où chaque effort compte, et où les candidats au podium évitent le moindre effort superflu.
Un barème inadapté qu’il faut revoir
De l’avis de nombreux observateurs, la première chose à modifier, c’est le barème, car comme on a pu le voir depuis le départ du Tour de France à Copenhague, seul 1 coureur marque des points au sommet des bosses de 4ème catégorie. Largement insuffisant pour créer un quelconque intérêt, surtout quand c’est un coureur de la trempe de Magnus Cort Nielsen qui prend les premiers points. Bilan, après 5 jours de course, le danois a remporté 11 des 12 points en jeu, et à mis à part Wout Van Aert, personne d’autre que lui ne figure au classement. Un système tellement aberrant que Quinn Simmons, pénalisé par le jury des commissaires pour avoir roulé hors du « tracé officiel », figurait il y a peu en seconde position avec un total de...-1 point, ce qui ne fait pas très sérieux.
Revenons donc au barème des années 1990, et à ce 5,3,1 par exemple pour les ascensions de 4ème catégorie, suivi d’un moins rémunérateur qu’à l’époque 7,5,3,2,1 en 3ème catégorie qui permettrait de sortir de ce système de « tout ou rien » pour les échappés, où en gros, seul le meilleur puncheur du groupe prend les points. Permettons aux grimpeurs de second plan de commencer à capitaliser en première semaine, et surtout par la même occasion à plus de coureurs de se mêler à la lutte.
Et valoriser par exemple via des points UCI ou des bonus de temps
A l’heure où le classement UCI est au centre de beaucoup d’enjeux, pourquoi ne pas attribuer des points au soir de chaque étape au leader du classement de la montagne, comme c’est déjà le cas pour le maillot jaune (25 points) ? Lorsque l’on voit que des championnats nationaux ou continentaux sans la moindre concurrence en attribuent énormément, il ne serait pas loufoque de voir tous les soirs le maillot à pois et le maillot vert recevoir une quinzaine de points. Imaginons également un possible bonus de temps pour ceux qui passeraient en tête des ascensions Hors-Catégorie, et comme envisagé par certains, un mode de calcul changé pour les grandes ascensions, basé sur les temps de montée et non sur la place récoltée au sommet.
Et si certaines propositions paraissent plus difficiles à mettre en place que d’autres, pour redorer le blason du maillot de meilleur grimpeur, il faudra faire preuve d’inventivité, sous peine de rendre son obtention de plus en plus anecdotique.