Malmené en première partie de course, Chris Froome a su inverser la tendance lors du dernier week-end du Giro, en remportant la course, après une longue et impressionnante chevauchée lors de la 19ème étape, qui lui a permis de reléguer assez loin tous ses concurrents directs, pour s'offrir la victoire. Et si sur le plan sportif, celle-ci ne souffre d'aucune contestation tant le leader du Team Sky, malgré les chutes, a affiché sa supériorité sur l'adversité, reste à savoir si elle tiendra sur le plan juridique.
Si vous n'avez pas passé les neuf derniers mois au fond d'une caverne, vous connaissez en effet tous la situation dans laquelle se trouve le leader du Team Sky, qui a subit un contrôle anti-dopage anormal, lors de la Vuelta 2017 (présence trop élevée de Salbutamol), qu'il a par ailleurs remporté. Et si, 9 mois plus tard, l'affaire n'a toujours pas été jugée, elle devrait néanmoins connaître rapidement son épilogue, et plusieurs possibilités s'ouvrent désormais.
La première, assez simple, consisterait en un blanchissement de Froome, qui aurait réussi à justifier auprès du tribunal de l'UCI, cette présence trop élevée de Salbutamol dans son corps, le jour du contrôle. Si tel est le cas, seule son image sera atteinte, et Chris Froome pourra continuer sa carrière, en conservant l'ensemble de ses victoires acquises depuis la Vuelta, et en se focalisant sur son prochain objectif majeur, remporter le Tour de France pour la 5ème fois, et rentrer par conséquent encore plus dans l'histoire (ce serait également en cas de succès son quatrième Grand Tour consécutif).
L'autre solution, moins réjouissante pour "Froomey" et la Sky, consisterait en une suspension du britannique, ceci dans le cas où ses explications et celles de ses avocats n'auraient pas convaincu le tribunal de l'UCI. Dans ce cas de figure, une seule certitude, Chris Froome perdrait le bénéfice de sa victoire obtenue lors de la Vuelta 2017, puisque le contrôle a eu lieu durant cette épreuve. Resterait ensuite une inconnue, quid de ses performances depuis le contrôle, et notamment cette victoire lors du Giro 2018 ? Si l'on s'en tient au règlement de l'UCI, et principalement à l'article 10.8 du code antidopage, Froome devrait perdre le bénéfice de ses résultats obtenus depuis la Vuelta, néanmoins, un point du règlement laisse planer le doute quand à l'application de la sanction : "En plus de l’annulation automatique des résultats obtenus à la compétition au cours de laquelle un échantillon positif a été recueilli en vertu de l’article 9, tous les autres résultats de compétition obtenus par le coureur à compter de la date du prélèvement de l’échantillon positif (en compétition ou hors compétition) ou de la perpétration d’une autre violation des Règles antidopage seront annulés, avec toutes les conséquences qui en résultent, incluant le retrait de l’ensemble des médailles, points et prix, jusqu’au début de la suspension provisoire ou de la suspension, à moins qu’un autre traitement ne se justifie pour des raisons d’équité."
Ce passage de l'article 10.8 (surligné en gras), concernant un traitement différent justifié par des raisons d'équité, notion assez floue, laisse en effet planer le doute sur ce qu'il adviendrait de la victoire de Froome en cas de suspension, sans oublier les récents propos tenus par Mauro Vegni, le patron du Giro, et bien malin qui peut à l'heure actuelle savoir quelle position le tribunal adopterait en cas de suspension du leader de la Sky.
Alors Chris Froome conservera t-il son succès en cas de suspension ? Réponse dans les semaines à venir...