Christopher Froome se lance en guerre contre les vélos du contre-la-montre

Christopher Froome se lance en guerre contre les vélos du contre-la-montre

Quelques semaines après que la star colombienne Egan Bernal ait subi un accident lors d’un entraînement le 24 janvier 2022, près de la ville de Bogota, Christopher Froome en a profité pour exprimer son point de vue contre l’utilisation de vélos spécifiques du contre-la-montre. Le quadruple vainqueur du Tour de France (2013, 2015, 2016 et 2017) a longuement détaillé son avis sur le sujet dans une vidéo publiée sur son compte YouTube personnel. Le Britannique a ainsi, par la même occasion, lancé un nouveau débat dans le monde du cyclisme.

L’accident d’Egan Bernal a choqué les fans de vélos aux quatre coins du monde. Chacun à réagi à sa manière aux images du Colombien heurtant de plein fouet un bus à l’arrêt lors d’une sortie à l’occasion d’un entraînement près de la ville de Bogota. Nombreux sont ceux qui ont surtout retenu la combativité du vainqueur du Tour de France 2019, victime de multiples fractures et opérations (fémur, rotule, colonne vertébrale, main et mâchoire), mais qui a récemment donné des nouvelles rassurantes sur ses réseaux sociaux. D’autres, comme Chris Froome, ont aussi voulu se concentrer sur les circonstances de l’accident, notamment sur le matériel utilisé par le Colombien : un vélo de contre-la-montre.

Des engins non-adaptés au paysage urbain

Dans une vidéo de plus de 11 minutes, le coureur britannique s’étale longuement sur ces bolides qu’il connaît très bien. L’athlète de 36 ans a en effet décroché deux médailles de bronze aux Jeux Olympiques de Londres en 2012 et de Rio en 2016 dans l’épreuve du contre-la-montre individuel en cyclisme sur route. Mais il estime qu’ils ne sont pas faits pour les routes ouvertes et le paysage urbain. Sur ce genre de vélos, les entraînements en conditions réelles posent, selon le coureur britannique, de réels problèmes, étant donné qu’il est difficile de trouver des routes sans feux de circulation ou panneaux d’arrêt sur lesquels les cyclistes peuvent s’élancer à toute vitesse sans être mis en danger par l'aspect imprévisible de leur environnement.

D’autre part, le double vainqueur de la Vuelta a España (2011 et 2017) a aussi rappelé que ces machines étaient faites presque entièrement en carbone, du guidon jusqu’aux prolongateurs, les rendant plus rapides et légères, certes, mais beaucoup moins maniables et plus rigides que les vélos classiques. Froome en avait même subi les faiblesses, s’étant lourdement blessé en juin 2019 lors d’une reconnaissance avant un contre-la-montre du Critérium du Dauphiné : il avait lâché le guidon d’une main quelques instants et avait au même moment été déstabilisé par le vent qui lui avait fait perdre l'équilibre.

La solution, selon le vainqueur du Giro d’Italia en 2018, est de désormais faire des contres-la-montre en utilisant des vélos de route en compétitions. Cela permettrait de sécuriser les entraînements en amont, mais aussi de mettre en avant d’abord les compétences du coureur, relayant les avantages de la technologie au second plan.

Des avis qui divergent dans le milieu

Après sa sortie, de nombreuses personnalités du monde du cyclisme ont réagi à ses propos. Certains positivement, et d'autres, au contraire, ont fait part de contre-arguments.

L’entourage de Primoz Roglic, par exemple, n’est pas du même avis. Le coureur fait partie des favoris pour remporter le prochain Tour de France selon le site de paris sportif Betway, avec une cote à 3, juste derrière Tadej Pogacar (2, le 14 février 2022). Et le staff de l’équipe du Slovène, Jumbo-Visma, par le biais de Mathieu Heijboer, a affirmé que la responsabilité, en cas d’accident, ne doit pas être imputée au matériel, mais plutôt aux coureurs dans le choix de leurs conditions d'entraînement. Le responsable de la performance de l’équipe de Roglic a rappelé que son champion s'entraînait avec ces vélos de contre-la-montre sur des terrains adaptés, loin des voies publiques, sur des routes très éloignées des villes, et surtout avec l’entourage nécessaire pour assurer sa sécurité tout au long du chemin. La proposition de Froome, selon les membres de la Team Jumbo-Visma, est donc jugée un peu trop extrême.

Alors que les fabricants tentent d’adapter leurs technologies pour rendre les vélos à la fois plus légers et rapides, tout en s’assurant de leur adhérence et mobilité, le débat lancé par l’accident de Bernal et prolongé par la vidéo de Froome n’est pas prêt d’être clos de si tôt.

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